Après la tourmente des élections, les collaborateurs des députés au milieu du gué

Après la tourmente des élections, les collaborateurs des députés au milieu du gué

Pour la plupart novices, les quelque 1.800 collaborateurs de députés, au rôle mis en lumière par l'affaire Fillon, attendent...
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Par Anne Pascale REBOUL

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Publié le

Pour la plupart novices, les quelque 1.800 collaborateurs de députés, au rôle mis en lumière par l'affaire Fillon, attendent toujours des règles plus claires pour leur activité, chantier délicat auquel s'est attelé un groupe de parlementaires.

"Au quotidien, nous vivons: journées à rallonge, heures sup' non payées (...) flou sur notre statut et notre fiche de poste", alertait cette semaine le syndicat Solidaires dans un tract distribué devant le Palais Bourbon.

Les collaborateurs changent, les revendications demeurent. 1.328 ont été licenciés en juin et seuls 172 en fonction à la fin de la dernière législature ont repris du service, vu le renouvellement record des députés.

Les élus se sont entourés aussi de nouveaux profils, comme d'ex-militants de leur campagne, voire de leurs suppléants -pratique pas interdite- pour 87 d'entre eux, dont 57 LREM selon un décompte AFP.

Et de nouvelles recrues, environ 200 selon les syndicats, sont déjà sur le carreau, en raison d'"erreurs de casting" ou de l'interdiction votée à l'été des emplois familiaux.

Dans ce contexte, un des sept groupes de travail "pour une nouvelle Assemblée nationale", lancés en septembre par le président François de Rugy, a planché sur le "statut des collaborateurs". Ces dix députés missionnés, de tous bords, remettront leur copie mercredi avec les autres groupes au bureau de l'Assemblée.

- 'Reconnaissance' -

"Les collaborateurs ont beaucoup souffert" du "Penelopegate" pendant la campagne présidentielle, qui a renvoyé la fausse idée d'un travail fictif et grassement rémunéré, explique la rapporteure Jacqueline Maquet (LREM, ex-PS), à laquelle une juste "reconnaissance" tenait à coeur. Et, "signal fort", un accord a émergé avec l'Insoumis présidant le groupe, Michel Larive.

Un bémol: les LR déplorent le "peu de reconnaissance des droits des députés", dans le rapport final. "Il faut veiller à ce que la singularité de la relation perdure, et admettre de la souplesse", plaide Annie Genevard.

Souvent "couteaux suisses", les assistants, à Paris ou en circonscription, assurent des tâches diverses, secrétariat, rédaction d'amendements, communication... Ils sont employés par chaque député, qui recrute, fixe conditions de travail et salaire.

Le groupe de travail ne partait pas d'une feuille blanche, un premier accord collectif conclu en 2016 sous la présidence Bartolone prévoyant notamment une prime de précarité en fin de mandat.

Mais les syndicats de collaborateurs réclament toujours un "véritable" statut. La nouvelle Association des collaborateurs progressistes, liée à la majorité, souhaite aussi de la formation et une "valorisation du temps de travail".

Après des auditions de ces syndicats mais aussi de juristes, de Pôle Emploi, ou du collectif "Chair Collaboratrice" en pointe contre le sexisme, le groupe de travail s'est accordé sur une vingtaine de propositions. Elles répondent partiellement aux aspirations, mais renvoient la plupart des pans à la négociation: décompte du temps de travail, télétravail, égalité professionnelle, portabilité de l'ancienneté...

"Nous posons les bases, ensuite aux parties de voir", association des députés-employeurs et syndicats, explique Michel Larive, qui a fait inscrire une "clause" de suivi tous les six mois, et espère un dispositif "solide" d'ici la fin de législature.

Un point semble acquis: la hausse du crédit collaborateur, enveloppe de 9.618 euros par député, pour un à cinq collaborateurs, souvent à temps partiel. Les questeurs, qui tiennent les cordons de la bourse de l'Assemblée, ont suggéré une hausse d'au moins 10% dès le 1er janvier, sachant que la France avec le montant actuel occupe le neuvième rang européen. La question de seuils minimaux ou fourchettes salariales serait renvoyée à la négociation.

Et la suppression des avantages dans les transports d'anciens députés, décidée en août pour un gain de 800.000 euros annuels, est censée permettre de redéployer 500.000 euros pour les déplacements des collaborateurs en circonscription.

Parmi les propositions sensibles sur la table, celle d'un code de déontologie pour les collaborateurs, serpent de mer englobant les obligations de "loyauté" et "discrétion", ou la question de l'influence des lobbies, certains étant toujours employés en parallèle par de tels cabinets.

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