Annonces de Jean Castex : « Il va y avoir des bagarres devant les centres de vaccination ! »

Annonces de Jean Castex : « Il va y avoir des bagarres devant les centres de vaccination ! »

Tandis que de nouvelles mesures ont été annoncées dans plusieurs territoires et que le gouvernement assure vouloir accélérer la vaccination, les sénateurs pointent du doigt un exercice de communication mené sur le vaccin.
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Pas de reconfinement, mais un durcissement territorialisé de certaines mesures, et une campagne de vaccination accélérée. C’est ce qu’il faut retenir de la conférence de presse hebdomadaire qu’a tenu, ce jeudi, Jean Castex, épaulé par le ministre de la Santé Olivier Véran. Tandis que le variant anglais continue de progresser sur le territoire national et que 23 départements ont été placés en situation d’alerte, le gouvernement a fait le choix de prendre de nouvelles mesures spécifiques dans plusieurs départements. Les Hautes-Alpes, l’Aisne et l’Aube, où plus de 250 personnes sur 100 000 sont atteintes par le virus, rejoignent ainsi la liste des départements en état de surveillance renforcée. Les départements en état d’alerte, quant à eux, feront l’objet de mesures supplémentaires avec la fermeture des grands centres commerciaux de plus de 10 000 m2, l’obligation du port du masque étendue dans toutes les zones urbaines, et la possibilité pour les préfets d’interdire la fréquentation de certains sites le week-end. Le Pas-de-Calais, ensuite, où le taux d’incidence est en rapide progression, sera confiné le week-end, à compter de ce vendredi.

« Ce confinement du week-end est une punition très lourde »

« Je trouve que notre département subit une triple peine », réagit la sénatrice du Pas-de-Calais Catherine Fournier. « Nous avons la circulation du virus, les effets du Brexit et le phénomène migratoire. Même si nos populations sont résignées, ce confinement du week-end est une punition très lourde. D’autant que le gouvernement se justifie, assurant que les élus ont été concertés, mais la réunion n’a eu lieu, mais elle est intervenue mardi soir où les élus ont été mis au pied du mur face à la situation sanitaire. Le gouvernement se sert des élus lorsqu’il a besoin d’eux pour justifier une décision, ce n’est pas normal. » Pour pouvoir faire face à l’évolution de l’épidémie sur le territoire, Jean Castex a également fait part de sa volonté d’accélérer massivement la campagne de vaccination, en octroyant un plus grand nombre de doses aux territoires les plus touchés, notamment le Pas-de-Calais qui recevra 10 000 doses vaccinales. « 10 000 doses pour 1,5 million d’habitants, c’est dérisoire », commente Catherine Fournier. « Avec les deux injections nécessaires, cela représente 5000 doses, c’est dérisoire. C’est un coup de com’, pas une annonce. »

« Le gouvernement a besoin de faire de la communication »

Dans le même esprit, Jean Castex a indiqué le déploiement, dès ce week-end, de centres de vaccination dans les régions les plus touchées, et Olivier Véran a, pour sa part, incité les personnes de plus de 50 ans ayant une comorbidité à se rendre dans ces centres. « S’agissant de cette opération coup de poing, la maire de Lille, Martine Aubry m’a informée qu’elle n’avait été prévenue qu’aujourd’hui de la nécessité d’ouvrir des centres en catastrophe sur l’ensemble de la région. C’est encore une fois géré dans l’urgence, et ça va être la panique », regrette le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner. « Il va falloir mobiliser les soignants, gérer les réservations, on ne pourra pas répondre à la demande, il va y avoir des bagarres devant les centres de vaccination ! ». « Le gouvernement a toujours ce besoin de faire de la communication, il annonce toutes les semaines l’accélération de la vaccination, alors qu’il faudrait plutôt faire appel à la patience des gens, compte tenu de la pénurie », renchérit le sénateur Les Républicains René-Paul Savary.

Et si Jean Castex voit dans la stratégie vaccinale française une « incontestable réussite », le gouvernement en appelle toutefois au personnel soignant, qui fait figure de mauvais élève en la matière, puisque seulement 30 %, au total, a pris la décision de se faire vacciner. Olivier Véran indique ainsi qu’il écrira, dès demain, une lettre aux médecins sur le sujet, et que si cela ne suffisait pas, il saisira le Conseil national consultatif d’éthique pour se prononcer sur une obligation vaccinale.

 

« Il y a une certaine rétivité des soignants et c’est important de les convaincre de se faire vacciner », analyse René-Paul Savary. « C’est la partie altruiste de la vaccination qui n’a pas été développée. On sait que le vaccin limite les complications et la transmission. Cette lettre suffira-t-elle ? Je ne suis pas sûr. C’est entre professionnels, au niveau des ordres des médecins qu’il faut développer les arguments mais je pense que c’est impératif. La saisie du conseil serait le bâton, on ne doit pas être obligés d’y venir mais il faut effectivement se poser la question de l’obligation des soignants s’il n’y a pas un plus grand nombre qui se manifeste pour se faire vacciner », conclut-il.

 

 

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