Autodétermination : les élus Calédoniens de retour à Matignon 20 après

Autodétermination : les élus Calédoniens de retour à Matignon 20 après

20 ans après les accords de Nouméa, les élus Calédoniens étaient réunis ce jeudi à Matignon pour un point d’étape crucial à l’approche du référendum sur l’indépendance de l’île.
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« La question aujourd’hui elle est claire. C’est: est-ce que vous voulez que la Nouvelle Calédonie soit indépendante ou pas ? C’est celle-là, il n’y en a pas d’autres. (…) Au-delà du choix institutionnel, sommes-nous capable au lendemain (du référendum) de construire une nouvelle solution dans la France puisque le résultat est connu d’avance » a confié au micro de Public Sénat, Pierre Frogier, sénateur Les Républicains de Nouvelle Calédonie, signataire des accords de Matignon (1988), puis de celui de Nouméa (1998) et partisan du maintien de l’île dans la République française.

Les sondages indiquent, en effet, qu’une majorité de Calédoniens est favorable au maintien dans la République. Mais comme l’a expliqué la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le rôle de l’État consiste à ce « que les choses se passent dans les conditions les meilleures possible, qu'on arrive à une organisation du référendum de 2018 qui fait consensus et qui reste dans un climat extrêmement apaisé ».

La composition du corps électoral en débat

La question du corps électoral figure en tête de l'ordre du jour de la réunion de ce jeudi. Entre autres critères, celui-ci de la restriction aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie sans discontinuer depuis 1994. Mais le sujet hautement sensible suscite un différend entre non indépendantistes et indépendantistes. Ces derniers souhaitent l'inscription automatique des natifs de l'île sur la liste référendaire.

Autre point chaud, le libellé de la question posée qui ne sera pas tranché et devrait faire l'objet d'un prochain groupe de travail, puis d'un ultime comité des signataires en mars ou avril 2018.

« Que l'ensemble des forces politiques présentes en Nouvelle Calédonie puisse s'entendre »

Face à l'enjeu, Édouard Philippe a souhaité mardi « que l'ensemble des forces politiques présentes en Nouvelle Calédonie (puisse) s'entendre sur le sens de la question à poser ». « Il faut que le scrutin soit sincère, transparent, surveillé, c'est une des données essentielles de sa bonne organisation », a-t-il fait valoir.

Pour que le résultat de la consultation soit incontestable, d'autres points devaient être abordés jeudi, tels que la présence d'observateurs de l'ONU, la mise en place de bureaux de vote décentralisés ou la prolongation du délai légal d'inscription sur les listes électorales au-delà du 31 décembre 2017.

Les indépendantistes réclament notamment l'ouverture de bureaux des îles décentralisés à Nouméa, pour faciliter le vote des électeurs originaires des îles installés en ville.

Un processus d’indépendance qui dure depuis près de 30 ans

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Ne pas reproduire l’erreur de la guerre d’Algérie. Interrogé par Public Sénat il y a quelques jours, Jean-Paul Huchon révèle l’objectif qui guida Michel Rocard dans les négociations des accords de Matignon du 26 juin 1988, conclus, non sans mal, entre Jean-Marie Tjibaou pour le FLNKS (indépendantiste), Jacques Lafleur pour le RPCR (anti-indépendantiste) et le Premier ministre socialiste. Dans les années 1980, la Nouvelle Calédonie est en situation de quasi-guerre civile, l’assaut de la grotte d’Ouvéa deux jours avant la réélection de François Mitterrand, oblige le nouveau gouvernement socialiste à ouvrir des négociations censées aboutir à  un scrutin d'autodétermination de la Nouvelle Calédonie dans les dix ans. « Sa méthode (Michel Rocard), c’était de s’appuyer sur la société civile pour peser sur les partis politiques et donc contourner l’obstacle de la guerre (…) Il a vraiment réussi à convaincre qu’il fallait mettre fin à cette décolonisation. Ce faisant il montrait qu’on aurait pu terminer la guerre d’Algérie autrement et plus vite » analyse aujourd’hui Jean-Paul Huchon, ancien membre du cabinet de Michel Rocard et négociateur des accords de Matignon.

Suite à la mort du leader du FLNKS, le processus d’autodétermination est stoppé jusqu’en 1998 et les accords de Nouméa signés sous l'égide du Premier ministre, Lionel Jospin. Ce sont ces accords qui instaurent en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation sur 20 ans  avec en point final, le référendum de l’année prochaine.

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