Appel aux dons de Jadot et Pécresse : situation financière critique pour les candidats en dessous de 5 %

Appel aux dons de Jadot et Pécresse : situation financière critique pour les candidats en dessous de 5 %

Sur les 12 candidats au premier tour de la présidentielle, seuls quatre sont parvenus à passer la barre symbolique des 5 %, permettant un remboursement important des frais de campagne : il s’agit d’Emmanuel Macron (27,8 % des suffrages), Marine Le Pen (23,1 %), Jean-Luc Mélenchon (22 %) et Éric Zemmour (7,1 %). Pour les autres candidats, le remboursement de la campagne sera moindre et pour certains partis comme EELV et LR, c’est une nouvelle épreuve potentiellement insurmontable.
Public Sénat

Par Klara Durand

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« L’écologie a besoin, dès ce soir, de votre soutien financier pour poursuivre ses indispensables combats », a déclaré le candidat écologiste Yannick Jadot, lors de son discours, dimanche 10 avril, après les résultats du premier tour à la présidentielle, où il a lui-même recueilli 4,7 % des voix. Et pour cause, le remboursement des frais de campagne des candidats à la présidentielle démarre à 5 % des suffrages exprimés. Encadré par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, le plafond de dépenses électorales est fixé à 16,851 millions d’euros pour chacun des candidats présents au premier tour et à 22,509 millions pour ceux du second tour. Les candidats qui obtiennent au minimum ce score de 5 %, sans pour autant se qualifier au second tour, peuvent demander le remboursement de leurs frais à hauteur de 47,5 % du plafond des dépenses au premier tour, soit l’équivalent de 8 millions d’euros, comme c’est le cas pour Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour. Pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le taux de remboursement de leurs frais de campagne atteint les 47,5 % du plafond des dépenses cumulées aux premier et second tours, soit environ 10,7 millions d’euros.

En revanche pour 8 candidats sur douze, le scénario n’est pas le même. Pour Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Fabien Roussel, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, le remboursement se fait à hauteur de 4,75 % des dépenses, soit 800 000 euros. Une situation financière qui peut s’avérer difficile pour plusieurs candidats qui ont déjà appelé aux dons de leurs militants.

« L’écologie a besoin, dès ce soir, de votre soutien financier »

L’un des premiers candidats à avoir pris la parole sur ce sujet est donc Yannick Jadot. Arrivé en sixième position, il ne peut pas obtenir le remboursement de sa campagne, or jamais le parti d’Europe Ecologie les Verts n’avait contracté un tel emprunt, d’un montant de 8,5 millions d’euros selon BFMTV. Lors de sa prise de parole à l’issue du premier tour, le candidat écologiste a ainsi appelé de manière urgente les militants à soutenir le parti : « L’écologie a besoin, dès ce soir, de votre soutien financier pour poursuivre ses indispensables combats. Je vous invite à vous rendre sur le site « Soutenir les écologistes » pour faire un don. », a-t-il déclaré à la tribune d’Europe Ecologie les Verts. Un appel venu rapidement pour un candidat éliminé depuis peu mais qui illustre bien la situation dans lequel se trouve EELV : le parti doit trouver 2 millions d’euros d’ici la fin mai a déclaré ce lundi 11 avril, le secrétaire national du parti, Julien Bayou : « Si chaque électeur de Yannick Jadot donne 3€, nous aurons remboursé la campagne et pourrons poursuivre le combat de l’écologie », a-t-il détaillé sur son compte Twitter.

Après le « Sarkothon », le « Pécressethon »

De son côté, la candidate Les Républicains arrivée juste devant Yannick Jadot avec 4,8 % des voix au premier tour a, elle aussi, bien vite appelé « à l’aide » ses militants, ce lundi 11 avril. Devant le QG du parti ce matin, Valérie Pécresse a expliqué être endettée personnellement à hauteur de « 5 millions d’euros ». « La situation financière de ma campagne est désormais critique, nous n’avons pas atteint les 5 % qui nous permettaient d’obtenir les 7 millions de remboursements de l’Etat. Sept millions manquent pour boucler cette campagne. […] Je suis endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros, je lance un appel national aux dons », a-t-elle détaillé alors que le remboursement de ces 7 millions d’euros doit être effectué pour le 15 mai prochain. Un remboursement dont dépend la survie du parti, la candidate perdante ajoutant « Les Républicains ne peuvent pas faire face à ces dépenses ». Selon les informations de BFMTV, sa campagne aurait coûté entre 14 et 15 millions d’euros.

Un appel à l’aide qui fait écho au « Sarkothon » de 2013 : à l’époque le président sortant et candidat de l’UMP avaient appelé ses soutiens à une « grande souscription nationale » sur son site internet, alors que le Conseil Constitutionnel avait rejeté les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, celui-ci ayant dépassé de 2,1 % le plafond autorisé pour les dépenses électorales. L’ancien président avait réussi par cet appel à couvrir les 11 millions d’euros mais le parti possédait à l’époque 260 000 adhérents contre 130 000 aujourd’hui. Une situation qui pourrait rendre le remboursement de campagne de Valérie Pécresse plus périlleux.

Le Parti socialiste : « Il n’y a pas de faillite »

A quelques voix derrière Jadot, le communiste Fabien Roussel, qui atteint 2,3 % des suffrages exprimés, fait partie des quelques candidats peu inquiets par le remboursement de leur campagne, comme l’indiquent les statuts du parti, les contributions des élus du PCF permettent de financer une bonne part de sa campagne.

L’autre parti historique, en l’occurrence le Parti Socialiste doit, par contre, faire face à des difficultés financières suite à la défaite de sa candidate Anne Hidalgo, qui finit en dixième position avec 1,8 % des voix. Or, depuis 2019, le parti a perdu 5 millions d’euros, avant un déficit de 3,7 millions d’euros en 2020. Il avait également dû vendre, en 2017, son siège de la rue de Solférino pour 45,5 millions d’euros, suite à des contraintes économiques engendrées par les défaites électorales de la même année. Toutefois, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a relativisé les difficultés financières, en déclarant sur franceinfo ce lundi matin que le parti n’avait pas eu « recours à un emprunt », avant d’ajouter : « Nous avons autofinancé la campagne et donc il n’y a pas de dette à rembourser. Les appels aux dons sont toujours nécessaires parce que cela permettrait d’avoir des permanents, d’avoir des gens qui peuvent nous aider à reconstruire. Mais il n’y a pas de faillite ».

Concernant les autres petits candidats comme Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste, Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière ou encore Jean Lassalle de Résistons, leurs dépenses sont souvent déjà contraintes à l’impossibilité de passer la barre des 5 %. Sur un ton similaire au communiqué de Lutte Ouvrière, dans sa déclaration post premier tour, le NPA n’a pas mentionné l’aspect financier de la campagne mais surtout appelé à « construire un front commun et durable contre l’extrême droite. Un front unitaire antifasciste articulant mobilisations de rue et batailles idéologiques ».

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