Aurélie Filippetti : « Le seul vote utile est le vote selon ses convictions »
Invitée de l’émission « L’épreuve de vérité », Aurélie Filippetti, porte-parole de Benoît Hamon balaie l’idée d’un vote utile pour le 1er tour de la présidentielle et regrette « le culte de la personnalité » développé par les principaux candidats.

Aurélie Filippetti : « Le seul vote utile est le vote selon ses convictions »

Invitée de l’émission « L’épreuve de vérité », Aurélie Filippetti, porte-parole de Benoît Hamon balaie l’idée d’un vote utile pour le 1er tour de la présidentielle et regrette « le culte de la personnalité » développé par les principaux candidats.
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Alors que Benoît Hamon est à la peine dans cette campagne, Aurélie Filippetti, sa porte-parole, veut y croire encore et insiste sur le fait que « les gens se déterminent tard » : « Il y a beaucoup de gens qui sont encore hésitants et donc il y a encore du temps pour les convaincre ». Et si son candidat plafonne dans les sondages, c’est aussi, pour l’ancienne ministre de la culture, en partie à cause du quinquennat Hollande : « Des électeurs qui ont voté François Hollande en 2012, il y en a beaucoup qui ont été déçus pendant ces cinq ans et qui, malgré tout, mettent aussi cela quelque part au débit de Benoît Hamon en tant que représentant du Parti socialiste (…) Il ne faut pas le nier, c’est une véritable difficulté ».  Quant à l’appel de Manuel Valls à voter pour le candidat d’En marche !, il n’est toujours pas digéré : « Les raisons pour lesquelles [il] appelle à voter Emmanuel Macron, sincèrement, je ne les comprends pas, y compris pour lui-même. Je pense qu’il fait un très mauvais calcul (…) D’abord Emmanuel Macron ne lui en sait absolument pas gré. Et aussi parce qu’il passe aux yeux de tout le monde, de tout l’électorat socialiste, pour quelqu’un qui s’assied sur sa propre signature, donc qui piétine un engagement qu’il a pris lui-même devant les électeurs de gauche ». Rien à voir, selon la députée  (PS) de la Moselle, avec l’attitude des frondeurs vis-à-vis du gouvernement Hollande : « Nous en 2012, nous n’avons jamais signé nulle part le fait qu’on allait un jour défendre la déchéance de nationalité, la loi Macron ou la loi El Khomri ».

Et si Aurélie Filippetti ne veut pas voir le candidat d’En marche ! comme la principale cible de cette campagne pour Benoît Hamon, elle ne l’épargne pas : « Je constate qu’Emmanuel Macron se victimise à chaque fois qu’on pose une question sur son programme ou sur le financement de sa campagne (…) Il a une conception extrêmement classique, presque monarchique de la Ve République. C’est vraiment le contraire de ce que propose Benoît Hamon ».

« Evidemment, l’ennemi n° 1 c’est le Front National»

Pour la députée (PS) de la Moselle, « Evidemment, l’ennemi n° 1 c’est le Front National». Et insiste sur le droit de voter selon son choix au premier tour, sans calcul : « Je refuse l’argument qui consiste à dire « Il faut voter utile dès le premier tour ». Soyons clair, il n’y a pas de menace Front national au premier tour et donc le seul vote utile est le vote selon ses convictions ».

Même chose,  lorsque l’on parle de vote utile pour contrer un probable second tour François Fillon / Marine Le Pen, la porte-parole de Benoît Hamon s’en agace : « C’est une blague ! Une gigantesque hypocrisie. François Fillon est quand même très bas. Il est à 17 dans les sondages et on voit qu’il a de grandes difficultés dans sa campagne ».

Aurélie Filippetti : « Je trouve que cette élection est aujourd’hui presque infantilisante pour les Français".
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Et comme son candidat, Aurélie Filippetti ne porte pas dans son cœur le mythe de l’homme providentiel : « Je trouve que cette élection est aujourd’hui presque infantilisante pour les Français. Parce qu’on va choisir une personnalité, un homme (…) qui est censé incarner à lui seul toutes les solutions (…) Moi je pense que ça, c’est justement ce qui fait que la France est aujourd’hui un pays en crise. Il faut faire une campagne à l’image du président que l’on veut être. Benoît Hamon c’est ce qu’il fait (…) Il incarne par sa manière d’être cette proximité qu’il souhaite avec les Français, avec les citoyens. Les quatre autres sont tous dans une démarche quasiment de culte de la personnalité. C’est « moi je », « moi, je ». C’est le mythe de l’homme providentiel. Et je pense que ça, il faudra tourner la page. C’est aujourd’hui l’un des problèmes majeurs de la France ».

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