Les grandes manœuvres pour former les groupes politiques et désigner leurs présidents ont commencé lundi au Sénat, au lendemain d'un scrutin qui...
Après le scrutin, les grandes manoeuvres ont commencé au Sénat
Les grandes manœuvres pour former les groupes politiques et désigner leurs présidents ont commencé lundi au Sénat, au lendemain d'un scrutin qui...
Par Jean-Louis PREVOST
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Les grandes manœuvres pour former les groupes politiques et désigner leurs présidents ont commencé lundi au Sénat, au lendemain d'un scrutin qui a vu la droite conforter sa majorité tandis que La République en marche d'Emmanuel Macron piétine.
Après le renouvellement pour moitié au Palais du Luxembourg -où la droite et ses alliés centristes ont renforcé leur domination, LREM a raté son pari de devenir la deuxième force, les socialistes limité la casse et les communistes finalement sauvé leur groupe- les satisfecit s'exprimaient partout, LREM exceptée.
"Je dis +peut mieux faire+. Donc je ne suis pas satisfait, parce que nous aurions pu être plus nombreux", a déclaré l'actuel chef de file du groupe LREM François Patriat, issu du PS et l'un des premiers soutiens d'Emmanuel Macron.
Ce groupe, qui se réunit mardi pour désigner son président, totalise 28 sénateurs, contre 29 auparavant. Mais "demain, d'autres personnes pourront le rejoindre et vous verrez que ce groupe augmentera par rapport à ce qu'il est aujourd'hui", veut croire le sénateur de Côte-d'Or.
Les nouveaux élus jugés "Macron compatibles" étaient approchés dès lundi matin. "Notre but est de faire venir des gens apparentés ou rattachés au groupe, avec comme condition de voter le budget et les textes européens", indiquait-on dans l'entourage de M. Patriat.
Si, à droite, LR conforte sa position de premier groupe avec quelque 155 sénateurs contre 142, sa prééminence pourrait être ébréchée avec la création d'un groupe de "constructifs", à l'image de celui de l'Assemblée.
- Deux options pour les "Constructifs" de LR -
"Nous réfléchissons, on a deux options", a affirmé Fabienne Keller. "Soit créer un groupe Constructifs, soit être au contraire une sensibilité à l’intérieur d’un groupe".
"Il est trop tôt pour l'annoncer. Pour le moment, je suis en contact avec chaque nouveau sénateur de notre sensibilité," a affirmé l'ancien ministre Claude Malhuret, à la manœuvre.
Rester dans le groupe LR reviendrait à "se faire absorber par la majorité de Wauquiez", en être "l'aile gauche", a lancé dès dimanche soir M. Patriat à l'adresse de Mme Keller sur le plateau de France 3, exprimant son espoir de "travailler ensemble, comme avec certains socialistes".
Composition provisoire du nouveau Sénat selon l'étiquette politique des élus
AFP
Alors que LR choisit son président mercredi, Bruno Retailleau, pour l'heure seul candidat à sa succession, a assuré dimanche qu'"il n’y aurait ni complaisance, ni obstruction" du groupe envers l'exécutif et sa majorité à l'Assemblée.
Comme un écho à la déclaration de Gérard Larcher, réélu dans les Yvelines et candidat à sa succession à la présidence du Sénat, qui a promis une majorité "exigeante et positive" et demandé "confiance et respect" à Emmanuel Macron envers les élus locaux, ce qui a "manqué ces derniers temps".
Chez les centristes, forts désormais d'une cinquantaine d'élus, l'objectif, y compris pour les MoDem du groupe, est "le maintien dans la majorité sénatoriale", selon Vincent Capo-Canellas. Il pourrait briguer mardi, comme Hervé Marseille, la succession de François Zocchetto - qui ne s'est pas représenté en raison de l'interdiction du cumul des mandats.
Côté PS, deuxième groupe, les tensions sont vives entre ceux qui veulent donner sa chance au gouvernement, comme le président sortant Didier Guillaume, et ceux qui se considèrent dans l'opposition, telle Marie-Noëlle Lienemann. "Il y a des choses à clarifier, et d'abord la ligne", selon David Assouline.
Les socialistes devraient en discuter mardi. "Mais les désaccords sont profonds et je crains que nous n'allions vers une scission", a estimé Vincent Eblé.
La position des sénateurs RDSE (à majorité PRG), qui désigneront leur président mardi -après le renoncement de Gilbert Barbier à son mandat-, nourrit aussi des interrogations sur un éventuel rapprochement avec les macronistes.
Se présentant comme "la voix du peuple au Sénat" face à "la politique antisociale" de l'exécutif, les communistes devraient réélire Eliane Assassi à leur tête, décider s'ils présentent un candidat au "plateau" et annoncer de nouveaux membres.
Les écologistes, réduits à 4, espèrent former un groupe (au moins 10) avec d'autres, croyant en "une vraie sensibilité écolo-divers gauche au Sénat", selon Ronan Dantec.
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Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, également président des LR, affiche le soutien de sa famille politique à François Bayrou malgré des divergences sur les pistes budgétaires. Mais en interne, beaucoup estiment le sort du Premier ministre déjà scellé, et s’interrogent sur l’intérêt de maintenir la coalition avec les macronistes.
Le Premier ministre engagera le 8 septembre, devant les députés, la responsabilité de son gouvernement, espérant ainsi ouvrir la voie aux discussions budgétaires de l’automne. Une annonce qui n’a pas manqué de surprendre au Sénat, où le gouvernement compte de nombreux soutiens. Mais à gauche comme à droite, les élus constatent l’impasse politique dans laquelle se trouve le Premier ministre.
Le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé ce lundi qu’il engagerait le 8 septembre la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire. Ce vote de confiance, organisé conformément à l’article 49 alinéa premier de la Constitution pourrait entraîner la chute de son gouvernement.