Au Front national, un débat de « refondation » sous tension
Le début de l'été est studieux mais aussi tendu au Front national: dans la réflexion sur la "refondation" du parti, largement...

Au Front national, un débat de « refondation » sous tension

Le début de l'été est studieux mais aussi tendu au Front national: dans la réflexion sur la "refondation" du parti, largement...
Public Sénat

Par Guillaume DAUDIN

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le début de l'été est studieux mais aussi tendu au Front national: dans la réflexion sur la "refondation" du parti, largement souhaitée, les premières discussions tournent vite à l'aigre entre partisans du "ni droite ni gauche" et tenants d'un FN clairement de droite.

"Je veux tout changer" a posé mercredi matin Marine Le Pen, qui a déjà lancé sept groupes thématiques autour des membres du bureau politique du parti, en vue d'un séminaire dans la deuxième moitié de juillet et surtout du congrès du FN, prévu début 2018.

La nécessité d'un changement structurel ne fait guère débat en interne. Marine Le Pen a pratiquement acté d'ailleurs mercredi que le FN changerait de nom mais aussi de "structure" afin d'aboutir à la "force d'opposition (...) la plus performante possible" qui "doit aussi dépasser à mon avis le FN".

Mais le fond agite bien plus les troupes, à qui Marine Le Pen a demandé "courtoisie" et "camaraderie".

Chaque frontiste a pu s'inscrire dans un atelier et certains ont lancé des appels à contribution. L'eurodéputée Joëlle Melin, patronne de l'une des structures internes chargées de réfléchir au programme, a ainsi demandé via un mail interne au FN dont l'AFP a eu copie et en "5 lignes maximum, votre analyse brève avec des propositions synthétiques ou axes de réflexion par sujet abordé."

"C'est l'occasion ou jamais pour tous (...) de dire ce qui n'a malheureusement pas pu être transmis pendant la campagne", souligne-t-elle.

D'autres lancent des appels ou des contributions publiques, notamment dans le camp du vice-président du FN, Florian Philippot, très contesté en interne, qui a proposé aux 160.000 abonnés de sa page Facebook d'émettre leurs "idées et suggestions sur l'atelier +Thématiques de campagne+" auquel il est inscrit.

Sa lieutenante, l'eurodéputée Sophie Montel, qui avait récemment jugé le discours frontiste "anxiogène" sur l'immigration, a elle lancé sur Twitter un sondage public: "Souhaitez-vous que le FN parle de : 1/ identité et musulmans ? 2/ tous les sujets".

Les partisans d'un FN plus porté sur ses sujets traditionnels réagissent en retour: Jean Messiha, coordinateur du projet présidentiel de Marine Le Pen, lui a ainsi répondu que "la question devrait être: souhaitez-vous que le FN parle prioritairement: 1/ de souveraineté ou 2/ d'identité? Sans exclusive évidemment".

- 'Tout changer' ou 'ripoliner'? -

Jérôme Rivière, ex-député UMP devenu porte-parole de la campagne législative FN, et tenant d'une "union des droites", a salué lui l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, qui a dit qu'une "discussion" devrait advenir avec le FN.

Mais en toile de fond, d'autres commentaires sont plus virulents sur les réseaux sociaux, agora pour collaborateurs de figures FN à couteaux tirés les uns avec les autres.

"Le FN est mort, il faut le débrancher (...). Cela ne servira à rien si on prend les mêmes pour recommencer", tranche Julien Acard, conseiller régional proche de Mme Montel.

"Les réponses sont déjà rédigées visiblement #désespérant" s'inquiète en retour Pierre Nicolas, ancien collaborateur de Marion Maréchal-Le Pen.

En privé, certains voient le FN éclater ou péricliter: "Il y a un désaccord entre la base électorale et la ligne politique du FN portée par Marine Le Pen et le +Front+... Ca va péter au congrès" anticipe un assistant parlementaire. "Aucune organisation, anticipation, vision, ni leader, et quasiment personne de compétent", se désole une conseillère régionale.

Pour un autre assistant parlementaire, au contraire, le débat lancé est "du folklore. On éteint l'incendie". Au risque d'un "ripolinage" dont "personne ne sera dupe" et aux conséquences potentielles "extrêmement lourdes", selon un important frontiste.

Dans ce débat, les deux camps se demandant en outre quel rôle jouera Marine Le Pen: arbitre ou partie prenante? Jeudi, @enimar68, considéré par de très nombreux frontistes comme son compte Twitter officieux, ce qu'elle a démenti, a qualifié le sondage de Mme Montel de "provocation grossière".

Dans son entourage, on prévient toutefois qu'il ne faut pas attendre le grand soir: "Notre ligne de la présidentielle est la bonne, équilibrée... Quand on tire la couverture, l'autre au bout du lit, il a froid au pied."

Partager cet article

Dans la même thématique

Au Front national, un débat de « refondation » sous tension
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

Au Front national, un débat de « refondation » sous tension
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le