Attaque du Planning familial de Gironde : «Je suis révoltée par la violence et la répétition de ces attaques», affirme Annick Billon

Attaque du Planning familial de Gironde : «Je suis révoltée par la violence et la répétition de ces attaques», affirme Annick Billon

Pour la deuxième fois en un mois, les locaux du Planning familial de Gironde ont été vandalisés. Un message contre l’IVG et une Croix de Lorraine ont été inscrits sur la façade du bâtiment. Ces attaques ont lieu quelques semaines après l’adoption de la constitutionnalisation du droit à l’IVG par le Sénat.
Public Sénat

Par Lucille Gadler

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« Une nouvelle attaque contre une association du Planning familial par l’extrême droite ! Les anti-choix ont toujours attaqué les féministes, le Planning familial et encore en 2023 » a dénoncé sur twitter la présidente nationale du planning familial, Sarah Durocher. En un mois, c’est la deuxième fois que les locaux de l’association de Gironde sont vandalisés. Sur la façade du bâtiment, un message ciblant l’IVG a été inscrit en lettres rouges et une Croix de Lorraine, aussi appelée « croix patriarcale », dessinée. L’action a été revendiquée par "Action directe identitaire", un groupuscule d’extrême droite.

« Ce qui les dérange, c’est que la société avance »

Ce n’est pas la première fois que le Planning familial de Gironde est attaqué : « Déjà en 2020, puis en 2021, nous avons fait l’objet de plusieurs actes de vandalisme. Il y a eu des opérations de collage, du sang déversé devant les portes de l’association » raconte Annie Carraretto, coprésidente du Planning Familial de Gironde.

A l’époque, explique Annie Carraretto, le groupuscule « Bordeaux nationaliste », dissous depuis, avait été poursuivi. « On se doutait bien que le droit à l’IVG avançant en France, ça allait agacer les groupes d’extrême droite, qui sont de plus en plus décomplexés et très actifs ». D’autres associations, notamment dans l’accompagnement des personnes transgenres et des personnes étrangères ont également été ciblées rapporte la coprésidente de l’association : « Sans surprise, ce sont les cibles principales de l’extrême droite ». Il y a 15 jours, un premier acte de vandalisme contre le Planning familial de Gironde avait directement visé la contraception masculine, « Alors même que l’on observe une demande croissante des jeunes, notamment des jeunes hommes » constate la coprésidente de l’association girondine, « Ces évolutions ne correspondent pas à la société viriliste que l’extrême droite souhaite maintenir en place. C’est sur un projet de société que nous nous affrontons. Ce qui les dérange, c’est que la société avance ».

« Je suis révoltée face à la violence et la répétition de ces attaques »

« Je suis révoltée face à la violence et la répétition de ces attaques. Aujourd’hui, lorsque nous nous attaquons au planning familial, nous nous attaquons au principe d’égalité entre les femmes et les hommes et aux droits sexuels et reproductifs » a dénoncé d’emblée la présidente de la Délégation aux droits des femmes du Sénat, Annick Billon. « Toutes violences faites envers ces structures visent à mettre en cause les droits sexuels et reproductifs. Il y a deux semaines, lors de la première attaque, il s’agissait de cibler la contraception masculine. Aujourd’hui c’est l’IVG. Ce sont des sujets de société clivants : nous avons, face à la lutte pour la progression de ces droits, des personnes qui ne souhaitent pas que les droits sexuels et reproductifs deviennent une réalité » a poursuivi la sénatrice de la Vendée.

Ces attaques surviennent quelques semaines après l’adoption de l’inscription dans la Constitution du droit à l’IVG par le Sénat, ayant suscité de vifs débats au sein de l’hémicycle. « Je l’ai dit durant l’examen du projet de loi de constitutionnalisation du droit à l’IVG : aujourd’hui je ne peux pas affirmer que le droit à l’IVG n’est pas menacé en France » indique la présidente de la Délégation aux droits des femmes, « Rien ne garantit que ce droit ne régresse pas, comme c’est le cas ailleurs dans le monde et en Europe. Face à ces atteintes, constitutionnaliser l’IVG, c’est augmenter d’un cran supplémentaire la protection de ce droit ».

« Faisons en sorte que ces affaires prospèrent enfin devant la justice »

« Appliquons ce qui existe déjà, ça sera pas mal », estime Annick Billon « Faisons en sorte que ces affaires prospèrent enfin devant la justice ». La coprésidente du Planning familial de Gironde confirme : « La justice a si peu de moyens. C’est un problème : on laisse des gens agir impunément parce qu’on n’a pas le temps d’aller au bout des procédures. On peut toujours durcir la loi, ça ne changera pas tant que l’on n’applique pas ce qui est déjà en vigueur ».

Pour la coprésidente du Planning familial de Gironde, c’est également d’un soutien politique et institutionnel dont la société a besoin. « Pour rappel, il y a une tentative ou viol avéré toutes les 4 minutes, 1 féminicide tous les 2 jours et demi et 1 enfant meurt de maltraitance tous les 5 jours. Le sujet ici, c’est comment apporter des réponses dès le plus jeune âge pour que les individus se construisent différemment. Il faut donner plus de moyens au Plannings familial. Il faut des politiques publiques éducatives efficaces. »

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