Autonomie de la Guadeloupe : Sébastien Lecornu s’explique sur ses propos polémiques

Autonomie de la Guadeloupe : Sébastien Lecornu s’explique sur ses propos polémiques

Le ministre des Outre-mer a profité d’un débat sur la situation des territoires ultramarins au Sénat pour revenir sur sa déclaration concernant l’autonomie de la Guadeloupe. Il assure avoir voulu mettre certains élus locaux face à leurs contradictions.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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« Je les ai pris au mot. » Lors d’un débat organisé au Sénat sur la situation des territoires d’Outre-mer, Sébastien Lecornu est revenu sur sa déclaration polémique concernant l’autonomie de la Guadeloupe. Face à la crise protéiforme qui secoue les Antilles, le ministre des Outre-mer avait évoqué l’ouverture d’un débat sur l’autonomie de la Guadeloupe. Des propos qui ont fait bondir l’opposition d’un bout à l’autre de l’échiquier politique (voir notre article).

Face aux sénateurs, le ministre des Outre-mer revient sur cette séquence. Concernant les crispations sur l’obligation vaccinale et le passe sanitaire, il évoque une forme d’exaspération devant « certains élus de premier plan qui vous disent que ce sont les Guadeloupéens qui doivent décider pour la Guadeloupe et pas les sénateurs et députés à Paris ».

Refus de l’obligation vaccinale : « Une crise démocratique et principielle »

« On entre dans un débat qui n’a rien à voir avec la différenciation. C’est là où j’ai pris au mot ces élus », explique-t-il. Le ministre des Outre-mer voit même une « crise démocratique et principielle » dans ce refus d’appliquer des lois votées par le Parlement.

Il faut dire que ces mesures sanitaires ont agi comme un détonateur aux Antilles, les revendications s’élargissant très vite au coût exorbitant de la vie sur place ou au chômage endémique des jeunes. A la tribune de l’hémicycle, les sénateurs ont d’ailleurs énuméré les graves difficultés subies dans ces territoires. Il est admis par tous que la défiance à l’égard du vaccin est avant tout un révélateur de problématiques très ancrées.

Aussi, la réponse sécuritaire du gouvernement a été interrogée par certains sénateurs de gauche. « Après l’utilisation d’armes à feu, il est légitime que l’Etat rétablisse l’ordre. Mais l’image du GIGN venant mettre fin à une révolte populaire est pour le moins désastreuse », estime le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard. A l’inverse, la sénatrice LR, Agnès Canayer, a jugé « essentiel de renforcer la sécurité publique en Outre-mer pour éviter la répétition de scènes de violences, comme celles qui nous ont tant choqués ces derniers jours ».

Le gouvernement a, en effet, choisi de faire intervenir une cinquantaine de membres des forces d’élite du GIGN et du Raid. Une image qui a pu choquer mais que le ministre des Outre-mer assume :

« La première des crises est tout de même une crise de l’ordre public »

Sébastien Lecornu assure que parmi les manifestants se cachent des « voyous » et évoque « le réveil du grand banditisme ». « Il y a malheureusement une tradition autour des trafics de drogues dans les Caraïbes […] Ces individus ont profité de contestations sociales pour commettre des méfaits sur les biens et des atteintes inédites sur les fonctionnaires de police et les militaires de la gendarmerie », affirme le ministre.

« Une centaine de coups de feu ont été tirés sur les forces de police et les militaires de la gendarmerie, les renforts du Raid et du GIGN s’expliquent en cela », justifie-t-il. Dans l’hémicycle, ce mercredi 1er décembre, le ministre de l’Intérieur déplorait, lui, « une cinquantaine de policiers et de gendarmes blessés, dont un grièvement ». Gérald Darmanin a également fait état de « plus de 150 interpellations » (lire notre article).

Une visite express qui ne passe pas

Absent pour des raisons personnelles, le sénateur guadeloupéen, Victorin Lurel, a toutefois réussi à faire entendre son mécontentement concernant le déplacement du ministre. L’ancien ministre des Outre-mer a fustigé « le choix délibéré d’une visite express, d’une symbolique militaire, d’une posture martiale et autoritariste ». Une attitude qui constitue « une grave erreur politique ».

Sébastien Lecornu a passé, montre en main, 24 heures en Guadeloupe. Les discussions avec l’intersyndicale ont tourné court, le ministre des Outre-mer se disant « plus que choqué » par la demande de libération des personnes condamnées pour violence, après plusieurs jours de fortes tensions.

« Vous ne pouvez ignorer que cela a braqué, a choqué et surtout - et c’est le plus grave - légitimé l’action politique de ceux qui ne sont pas là pour discuter. Ce malheureux épisode n’a fait que renforcer la stratégie de pourrissement voulue par certains », a encore accusé l’ancien ministre socialiste. En réponse, Sébastien Lecornu a dénoncé « la stratégie de la chaise vide » de certains élus antillais. Un débat visiblement abîmé, mais qui devra bien se tenir pour trouver des voies de sorties de crise.

 

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