Attentat de Strasbourg : « Avant on attendait les éléments de l’enquête pour sortir une théorie du complot» affirme Thomas Huchon

Attentat de Strasbourg : « Avant on attendait les éléments de l’enquête pour sortir une théorie du complot» affirme Thomas Huchon

Comme souvent après un attentat, les complots et théories fantaisistes ont immédiatement surgi sur les réseaux sociaux et notamment dans les groupes Facebook des gilets jaunes.
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« Comme par hasard c'était en cours » « ENCORE un fait louche » « Que du blabla » « Encore un truc pour arrêter les gilets jaunes », « Tout est planifié ». Depuis hier soir, les théories du complot se multiplient sur les réseaux sociaux après l'attaque qui a fait deux morts et quatorze blessés à Strasbourg mardi soir. Thomas Huchon, journaliste pour le site Spicee et spécialiste des fausses informations, souligne une nouveauté avec l’évènement de Strasbourg: « Avant on attendait les éléments de l’enquête pour sortir une théorie du complot. Là, l’événement en lui-même est vécu comme une manipulation. »

Sur Twitter, Guillaume Gaudin, journaliste de l'AFP a répertorié plusieurs publications Facebook « complotistes » qui ont été publiées très vite après l’annonce de l’événement.

 

Figure très suivie sur les réseaux sociaux et habitué des plateaux télé, le gilet jaune Maxime Nicolle dit « Fly Rider » évoquait hier soir avec scepticisme cet évènement : « Si c'était un attentat, dites-vous bien que le mec n'attend pas qu'il y ait 3 personnes dans une rue le soir à 20h. » Après la polémique de sa vidéo, il a publié ce matin une nouvelle vidéo dans laquelle il appelle au calme et apporte son soutien aux victimes de Strasbourg.

Modération et blocage des commentaires

Le groupe « La France en colère!!! », le plus populaire au sein du mouvement, a bloqué, hier soir ses publications temporairement. "Afin de garder un climat apaisé et de faciliter la modération des commentaires déplacés, qui sont très nombreux également, je prends la décision exceptionnelle de bloquer les publications pour la soirée »,pouvait-on lire sur les messages d’un modérateur.

Les membres des groupes Facebook des gilets jaunes dénoncent parfois eux-mêmes les commentaires et invitent à ne pas relayer les théories complotistes. Pour Thomas Huchon ces blocages et ces modérations montrent les limites du mouvement des gilets jaunes car cela pose la question de « la liberté d’expression »

Facebook dans le viseur

Le minsitre de l'Education, Jean-Michel Blanquer a réagi ce matin à la diffusion de ces fake news : « Quand on ne sait pas, on ne parle pas. C'est juste ignoble (...) Les thèses complotistes, c'est un peu la facilité de notre époque et ça pose beaucoup de questions sur les aspects négatifs de notre époque, même s'ils ont des aspects positifs. »

La  sénatrice Catherine Morin-Desailly, qui est contre loi pour lutter contre les fake news souligne : « La question des fausses nouvelles a toujours existé. Ce qui est différent c’est l ampleur et la vitesse de propagation. Le modèle économique des plateformes comme Facebook est une faiblesse et il y a une fragilité. Elle ajoute : « Il y a un lien inextricable entre l’objectif de manipulation et l’intérêt commercial. Les intérêts commerciaux et politiques sont liés.»  La sénatrice est favorable pour  légiférer au niveau européen plutôt qu’au niveau national pour réguler les plateformes numériques.

Selon Thomas Huchon , « le vrai responsable de ce qu’on vit là est Facebook » Il ajoute : « Ce sont toutes les publications les plus choquantes qui sont remontées. Ensuite, Facebook a besoin de nous radicaliser. Ils ont intérêt a ce qu’il y ait des débats très engagés et ces débats ont lieu sur des sujets clivant ».  

Le succès des directs et des publications s’explique aussi par un changement récent dans l’algorithme de Facebook. Instaurée début 2018, cette modification vise à promouvoir les contenus issus des pages de groupes, très utilisés par les sympathisants des Gilets jaunes. « Facebook a décidé de modifier son algorithme et de faire payer pour être vu» souligne Thomas Huchon. Les médias sont les perdants de cet algorithme car les publications d’articles sont très peu vues par rapport à celle des groupes.

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