Avec une large victoire, Laurent Wauquiez assoit sa légitimité
Élu avec plus de 74,6% des voix, avec une participation un peu plus élevée que celle qui était redoutée, Laurent Wauquiez est devenu le président des Républicains. Le nouveau leader de la droite va devoir désormais reconstruire son parti et unir les différentes sensibilités.

Avec une large victoire, Laurent Wauquiez assoit sa légitimité

Élu avec plus de 74,6% des voix, avec une participation un peu plus élevée que celle qui était redoutée, Laurent Wauquiez est devenu le président des Républicains. Le nouveau leader de la droite va devoir désormais reconstruire son parti et unir les différentes sensibilités.
Public Sénat

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

L’annonce des résultats est allée très vite, au terme d’une élection que beaucoup d’observateurs et de responsables politiques disaient jouée d’avance. Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, est devenu le nouveau président des Républicains, avec 74,64% des voix, dépassant largement ses deux adversaires : la filloniste Florence Portelli (16,11%) et le juppéiste Maël de Calan (9,25%).

Un quart d’heure seulement après la fin du vote électronique, la présidente de la Haute autorité Anne Levade proclame les résultats. La salle du XVe arrondissement où sont réunis les partisans de Laurent Wauquiez exulte à l’annonce du score de leur candidat. La surprise vient de la mobilisation des adhérents : ils sont 99.597 à avoir participé au vote (42,5%). La députée Valérie Boyer évoque une « participation plus qu’honorable ». « On est vivants », lâche-t-elle.

Florence Portelli avait annoncé les jours précédents qu’en dessous de 100.000 votants, le scrutin serait un échec. Le directeur de campagne de Laurent Wauquiez, Geoffroy Didier, prudent, avait lui placé la barre à 60.000 votants, voire 50.000 votants. « C’est la preuve que nous avons des militants qui sont toujours là », se félicite Daniel Fasquelle, le député du Nord, qui a échoué de peu à réunir les parrainages nécessaire pour se lancer dans la course.

« C’est la preuve que nous avons des militants qui sont toujours là », se félicite Daniel Fasquelle
00:58
Images : Public Sénat / Cécile Sixou

« Je ne me rappelais plus très bien ce qu’on ressentait quand on gagnait »

Éric Woerth ne boude pas non plus son plaisir. « L’élection est réussie – ce n’est pas ce qu’on nous avait annoncé, Laurent Wauquiez gagne très largement. »

« L’élection est réussie, Laurent Wauquiez gagne très largement », réagit Éric Woerth
00:37
Images : Public Sénat / Cécile Sixou

L’eurodéputée Nadine Morano salue quant à elle la « légitimité incontestable » du nouveau président, et dans l’ivresse de la victoire, une « participation record ». La participation est en réalité plus faible que lors des trois précédentes élections à la présidence de LR ou de l’UMP. À titre d’exemple, en 2014, quand Nicolas Sarkozy avait été désigné par 64% des suffrages, 58% des militants avaient participé au vote.

Mais depuis, la droite a connu deux défaites majeures, à la présidentielle et aux législatives. « Je ne me rappelais plus très bien ce qu’on ressentait quand on gagnait une élection, là franchement, ça fait plaisir », jubile Alain Joyandet, le sénateur de la Haute-Saône.

Élection de Wauquiez : « Je ne me rappelais plus très bien ce qu’on ressentait quand on gagnait », déclare Alain Joyandet
00:32
Images : Public Sénat / Cécile Sixou

« La droite est de retour »

À la tribune, Laurent Wauquiez souligne un « succès qui a été bien au-delà de nos attentes » et assure, sûr de lui, que « la droite est de retour ». Le discours est bref – à peine plus de quatre minutes – mais le nouveau président promet une « droite renouvelée », avec de « nouveaux visages », et une « renaissance » avec une « droite qui assume ses valeurs ». « Nous allons tout reconstruire », annonce-t-il.

Le nouveau chef de file de la droite veut proposer une « autre voie » aux Français et enfile sans tarder les habits du premier opposant à Emmanuel Macron qu’il entend incarner. « Aujourd’hui, le président est passif sur les questions de délinquance, il est complaisant sur le communautarisme, parce qu’il manque de fermeté face à l’intégrisme islamique », dénonce-t-il.

