Auditions de Fillon sur la santé : faire oublier la polémique sans « repartir de zéro »

Auditions de Fillon sur la santé : faire oublier la polémique sans « repartir de zéro »

L’équipe du candidat multiplie cette semaine les auditions sur la santé. Le but : « Orienter le discours vers le droit à la santé » selon le sénateur Alain Milon, après la polémique sur la Sécu. Mais sur le site de campagne, la différence entre « les soins de confort » et « les affections graves » est toujours là.
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Chez Fillon, les heures de consultation sont matin et après-midi cette semaine. Les équipes du candidat de la droite ont débuté leur semaine de rencontres avec les professionnels du monde de la santé. La semaine dernière, François Fillon avait fait son mea culpa. Ses propositions sur la Sécurité sociale étaient devenues un boulet qui allait empoisonner toute sa campagne. La gauche ne cesse de l’accuser de vouloir privatiser la Sécu. « Mal compris », ce qui a été écrit sur la différence entre petits et grands soins « a été retiré » a expliqué François Fillon, annonçant de nouvelles propositions fin janvier ou début février. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retaillau, chargé de la stratégie de la campagne, a lui assuré dimanche que les hôpitaux ne seront pas concernés par la baisse de 500.000 du nombre de fonctionnaires. L’opération déminage continue.

La série d’auditions organisée au siège du candidat, près de la porte de Versailles, à Paris, vise a préparer les nouvelles propositions du candidat. « Nous allons dialoguer avec tous les acteurs du système de santé français, avec les représentants des professions libérales de santé, avec les grandes fédérations :  la fédération hospitalière privée et publique, les représentants des cliniques, avec les caisse d’assurance maladie et les représentants des organismes complémentaires, des mutuelles, avec les industriels de la santé, notamment les représentants de l’industrie pharmaceutique, avec les personnels salariés des établissements publics ou privés de santé » a énuméré vendredi, lors d’une conférence de presse, le directeur de campagne du candidat, Patrick Stéfanini. Regardez (images Quentin Calmet) :

Patrick Stéfanini sur la santé : "On ne redémarre pas à zéro"
02:23

« On va reprendre l’exercice »

Alors, nouveau départ pour Fillon après le grand malentendu ? Pas tout à fait. « On ne redémarre pas à zéro. Ces experts du monde de la santé, nous les avions déjà rencontrés. Mais le message de François Fillon n’est pas passé avec suffisamment de clarté auprès des Français. On va reprendre l’exercice » explique Patrick Stéfanini.

Ces consultations sont organisées par le pôle santé du candidat. On y trouve les députés Valérie Boyer, Bernard Accoyer, Jean Léonetti ou encore le sénateur Alain Milon. Président de la commission des affaires sociales du Sénat, il a planché sur les questions de santé depuis plusieurs mois pour François Fillon.

On comprend qu’il s’agit autant de travailler le fond que la forme, la communication du candidat. « Le but des réunions que nous allons avoir est d’orienter le discours vers le droit à la santé. La Sécu et la santé seront un droit » affirme Alain Milon à publicsenat.fr, pour qui il ne faut « pas limiter la santé au curatif », mais insister sur « la prévention ». Proposer un droit plutôt que de se serrer la ceinture, c’est forcément plus vendeur… Surtout sur la santé, sujet auquel les Français sont attachés.

« De plus en plus, l’assurance maladie est orientée vers le soin lourd »

Selon Alain Milon, médecin de profession, le candidat des Républicains n’a fait que décrire une réalité déjà existante. « François Fillon constate que les mutuelles et organismes complémentaires ont pris une place plus importante – c’est une évidence – et la Sécu rembourse de plus en plus les soins des maladies les plus graves. Entre 36 et 38% des dépenses de l’assurance maladie concernent 15% des malades. C’est bien la preuve que de plus en plus, l’assurance maladie est orientée vers le soin lourd » souligne Alain Milon.

Pour rassurer, François Fillon met en avant l’agence de régulation et de contrôle qu’il veut instituer. Elle encadrerait la Sécu et les complémentaires. « On va réguler les tarifs des complémentaires et des mutuelles dans le cadre d’un paquet de soin qui pourrait être déterminé par l’autorité de santé » explique Alain Milon. Concrètement, ce paquet de soin dira « ce qui est remboursé et ce qui ne l’est pas, avec des tarifs minimums fixés par l’agence de régulation ».

Sparadrap du capitaine haddock

Si François Fillon veut mettre de l’eau dans son vin, il ne semble pas avoir renoncé à tout sur le fond et l’esprit de la réforme. Il ne faut pas accréditer l’idée d’une volte-face, lui qui récuse tout zigzag. Contrairement à ce qu’il a dit, tous les sujets sensibles n’ont pas été retirés du site de campagne. Dans un communiqué du 25 novembre, il propose ainsi de « clarifier la part prise en charge par la Sécurité sociale et par les mutuelles : cela passe par un panier des soins « solidaire » dont sont exclus les soins de confort et la "bobologie" ». Plus clair encore, un abécédaire du programme de François Fillon à destination des militants est toujours en ligne. Page 90, on peut y lire : « Je ferai, en outre, recentrer l’assurance maladie sur les affections graves et l’assurance privée sur le reste »...

Capture du site de François Fillon

Si la position du candidat ne change pas fondamentalement sur le fond, pourquoi la mise au point de François Fillon et toutes ces auditions ? « Politiquement, il était urgent d’agir. Certains ont exploité ce qui était une erreur de langage et en ont profité pour dire n’importe quoi » selon les termes d’Alain Milon, qui vise particulièrement la ministre de la Santé, Marisol Touraine. La crainte pour le candidat : l’effet sparadrap du capitaine haddock. Autrement dit, que la polémique sur la Sécu lui colle à la main encore un moment.

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