Au FN, la ligne et parfois la candidate Le Pen remises en cause

Au FN, la ligne et parfois la candidate Le Pen remises en cause

Sonnés après leur sévère défaite, même s'ils ont obtenu un nombre de voix record, les membres du Front national questionnaient...
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Par Guillaume DAUDIN

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Sonnés après leur sévère défaite, même s'ils ont obtenu un nombre de voix record, les membres du Front national questionnaient lundi la ligne et la stratégie de la campagne, mais aussi les capacités de leur candidate Marine Le Pen à mener le combat.

Pour expliquer la défaite du "premier parti de France", dont la candidate a recueilli 33,9% des voix, les frontistes accusent depuis dimanche soir le "système coalisé" contre les "patriotes".

"En dynamique, on s'attendait à gagner dans la première semaine (de l'entre-deux-tours), ensuite on a acté que ce serait pas une victoire, mais on espérait un score meilleur", résume Jean Messiha, coordinateur du projet.

En privé, les cadres interrogés par l'AFP parlent de "déception", voire de "gâchis".

La ligne "ni droite ni gauche" est en cause pour certains, alors que l'électorat de droite traditionnelle s'est majoritairement reporté sur Emmanuel Macron (à 61% selon l'Ifop). "Le côté trop clivant, lutte des classes, est stupide", juge un élu.

La sortie de l'UE et de l'euro a été un "épouvantail pour un grand nombre d'électeurs", a relevé lundi Pascal Gannat, patron du FN en Pays-de-la-Loire.

Il faut "un aggiornamento sur l'euro", a plaidé Robert Ménard, maire de Béziers allié du FN.

Au pilori également, selon un bon connaisseur du FN, "les zigzags" de Marine Le Pen pendant six mois de campagne "entre la ligne Philippot et une ligne plus droitière, sans cohérence".

"Marine Le Pen a un potentiel énorme, mais elle ne sait pas s'entourer", tranche aussi un conseiller régional. "Tous ne sont pas des professionnels", euphémise un eurodéputé. Visés notamment, Florian Philippot, vice-président du FN, et Philippe Olivier, beau-frère de Mme Le Pen.

- Au-delà du ripolinage -

Pour un élu du Sud-Ouest, il faut carrément "du balai!" dans l'organigramme, y compris parmi les proches très discrets que sont Frédéric Chatillon et Axel Loustau, en procès pour le financement des campagnes 2012 et accusés de sympathies pro-nazies.

Quelques partisans de la fille de Jean-Marie Le Pen vont au-delà, dans ce parti extrêmement vertical : mettre en cause "Marine".

Il y a certes eu le "coup" de la visite aux Whirlpool d'Amiens, ainsi que l'accord avec Nicolas Dupont-Aignan, une "brèche" réussie dans le front anti-FN.

Mais la prestation de Marine Le Pen lors du débat télévisé du 3 mai, devant 16,5 millions de téléspectateurs, cristallise les critiques.

Elle "a démobilisé" jusqu'à des "fidèles", assurent des responsables locaux. "Je ne l'aurais pas conduit comme ça", a froidement estimé Bruno Gollnisch sur LCP. "Elle est grillée", lâche un élu. C'est une question "posée par des cadres, qu'on ne peut pas nier" confirme l'élu du Sud-Ouest.

Mais les critiques en conviennent aussitôt : "Derrière, c'est le vide". Longtemps vue comme une alternative, Marion Maréchal-Le Pen a certes demandé dimanche soir une "réflexion" interne sur les raisons de l'échec, mais elle réfléchit à arrêter la politique.

Pour lancer un nouveau cycle, Marine Le Pen a annoncé une prochaine "transformation profonde" du FN, vieux de 45 ans.

Florian Philippot ou David Rachline, son directeur de campagne, se sont dits favorables à un changement de nom.

"Si on ripoline la façade en gardant les mêmes branquignols... Ça servira à rien", s'agace déjà un membre de la campagne. "Marine Le Pen présidente du parti des fleurs, ce sera toujours Marine Le Pen et je serai toujours Marion Maréchal-Le Pen", contestait cette dernière en janvier.

D'aucuns attendent le Congrès, prévu à l'hiver, pour une grande explication. "Jusqu'aux législatives, on soutient. Mais des cadres veulent ruer dans les brancards au Congrès. Sinon, on restera une machine à gâcher des cadres compétents", prévient un élu régional.

Objectif ? Faire "enfin" coïncider la structure frontiste avec les résultats électoraux... ce qui était déjà l'objectif du précédent de novembre 2014 à Lyon.

Cela se fera sous la menace d'enquêtes judiciaires concernant le patrimoine des Le Pen, les soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires européens, et surtout d'un procès annoncé pour des soupçons d'escroquerie au détriment de l'État dans le financement des campagnes 2012.

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