Laurent Wauquiez s’adresse également aux ténors du parti, restés en dehors de l’élection, tout en lui adressant quelques critiques durant la campagne. S’adressant à Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou encore Christian Estrosi, sans les nommer, il les appelle à s'investir : « Ils ont du talent. Aujourd’hui, quand on a du talent, il faut le mettre au service de notre famille, et personne ne peut rester spectateur. »

Guillaume Peltier, le porte-parole des Républicains, tient à s’appuyer avant tout sur les 74,6% de militants qui ont choisi Laurent Wauquiez. « Au nom de la nouvelle génération, ce qui m’intéresse, c’est de parler aux Français, et non pas aux personnes qui ont fait la droite hier. »

« Ce qui m’intéresse, c’est de parler aux Français, et non pas aux personnes qui ont fait la droite hier », déclare Guillaume Peltier
00:33
Images : Public Sénat / Cécile Sixou

Le discours du vainqueur réserve très vite une place pour ses deux concurrents. « Je veux dire mon respect pour Maël et Florence, ils ont eu le courage de se présenter », lance Laurent Wauquiez, avant de demander au public de les applaudir.

La « vigilance » de Florence Portelli

Dans une autre salle de la rive gauche, dans une autre ambiance, Florence Portelli, arrivée en deuxième position, reconnaît la « victoire très nette » de son adversaire, et prévient qu’elle sera « très vigilante » sur la suite. La maire de Taverny (Val-d’Oise) entend porter la voix de la « majorité silencieuse », celle des adhérents qui n’ont pas voté ce dimanche, et annonce qu’elle et ses soutiens « continueront d’exister », à « leur façon ».

L’ancienne porte-parole de François Fillon, qui a fait savoir vendredi qu’elle « ne travaillerait pas » avec Laurent Wauquiez, au risque d’avoir « l’impression de se prostituer », répète devant les caméras qu’elle restera « libre et indépendante ». Et qu’elle n’envisage pas vraiment d’intégrer l’organigramme de la future direction. « Les petits postes et les arrangements entre amis, ce n’est pas ma cuisine ».

Florence Portelli : « Les petits postes et les arrangements entre amis, ce n’est pas ma cuisine »
03:16
Images : LCP

Maël de Calan, arrivé en dernière position, avec 9,25%, échoue à dépasser le seuil des 10% qui était nécessaire, selon lui, à faire entendre sa ligne dans le parti. « Je veux dire à tous ceux qui adhèrent aux idées d’une droite ouverte, libérale et européenne que l’histoire de notre parti ne s’arrête pas ce soir », a-t-il insisté, après avoir adressé ses félicitations au nouveau président du parti. Si le résultat est « très net », il « illustre le décalage entre la ligne de notre parti et les aspirations des électeurs de la droite et du centre », considère ce proche d’Alain Juppé. « C’est en s’ouvrant que Les Républicains pourront demain être utiles à la France », conseille-t-il pour les mois à venir.

Si Laurent Wauquiez a réussi à prendre la tête de LR de manière très nette, tout reste à faire, selon certains militants. « Ce soir, ce n’est qu’une étape », reconnaît Louis Bontemps, président des Jeunes Républicains du Lot. « Le plus dur maintenant, ça va être de rassembler, de mobiliser, de proposer, et ça va être de gagner ». Sur le calendrier électoral, les Européennes de 2019, arriveront dans un an et demi. L’Europe pourrait être un terrain glissant sur la route vers l’unité.

Partager cet article

Dans la même thématique

Restos du Coeur depot departemental des Alpes-Maritimes
7min

Politique

Les associations seront-elles sacrifiées par le serrage de vis budgétaire ?

