Après leur percée aux Européennes, les Verts à l’heure des choix
Forts de leur succès aux Européennes, qui traduit le sentiment d'urgence climatique, les Verts disposent d'un "levier" pour peser davantage sur...

Après leur percée aux Européennes, les Verts à l’heure des choix

Forts de leur succès aux Européennes, qui traduit le sentiment d'urgence climatique, les Verts disposent d'un "levier" pour peser davantage sur...
Public Sénat

Par Lucie PEYTERMANN

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Forts de leur succès aux Européennes, qui traduit le sentiment d'urgence climatique, les Verts disposent d'un "levier" pour peser davantage sur les décisions au Parlement européen, mais font face au choix crucial de rejoindre ou pas une future grande coalition.

"La perception de l'urgence climatique dans les sociétés et le fait que nous sommes de moins en moins vus comme un parti de niche (...) mais comme un parti de gouvernement, capable d'agir sur le réel, ont fait que les Verts ont percuté dans l'opinion publique", analyse lundi auprès de l'AFP le député européen belge Philippe Lamberts, membre du groupe des Verts au Parlement.

"Cette recomposition n'est pas juste interne à la gauche : en Allemagne, une partie de la droite a voté écolo, cela a à voir avec une compréhension générationnelle", ajoute Sébastien Treyer, directeur de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

En Allemagne, les Verts sont arrivés devant les conservateurs parmi les 18-44 ans quand CDU (chrétiens démocrates) - CSU (chrétiens-sociaux bavarois) d'Angela Merkel a dominé chez les plus de 60 ans.

Cette poussée verte en Europe a "à voir à la fois avec une ouverture des frontières et un attachement à nos écosystèmes, ou à un régionalisme : on est en train de voir quelque chose qui transforme notre boussole politique", estime M. Treyer.

Elections européennes : le score des partis écologistes
Carte des scores du principal parti écologiste par pays aux élections européennes, résultats provisoires
AFP

Et chez nombre d'organisations de défense de l'environnement interrogées lundi par l'AFP, ce vote suscite énormément d'espoir. Pour Isabelle Autissier, présidente du WWF France, la "conscience des citoyens sur le changement climatique, la biodiversité et tous les fondamentaux de la planète s'est aiguisée (...), les parlementaires vont devoir s’atteler à ces questions".

- "solide opportunité" -

Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, souligne qu'"aucun parti pratiquement n’a pu échapper à la problématique écologiste".

Si le directeur du Réseau action climat (CAN) Europe, Wendel Trio, y voit une "solide opportunité", il attend de "voir quelle majorité va être négociée" et à quel point elle sera "impliquée dans la lutte contre le changement climatique".

Parmi les premières répercussions, Sébastien Treyer estime que "la question écologique va beaucoup plus monter dans l'agenda européen" dans les prochaines semaines.

"Il est probable que les Verts aient une influence sur les priorités des portefeuilles des vice-présidents, qui ne sont pas complètement pré-définies d'avance", juge-t-il. "Il y a une marge de manoeuvre pour que les questions écologiques soient portés à un plus haut niveau de priorité".

Les prochaines semaines seront aussi cruciales pour savoir si les Verts vont entrer dans une grande coalition ou pas.

Le vote écologiste
Evolution du vote pour le EELV (ex-Les Verts) aux élections européennes depuis 1984
AFP

"Les 70 députés que l'on va avoir, c'est un levier pour orienter les politiques européennes dans un autre sens", se réjouit l'eurodéputé Lamberts.

"Mais est-ce que les groupes politiques traditionnels - socialistes, libéraux et PPE - seront d'accord pour réorienter les politiques dans le sens d'une réduction des inégalités, d'une réduction de notre empreinte écologiste, de l'amélioration des libertés individuelles et de l'Etat de droit en Europe ?", interroge-t-il.

Il souligne que faire partie d'une majorité stable au Parlement européen est "un moyen d'impulsion de législations nouvelles beaucoup plus fort", citant l'exemple de la législation européenne sur les lanceurs d'alerte, même si la Commission européenne a mis trois ans pour s'en emparer.

- Bonne réputation -

Les membres du groupe Verts au Parlement ont bonne réputation, et connaissent les processus, les alliances et le travail en groupe transfrontalier entre Etats membres.

Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors, souligne ainsi leur "sérieux au Parlement européen". "Ils sont très organisés en groupe".

"Traditionnellement, ce groupe a utilisé le Parlement européen où les autres étaient beaucoup moins assidûs pour faire des percées assez étonnantes vu leur faible nombre", commente-t-il. "Ca leur donne un avantage comparatif dans la négociation sur les grands accords politiques qui vont devoir être trouvés sur la Politique agricole commune et les grandes politiques de mises en oeuvre du budget de l'UE", ajoute M. Treyer.

Vanessa Jérome, chercheuse en sciences politiques à l'université Paris I, relève de son côté qu'"au Parlement européen, tout le monde fait alliance avec tout le monde".

"Les Verts allemands s'y sentent à l'aise parce qu'ils retrouvent un fonctionnement qu'ils ont déjà au niveau national", analyse Mme Jérome. En Allemagne, les Verts sont politiquement compatibles avec le centre gauche comme le centre droit. Ils sont présents dans de nombreux gouvernements régionaux, qu’ils soient de gauche (à Berlin par exemple) ou de droite comme dans le Bade-Wurtemberg.

"Les Verts français sont sûrement moins à l'aise, mais qu'ils mélangent leur voix sur tel dossier avec tel ou tel groupe ne veut pas dire que c'est une inflexion de leur ligne politique", conclut-elle.

burs-jg-ach-lp/cf/lpt

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the National Assembly
9min

Politique

« C’est la survie de notre famille qui se joue » : l’union des droites avec le RN travaille les LR

Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.

Le

XINHUA PHOTOS OF THE DAY
5min

Politique

[Info Public Sénat] Nicolas Sarkozy pour l’union des droites ? « Un emballement totalement disproportionné », pointe son entourage, « il n’a jamais pactisé avec le RN »

Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.

Le

Après leur percée aux Européennes, les Verts à l’heure des choix
4min

Politique

Budget 2026 : le Sénat vote les crédits en hausse pour lutter contre l’immigration illégale

Lundi matin, le Sénat a adopté la mission « Immigration, asile et intégration » du projet de loi de finances pour 2026, avec des crédits en hausse de 80 millions par rapport à l’année dernière pour atteindre 2,16 milliards d’euros. Une enveloppe destinée à mettre en œuvre l’application du Pacte Asile et immigration, et le doublement de la capacité des centres de rétention administrative (CRA) à 3 000 places en 2029. La gauche a dénoncé le manque de moyens pour l’intégration.

Le