Au FN, Le Pen accentue la pression sur Philippot, au risque de la rupture
Marine Le Pen a demandé mercredi à Florian Philippot de démissionner "rapidement" de la tête de l'association Les Patriotes,...

Au FN, Le Pen accentue la pression sur Philippot, au risque de la rupture

Marine Le Pen a demandé mercredi à Florian Philippot de démissionner "rapidement" de la tête de l'association Les Patriotes,...
Public Sénat

Par Guillaume DAUDIN

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Marine Le Pen a demandé mercredi à Florian Philippot de démissionner "rapidement" de la tête de l'association Les Patriotes, faute de quoi elle "choisirait pour lui", accentuant encore la pression sur son vice-président de plus en plus isolé au sein du FN.

Marine Le Pen a réitéré sa "demande" à son ex-lieutenant "de choisir" sa vice-présidence FN à la stratégie et à la communication plutôt que sa présidence de l'association "Les Patriotes", deux positions selon elle en "conflit d'intérêt". "Il faut le faire rapidement", a-t-elle mis en garde sur CNews.

Disposée à "prendre ses responsabilités" mardi, la patronne du Front national a cette fois menacé de "choisir pour lui" en cas de nouveau refus de celui dont elle partage pourtant les orientations idéologiques.

Hypothèse, selon plusieurs frontistes: la fin de la vice-présidence du FN pour Florian Philippot, peut-être dans le cadre d'un lifting des instances FN dans la perspective du congrès FN prévu en mars à Lille.

Mais si Mme Le Pen a indiqué encore "souhaiter" que M. Philippot "reste à ses responsabilités importantes" au FN plutôt que de s'attacher au "groupuscule" présidé depuis mi-mai, pour plusieurs sources l'hypothèse d'une "rupture" plus nette se profile.

Lundi, déjà, en bureau politique, Marine Le Pen l'a mis en garde: "C'est comme un divorce, ça peut se passer bien ou mal. Tu seras triste, je serai triste, mais le Front s'en remettra", a-t-elle dit en substance, selon deux participants.

Mercredi, les marinistes ont lancé une offensive générale, sur demande de Marine Le Pen d'après l'un d'entre eux.

"Il donne l'impression de chercher la porte de sortie. Je trouve l'attitude dommageable" a ainsi déclaré à l'AFP Jean-Lin Lacapelle, secrétaire général adjoint du parti. "Incompréhensible", a tweeté le trésorier Wallerand de Saint Just.

David Rachline, directeur de campagne présidentielle de Marine Le Pen qui a de bonnes relations avec Florian Philippot, lui a demandé dans un tweet de "prendre la même décision que Louis" Aliot.

Également vice-président du FN, Louis Aliot présidait une association interne au FN, le "Club Idées & Nation", ce qui ne lui avait jamais été reproché. Mais le compagnon de Marine Le Pen en a cédé les rênes mercredi, rendant caduc l'argument de M. Philippot qui y voyait un deux poids deux mesures, un point de vue qualifié d'"assez puéril" par Marine Le Pen.

- "C'est plié" -

"Philippot n'a plus aucun argument", se sont réjouis plusieurs frontistes, dont certains veulent faire un sort à la ligne anti-euro, moins focalisée sur les questions de sécurité ou d'immigration, de M. Philippot.

Localement, 14 conseillers régionaux FN de région Grand-Est ont aussi contesté, dans un courrier anonyme lundi à la direction du parti, la gestion du groupe FN par son président, M. Philippot.

Pour l'eurodéputée Sophie Montel, première lieutenante de M. Philippot débarquée au début de l'été de sa présidence du groupe FN en région Bourgogne-Franche-Comté, les nombreuses critiques visant son allié répondent à une logique limpide: "Quand on veut se débarrasser de son chien, on dit qu'il a la rage", s'indigne-t-elle auprès de l'AFP.

Mais pour elle, c'est "à la direction de prendre la décision et d'assumer le cirque qu'ils ont créé eux-même".

"A ce stade, les deux hypothèses sont possibles, rabibochage comme rupture", reconnaît un proche de M. Philippot.

Aujourd'hui le vice-président voit sa base interne, déjà considérée comme réduite, s'affaiblir, alors que plusieurs cadres locaux le soutenant comptent rendre leur carte.

"S'il y avait un sondage interne, 90% des frontistes demanderaient le départ de M. Philippot", estime un proche de Marine Le Pen. Rien à voir, assurent plusieurs marinistes, avec Bruno Mégret, le "félon" qui avait quitté le FN en 1998 avec la moitié de ses cadres.

Marine Le Pen a annoncé une rencontre prochaine avec M. Philippot, vendredi selon des proches de ce dernier.

Mais pour plusieurs sources, l'issue ne fait plus guère de doute: "Philippot est dans une logique de rupture, il veut se victimiser et pas être celui qui provoque la rupture", estime un dirigeant. "C'est plié", abonde le proche de Marine Le Pen.

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