Il l’a annoncé mardi, François Bayrou veut faire 43,8 milliards d’euros d’économies. Tous les ministères sont priés de contribuer à l’effort, sauf la défense, la sécurité, la santé et l’écologie. Une des missions qui voit ses crédits diminuer, c’est la mission Sport, jeunesse et vie associative. Cette baisse, conjuguée à la baisse des crédits alloués à la mission Aide publique au développement est un mauvais signal pour les associations françaises, qui sont déjà dans une mauvaise passe. En France, le 1,27 million d’associations sont financées de trois manières : par les subventions de l’Etat, des collectivités locales et par les dons, qui permettent de bénéficier de réduction d’impôts. L’inspection générale des finances chiffre à 53 milliards d’euros le financement public alloué aux associations en 2023. -17,6 % sur la mission Sport, jeunesse et vie associative La mission Sport, jeunesse et vie associative finance de très nombreux dispositifs : la politique en faveur du sport, des Jeux olympiques de 2030, de la politique en faveur de la jeunesse mais aussi de la vie associative. D’autres missions budgétaires participent à ce financement, comme l’Aide publique au développement. Or, ces deux missions voient leurs crédits diminuer dans le projet de budget pour 2026. Dans le tiré à part, le document qui liste les dépenses prévues pour chaque mission budgétaire, présenté le 15 juillet, les crédits de la première sont prévus à 1,2 milliard d’euros pour 2026, contre 1,5 milliard en 2025, soit une baisse de 300 millions d’euros. Pour l’APD, c’est une baisse de 700 millions d’euros. Pour Éric Jeansannetas, sénateur PS de la Creuse et rapporteur des crédits de la mission Sport, jeunesse et vie associative au Sénat, cette baisse est « extrêmement inquiétante ». « C’est une baisse de 300 millions d’euros sur un budget de 1 700 millions, la plus petite mission du budget. On la sacrifie, c’est elle qui perd le plus de crédits en proportion », juge-t-il. Cela inquiète les associations. « 300 millions d’euros, c’est -17,6 % », s’inquiète Pauline Hery, chargée de plaidoyer à France Générosités, « cela montre un recul du financement de la solidarité ». Mais à ce stade, il est difficile pour elle de savoir à quoi s’attendre, le budget n’en est qu’au début de son parcours. Elle n’est pas très optimiste : « On s’attend à des baisses, on sait qu’il y aura des efforts à faire partout ». Lors de son audition devant le Sénat le 16 juillet dernier, Amélie de Montchalin l’a pourtant sous-entendu : ces 300 millions d’euros de baisse ne toucheront pas directement les associations. « 100 millions concerneront l’unification des guichets d’aides aux collectivités territoriales en matière d’équipements sportifs », a-t-elle expliqué. Elle a également assuré que le Service national universel ne serait « pas pérennisé dans sa forme actuelle ». Une explication qui n’a pas convaincu Éric Jeansannetas. « L’année dernière, nous étions tous d’accord au Sénat pour maintenir les crédits de la mission, l’engagement associatif, ce n’est ni de droite ni de gauche », justifie-t-il. 6 % du financement des associations provient d’une niche fiscale Le point d’attention principal du secteur associatif se trouve sur la niche fiscale dont il bénéficie. Pour toutes les associations reconnues d’utilité publique en France, les dons ouvrent le droit à une réduction d’impôts de 66 % du montant donné, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Une autre disposition existe pour les associations d’aide aux personnes en difficulté ou victimes de violences, la niche « Coluche » : la réduction d’impôt s’élève alors jusqu’à 75 % du montant, dans la limite de 1 000 €, après quoi le dispositif à 66 % s’applique. Ces deux dispositifs fiscaux représentent 6 % du financement des associations françaises. L’inspection générale des finances a publié, le 16 juillet dernier, un rapport de revue des dépenses publiques en direction des associations. Il pointe une forte augmentation de celles-ci, de 44 % entre 2019 et 2023. S’il reconnaît que « les associations du secteur social, […] paraissent fragilisées par l’inflation et l’augmentation de leur masse salariale », il propose néanmoins de faire un à trois milliards d’euros d’économies. Parmi les pistes de réforme, l’IGF émet l’idée de supprimer la niche « Coluche » et d’abaisser le plafond d’exonération d’impôt de 20 % du revenu à 2000€. Il propose aussi de réformer le crédit d’impôt mécénat, qui s’adresse aux entreprises, en passant d’un système de réduction d’impôt à un système de déduction (c’est l’assiette initiale qui est déduite du montant). Devant ce texte, les associations ont fait part de leur vive inquiétude. « Nous avons été particulièrement alertés par ce rapport. La mise en place des mesures concernant la niche fiscale et le mécénat d’entreprise engendreraient une diminution de 19 à 26 % de la générosité déclarée dans le pays », explique Pauline Hery. Devant l’inquiétude du secteur, François Bayrou a assuré que les dispositifs fiscaux n’étaient pas en danger. « Nous allons y rester attentifs », assure-t-elle. Plus de subventions des collectivités locales ? Autre source d’inquiétude pour les associations : les économies demandées aux collectivités locales, à hauteur de 5,3 milliards d’euros. Elles sont elles aussi pourvoyeuses de financement, et la contrainte sur leur budget risque également de diminuer les subventions. D’après le rapport de l’IGF, en 2023, 49 % des financements publics des associations provenaient des communes, départements et régions. Au sein des collectivités territoriales, ce sont les départements qui pèsent le plus dans les budgets des associations, car ils sont en charge de la politique sociale, et délèguent leurs missions à de nombreuses associations. « Les cinq milliards d’euros d’économies sur les collectivités locales vont mettre un frein aux subventions aux associations », prédit le sénateur socialiste, « les premières victimes de ces réductions budgétaires, ce sont les associations culturelles, sportives ». « Cela nous inquiète depuis l’année dernière », explique Pauline Hery. Les subventions des collectivités, fortement contraintes budgétairement depuis l’augmentation rapide de l’inflation, ont déjà été coupées dans certains cas. « Nous avons beaucoup d’exemples de collectivités qui ont drastiquement coupé les financements des associations dans le secteur de la culture, par exemple. Quand on demande de l’effort aux collectivités territoriales, les associations sont en première ligne sur ces coupes », raconte-t-elle. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent » La morosité budgétaire ambiante inquiète. Les coupes budgétaires, combinées à l’année blanche annoncée par le Premier ministre font craindre une augmentation de la pauvreté et des besoins d’aide, par exemple alimentaire. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent, et elles devront être remplies par l’Etat, ce qui coûtera plus cher et risque de détruire le tissu social », regrette Pauline Hery, « on a du mal à comprendre que les associations soient mises en première ligne des économies ». Éric Jeansannetas abonde : « Il y aura un retrait des collectivités territoriales des associations d’insertion sociale. Les politiques en direction des jeunes vont être sacrifiées dans ce budget qui va nous être présenté. Cela met en péril nos politiques publiques ». A l’heure où nous écrivons ces lignes, tout reste encore ouvert. La version finale du budget, s’il est voté en temps et en heure, a rarement été aussi imprévisible.

