Amélie de Montchalin, jeune manager LREM « en mission » sur le budget
Avec l'adoption définitive du budget jeudi, Amélie de Montchalin en aura fini avec sa première "mission" à l'Assemblée où elle s...

Amélie de Montchalin, jeune manager LREM « en mission » sur le budget

Avec l'adoption définitive du budget jeudi, Amélie de Montchalin en aura fini avec sa première "mission" à l'Assemblée où elle s...
Public Sénat

Par Fabrice RANDOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Avec l'adoption définitive du budget jeudi, Amélie de Montchalin en aura fini avec sa première "mission" à l'Assemblée où elle s'est imposée, à 32 ans, comme "la" référente LREM sur ce domaine, alliant expertise et défense politique des choix de l'exécutif.

Désignée en juillet chef de file des commissaires LREM aux Finances ("whip" dans le vocabulaire En Marche), cette nouvelle députée de l'Essonne, brune au sourire fréquent, s'est rendue incontournable pendant le marathon budgétaire, et son nom avait circulé lors du remaniement fin novembre.

"C'est le vrai pilier de la majorité aux Finances. Il n'y a pas eu de couacs pendant les débats et elle a réussi à infléchir le gouvernement sur certains points", juge la socialiste Valérie Rabault, ex-rapporteure générale au Budget. "C'est l'une des figures de la majorité. Ils ne sont pas tant que ça à pouvoir argumenter, répliquer", renchérit un autre opposant, Eric Coquerel (LFI).

Chez LREM, ses collègues lui tressent des lauriers: "consistante, vive, mesurée, efficace". "Personne ne nous semble avoir à la fois ses qualités techniques et managériales", vante une députée.

Derrière ses lunettes rondes, Amélie de Montchalin a un CV allant des grandes écoles à la banque et l'assurance: HEC, Harvard, économiste à BNP Paribas, prospective et suivi des politiques publiques chez Axa jusqu'aux législatives.

Venant de droite - sans être encartée - elle a été un temps pendant ses études assistante de Valérie Pécresse, appréciée comme "un modèle" de techno devenue femme politique. Elle enverra des notes pendant la primaire à Alain Juppé pour "sa vision réformiste et humaniste". Avant de rejoindre Emmanuel Macron pour son "engagement européen".

Mère d'une fille de six ans et de jumeaux de quatre ans, elle a évoqué devant son groupe ses frais de garde dus aux séances nocturnes et pose la "question des jeunes parents au travail".

- "Comme les pères jésuites" -

Cette catholique pratiquante, qui défend "une laïcité de liberté", a résumé son parcours dans un discours cet été en Belgique devant "la grande famille jésuite", rejointe "au début de sa vie étudiante".

"J'ai répondu à un appel en janvier – pas de l'Ange Gabriel, mais d'un certain Emmanuel (...) mi-apeurée, mi-curieuse et sentant qu'il y avait beaucoup à apprendre (...) à sortir d'un chemin professionnel et familial prenant certes mais plutôt confortable et bien tracé (...) Comme quand les pères Jésuites sont envoyés en mission, loin et différemment de leurs attentes".

Chez LREM, elle est de ces nouveaux députés partageant fonctionnement managérial et langage de l'entreprise. "C'est comme si, en deux mois, j'avais dû créer deux start-up: l'une pour faire campagne, l'autre pour faire députée", déclarait-elle à l'AFP en juillet. Malgré son "profil un peu techno", elle veut "remettre de la politique dans le budget", en consacrant notamment plus de temps à son évaluation.

Issue d'une famille nombreuse "d'agriculteurs nomades" selon sa formule, cette Lyonnaise de naissance s'est fait élire à 15 km de Paris, au plateau de Saclay, où sa grand-mère a exploité une ferme, et qui abrite un pôle de recherche renommé. Des scientifiques dont elle veut reprendre la démarche - "diagnostiquer, expérimenter, évaluer" - pour "suivre les lois" dans leur application. "Députée, ce n'est pas juste être une machine à voter".

Ainsi, après avoir défendu dans l'hémicycle la réforme controversée de l'ISF, elle invite banquiers et intermédiaires financiers fin janvier à l'Assemblée "pour qu'ils soumettent leurs propositions afin d'orienter l'épargne des Français vers l'investissement productif", "voeu pieux" selon le communiste Fabien Roussel.

Depuis sa première séance en commission vécue comme un "Roland-Garros" des élus chevronnés, de Charles de Courson (UDI) à Eric Woerth (LR), qui "se renvoient la balle", cette novice ne s'est pas laissée impressionner par les anciens, qui "disent des bêtises aussi".

De quoi susciter des critiques pour "grosse tête" ou "caporalisme". "On ne dirait pas ça d'un homme", estime Valérie Rabault, qui a connu "bien pire" au PS. "Au début, elle avait parfois un côté un peu donneuse de leçons, c'est moins le cas", selon Eric Coquerel.

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Amélie de Montchalin, jeune manager LREM « en mission » sur le budget
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le