Avec Notre-Dame-des-Landes, le « copilote » Edouard Philippe prend du galon

Avec Notre-Dame-des-Landes, le « copilote » Edouard Philippe prend du galon

Chargé de piloter le dossier délicat de Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe a porté pour la première fois une des décisions...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Chargé de piloter le dossier délicat de Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe a porté pour la première fois une des décisions majeures de ce début de quinquennat, un rôle jusque-là trusté par Emmanuel Macron.

"Notre-Dame-des-Landes, c'est un épiphénomène d'une réalité où on voit, depuis deux-trois mois, la montée en puissance d'Edouard Philippe, avec son style", estime un ministre proche du tandem exécutif.

C'est lundi soir, lors d'un entretien à l'Elysée, que président et Premier ministre, qui boucle une concertation avec plus d'une centaine d'élus, entérinent la décision. C'est là aussi qu'ils conviennent que le chef du gouvernement annoncera la nouvelle, dont il sait qu'elle fera des mécontents.

"J'ai rendu ma proposition au président, et nous nous sommes rendu compte que nous étions d'accord", explique le Premier ministre en petit comité.

Lieutenant d'Alain Juppé pendant des années, coauteur - avec son ami et actuel conseiller Gilles Boyer - d'un roman politique appelé "Dans l'ombre", le chef du gouvernement n'a jamais pris ombrage d'être numéro 2. Un atout, jugent beaucoup, quand les relations Elysée-Matignon ont été si souvent compliquées par les rivalités et les ambitions sous la Ve République.

Les premiers mois du quinquennat avaient vu Emmanuel Macron revenir quelques jours plus tard sur des annonces de la déclaration de politique générale de M. Philippe, ou recevoir à l'Elysée syndicats et patronat, exercice souvent dévolu à Matignon. Sans que cela ne provoque d'incident.

S'il est désormais titulaire d'un "brevet de copilote", selon la formule d'un éditorial des Echos, il est peu probable qu'Edouard Philippe, chef de la majorité sans parti et Premier ministre après avoir frôlé la traversée du désert politique, se sente pousser des ailes.

- 'Super' dircab du président -

"Edouard Philippe est le premier Premier ministre depuis longtemps à avoir compris que l'évolution de la Ve République faisait du Premier ministre un super directeur de cabinet du président de la République. Il ne cherche pas à préserver des intérêts de carrière ou à être un chef de l'Etat bis", dit de lui le député UDI Yves Jégo.

L'ex-député-maire du Havre n'échappe toutefois pas à la règle qui veut que le Premier ministre hérite de dossiers risqués ou impopulaires, qu'ils remontent des ministères ou descendent de l'Elysée.

Pour le député socialiste Olivier Faure, sur Notre-Dame-des-Landes, "le président n'a pas osé assumer une décision contradictoire avec ses engagements de campagne, c'est pourquoi il a envoyé le Premier ministre".

Au rayon des décisions controversées, c'est aussi Edouard Philippe qui a officialisé la semaine dernière la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Il a aussi repris en main le dossier des réfugiés .

Le choix sur Notre-Dame-des-Landes, s'il fâche beaucoup d'élus locaux de l'Ouest, s'avère finalement plutôt bien perçu dans l'opinion: selon un sondage Elabe publié mardi, trois Français sur quatre approuvent la décision, et 58% des sondés jugent que l'exécutif a fait preuve de "courage".

Avec son humour british, son phrasé aux mots soupesés, et un mot d'ordre - "sérieux sans se prendre au sérieux" - le Premier ministre multiplie les "consultations" et autres "concertations" au moindre signe d'incendie. Quant aux parlementaires de la majorité, ils sont fréquemment reçus et consultés à Matignon.

Une façon de tuer dans l'oeuf les frondes ou les oppositions, souligne un cadre de la majorité: "La technique de consultation est assez redoutable. Quand on est très associé en amont, il est difficile de contester la décision".

D'autant que l'homme est salué dans l'exercice de la conciliation, par exemple sur le dossier du référendum d'indépendance en Nouvelle-Calédonie, où les élus du "Caillou" avaient reconnu son rôle de facilitateur.

parl-jmt-map/mat/swi

Dans la même thématique

SIPA_01112686_000045
4min

Politique

Pourquoi commémore-t-on l’abolition de l’esclavage le 10 mai en Métropole ?

Depuis 2006, le 10 mai est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie à laquelle participe le président de la République ou le Premier ministre. Dans les territoires d’Outre-mer, les commémorations ont lieu à d’autres dates. Explications.

Le

Avec Notre-Dame-des-Landes, le « copilote » Edouard Philippe prend du galon
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Avec Notre-Dame-des-Landes, le « copilote » Edouard Philippe prend du galon
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le