Le

PARIS, Conseil constitutionnel, Constitutional Council, Palais Royal
7min

Politique

Municipales : après le dépôt de plusieurs recours, l’avenir de la loi « Paris-Lyon-Marseille » entre les mains du Conseil constitutionnel

Adoptée le 10 juillet, la proposition de loi visant à « réformer le mode d’élection des membres du conseil de Paris et des conseils municipaux de Lyon et de Marseille » doit désormais passer sous les fourches caudines du Conseil constitutionnel. Au moins deux recours ont été déposés sur ce texte, dont l’un porté par la droite sénatoriale. Passage en revue des points litigieux.

Le

Paris: Les Jeunes Republicains au Parc Floral de Paris avec Valerie Pecresse
11min

Politique

Entre House of Cards et Kill Bill : les dessous de la législative partielle qui pourrait opposer Rachida Dati à Michel Barnier à Paris

Rien ne va plus dans la 2e circonscription de Paris, où les prétendants de marque se bousculent pour la législative partielle prévue à la rentrée. L’ancien premier ministre LR, Michel Barnier, vise cette circonscription en or pour « revenir dans l’arène », tout comme la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui pourrait en faire un « lancement de campagne » pour les municipales, sans oublier sa collègue du gouvernement, Clara Chappaz, pour Renaissance…

Le

Algérie : la droite salue la « fermeté » de Bruno Retailleau, les socialistes dénoncent une « diplomatie indexée sur la campagne des LR »
9min

Politique

Gel des pensions, abattement de 10 % : les LR font-ils leur mue sur la participation des retraités à l’effort budgétaire ?

Alors que François Bayrou veut mettre à contribution les retraités par le gel de leur pension et la limitation de l’abattement forfaitaire de 10 %, son allié LR critique cette double contribution, mais sans fermer la porte à un effort des retraités. Une évolution pour la droite, qui avait pour habitude de se montrer très sourcilleuse sur les inactifs, qui constituent une part essentielle de son électorat.

Le