Assaut du Capitole : que risque Donald Trump ?

Assaut du Capitole : que risque Donald Trump ?

La commission d’enquête parlementaire de la Chambre des représentants a rendu son rapport complet, mercredi 21 décembre, sur l’implication de l’ancien président dans l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Pourtant, son incidence est incertaine car une volonté politique est nécessaire pour lancer des poursuites judiciaires.
Public Sénat

Par Clara Robert-Motta

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C’est écrit noir sur blanc, Donald Trump doit être poursuivi pour son implication dans l’assaut du Capitole en janvier 2021. Voilà en substance les conclusions du rapport parlementaire, rendues au terme d’un travail de 18 mois. « Il est inapte à toute fonction », a même déclaré la républicaine Liz Cheney.

Pour les neuf élus de la Chambre des représentants américaine, l’ancien président pourrait faire l’objet de poursuites selon quatre motifs : obstruction à une procédure officielle, conspiration contre les Etats-Unis, conspiration en vue de produire de fausses déclarations et incitation ou aide à une insurrection.

Le rapport, lui doit sortir intégralement mercredi 21 décembre, se base sur des centaines de témoignages, comme ceux d’anciens conseillers de Trump, dix sessions publiques et des tonnes de documents passés au crible. Il pointe une nouvelle fois du doigt la responsabilité de Donald Trump dans l’épisode du 6 janvier 2021, ainsi que le côté prémédité de l’événement.

Un discours qui a progressivement évolué

« La présentation a changé, retrace Olivier Richomme, professeur d’histoire politique des Etats-Unis à Lyon II. Au lendemain de l’attaque, lors du vote en destitution, le discours tendait plutôt à dire que Trump avait menti, plus ou moins sciemment. Là, on nous présente une sorte de coup d’Etat qui a avorté certes mais qui était délibéré. »

» Lire aussi : Trump devant la commission d’enquête parlementaire : « Un grand show tv qui pourrait tourner à son avantage »

En amont même de l’élection présidentielle de novembre 2020, celui qui est alors président prévoit déjà de contester le scrutin en cas de résultat défavorable. Il a tenté de promouvoir des listes alternatives de grands électeurs et demandé à son vice-président, Mike Pence, d’empêcher la certification des résultats du Congrès. Bien déterminé à ne pas laisser sa place, Donald Trump a appelé à la mobilisation du 6 janvier et notamment dans les cercles extrémistes armés (les Proud Boys ou encore les Oath Keepers).

Donald Trump n’a jamais donné l’ordre de déployer la garde nationale

S’il ne s’est finalement pas présenté devant le Capitole, c’est simplement qu’il a été contraint, précise le rapport. En réalité, Donald Trump passe 187 minutes devant sa télévision alors que les manifestants entrent dans le Congrès menaçant de renverser la démocratie américaine. La commission discrédite les affirmations de Trump qui assurait avoir donné l’ordre de déployer la garde nationale pour retenir l’assaut.

Si le rapport est édifiant, ses conséquences sont incertaines. En effet, le travail parlementaire ne se substitue pas à celui de la justice. Ce minutieux rapport ne peut qu’énoncer des recommandations et fournir un socle d’investigations avant qu’un grand jury décide de lancer des poursuites. Pour Olivier Richomme, rien n’est moins sûr. « Au niveau fédéral, tant qu’il n’y a pas une volonté politique, le ministère de la Justice ne va sûrement pas lancer de poursuites. Or, Joe Biden n’a pas forcément d’intérêt politique à s’en prendre à un ancien président. Il pourrait être accusé de faire un procès politique, et cela demanderait beaucoup d’énergie et prendrait beaucoup d’espace médiatique. »

Quel impact sur son électorat ?

Malgré tout le travail de la justice se poursuit de son côté, un conseiller spécial, Jack Smith, a été nommé pour mener les investigations à la fois sur l’assaut du 6 janvier, mais aussi sur la détention injustifiée de documents classifiés dans la résidence de l’ancien président à Mar-a-Lago, en Floride.

Alors que Donald Trump a officiellement annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2024, ce rapport peut-il le faire tomber en disgrâce ? Peu probable répondent les observateurs. « La frange MAGA [Make America Great Again, ndlr] de l’électorat est complètement hermétique à ces investigations », explique Olivier Richomme, spécialiste de la politique américaine. D’un point de vue électoral, les candidats MAGA n’ont pas pris autant d’importance que les prévisions ont pu le laisser penser. Peu d’entre eux ont réussi à gagner les dernières élections de midterms.

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