Attractivité de la France : « attention à ne pas oublier le développement social », alerte le sénateur communiste Eric Bocquet
Suite à la publication du baromètre de l’attractivité de la France à l’international, lundi 11 juin, les sénateurs se montrent satisfaits mais vigilants face à l’augmentation des investissements étrangers dans l’hexagone.

Attractivité de la France : « attention à ne pas oublier le développement social », alerte le sénateur communiste Eric Bocquet

Suite à la publication du baromètre de l’attractivité de la France à l’international, lundi 11 juin, les sénateurs se montrent satisfaits mais vigilants face à l’augmentation des investissements étrangers dans l’hexagone.
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Par Juliette Bénézit

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Lundi 11 juin, le cabinet d’audit EY (ex-Ernst & Young) a rendu public le dernier baromètre de l’attractivité de la France à l’international. Et le constat est – à première vue – sans appel : les investissements étrangers dans l’hexagone ont progressé de 31% en 2017, contre 15% en Allemagne et 13% au Royaume-Uni. Que vaut à la France cette fulgurante envolée ?

Une hausse des investissements étrangers due à un « effet Macron », d’après Jean Bizet (LR)

« A la fois une conjoncture européenne favorable et l’effet des mesures prises par Emmanuel Macron depuis le début du quinquennat », analyse le président LR de la commission des Affaires européennes, Jean Bizet. Notamment, le Brexit aurait rendu le territoire français plus attractif face à un Royaume-Uni empêtré dans une incertitude économique croissante. « Le Brexit est en train de révéler les atouts français, appuie Jean Bizet. En matière informatique, numérique, d’intelligence artificielle, de sciences et de mathématiques, la France a des talents et elle est en train d’en prendre conscience. »

Toujours d’après Jean Bizet, cette hausse des investissements étrangers s’explique également par un « effet Macron », entre autre caractérisé par l’adoption des ordonnances Travail en septembre dernier. « Mais on est encore loin du but à atteindre, en termes de coût de la main d’œuvre et de complexité administrative », relativise Jean Bizet.

« Si le but est de brader notre modèle social pour accueillir encore plus d’investissements étrangers, ce n’est pas la marche à suivre », Eric Bocquet (PC)

De son côté, le sénateur communiste Eric Bocquet voit dans cette hausse des investissements étrangers en France une « bonne nouvelle » qui appelle néanmoins à la « vigilance ». Face au développement de projets – notamment industriels – par des investisseurs étrangers, « il faudra que les dividendes générés servent à la recherche, à la création d’emplois et à la formation », souligne Eric Bocquet. Et d’ajouter : « Oui à la croissance économique, mais attention à ne pas oublier le développement social. »

Des craintes nées de la tentation qui pourrait apparaître de vouloir rendre la France encore plus attractive en abaissant le coût du travail.  En effet, 1 heure de travail coûte en France 37,5 € dans l’industrie et les services marchands contre 31 € en moyenne dans l’ensemble de la zone euro. Eric Bocquet alerte : « Quand je vois le niveau des salaires en France, il va être difficile de faire accepter l’idée de les baisser. Il faut ensuite regarder ce qui se fait au Royaume-Uni, avec les contrats zéro heure. Si le but est de brader notre modèle social pour accueillir encore plus d’investissements étrangers, ce n’est certainement pas la marche à suivre. »

Pour Jean Bizet (LR), Emmanuel Macron ne doit pas « oublier la ruralité »

Le sénateur Jean Bizet alerte également sur un autre point : l’oubli des campagnes. « Tout ce que peut faire le président sur la finance et l’attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs étrangers ne doit pas lui faire oublier la ruralité. Tout l’équilibre d’une société peut basculer si ce paramètre n’est pas pris en compte ». Et le président de la commission des Affaires européennes d’ajouter : « Je suis relativement inquiet de ce point de vue-là car il existe une désespérance dans les campagnes, qui n’est pas vue et pas comprise par le pouvoir. »

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