Bac philo : les sénateurs planchent eux aussi
Plus de 740 000 lycéens commençaient ce matin les épreuves du baccalauréat avec l’épreuve de philosophie. Mais les futurs bacheliers ne sont pas les seuls à avoir disserté, puisque quelques sénateurs se sont également prêtés au jeu. Sénateurs, à vos stylos !

Bac philo : les sénateurs planchent eux aussi

Plus de 740 000 lycéens commençaient ce matin les épreuves du baccalauréat avec l’épreuve de philosophie. Mais les futurs bacheliers ne sont pas les seuls à avoir disserté, puisque quelques sénateurs se sont également prêtés au jeu. Sénateurs, à vos stylos !
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Par Ariel Guez (sujet vidéo : Jérôme Rabier)

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Les élèves de terminale planchaient ce matin sur leur épreuve de philosophie du baccalauréat. Les élèves de la filière technologique avaient le choix parmi trois sujets dont « Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? » et ceux de la filière ES pouvaient choisir de répondre à « La morale est-elle la meilleure des politiques ? »

Au premier sujet, les sénateurs répondent globalement par l’affirmative. « Les lois peuvent donner le sens à ce qui contribue au mieux pour la population, et donc la vocation d’être heureux, d’être bien », explique Michelle Meunier, sénatrice PS de la Loire-Atlantique. L’élue prend l’exemple des sujets sociétaux et du mariage pour tous pour justifier son argumentaire. « Les lois donnent du sens, mais elles ne suffisent pas. Il faut les faire vivre dans la société », précise-t-elle.

« La loi ne fait peut-être pas le bonheur, mais elle y contribue »

Pierre Louault juge que les lois sont essentielles, car elles contribuent à l’organisation de la société, chose primordiale pour être heureux, car sans organisation, « c’est l’anarchie ». Mais pour le sénateur, « le bonheur est quelque chose de beaucoup plus personnel. Il y a des gens en grande difficulté, mais qui sont heureux », explique-t-il.

L’élu centriste d’Indre et Loire est rejoint par Marie-Noëlle Lienemann. « Les lois doivent concourir au bonheur, mais elles ne font pas le bonheur, parce que le bonheur est une disposition personnelle qui est définie par chacun », indique la sénatrice de Paris.

« La loi ne fait peut-être pas le bonheur, mais elle y contribue. Il y a le bonheur collectif et le bonheur individuel. Comment on associe les deux ? La réponse est un cadre. Et ce cadre, c’est la loi qui le construit », résume de son côté Julien Bargeton, sénateur LREM de Paris.

« Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? » La réponse de Julien Bargeton
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Mais la loi ne devient-elle pas alors une contrainte ? Puisqu’elle impose des limites aux citoyens, qui pourraient alors être restreints dans leur recherche de bonheur. Pour Michelle Meunier, « la contrainte donne un cadre. Elle est limitative, mais elle contribue à un bien-être. Quand il n’y a pas de limites, on est un peu perdu », explique-t-elle.

« Le bonheur n’est pas une définition absolue que tout serait permis ou possible ».

Sa collègue Marie-Noëlle Lienemann peut la rejoindre. L’ancienne membre du PS aujourd’hui proche de la France Insoumise juge la contrainte de la loi nécessaire en affirmant que « le bonheur n’est pas une définition absolue que tout serait permis ou possible ».

Le sénateur LR des Deux-Sèvres, Jean-Marie Morisset, considère-lui qu’une loi n’est pas une contrainte. « Heureusement qu’on a une loi pour qu’il y ait des règles communes à tout le monde. Autrement, si chacun mettait en place sa loi, je ne vois pas comment nous pourrions travailler les uns à côté des autres dans notre société ».

La politique et la morale

Autre sujet qui n’est pas étranger au palais du Luxembourg : « La morale est-elle la meilleure des politiques ? ». Ce sont les lycéens de la filière économique et sociale qui ont hérité de cette épineuse question. Question à laquelle Marie-Noëlle Lienemann répond plutôt par la négative.

« La morale est-elle la meilleure des politiques ? » La réponse de Marie-Noëlle Lienemann
02:14

La sénatrice de Paris explique que la morale « procède de choix personnels ». « Ce qui procède du choix collectif, ce sont à la fois ce qui relève du cadre de la loi et les valeurs partagées. On peut avoir une morale personnelle qui ne fait pas la loi ». Marie-Noëlle Lienemann prend l’exemple d’un chrétien qui serait opposé, au regard de sa morale, à l’IVG. « Je ne considère pas acceptable que la morale, bien que dominante, définisse le cadre des interdits et des possibles dans une société », explique-t-elle. « Le « bien » est relatif », prévient la sénatrice.

« La morale peut donner un sens et un cap »

Une vision de la morale qui n’est pas partagée par tous les pensionnaires du palais du Luxembourg. Jean-Marie Morisset pense-lui que la morale « est une valeur, que les gens respectent. Elle fait partie des règles communes aux citoyens. Mais chacun peut l’interpréter à sa façon, c’est aussi une liberté ». Michelle Meunier juge quant à elle que « la morale peut aussi donner un sens, mais la morale est faite de plein de choses, c’est un sujet plus complexe », explique-t-elle, prudente.

Son collègue Pierre Louault considère que la morale « permet de découvrir ce qu’est une vie en société ». Pour le sénateur, « la morale républicaine, apprise dans les écoles, est une nécessité ». « La morale doit permettre de découvrir les règles élémentaires d’une société et la morale évolue », explique-t-il.

D'autres sénateurs n'ont pas souhaité répondre aux sujets de philosophie et ont rendu copie blanche, à l'image de Pierre Charon, élu LR de Paris. « Je ne peux pas répondre à cette question. En revanche, nous aussi à LR on a des épreuves à passer, et probablement avec beaucoup moins de philosophie », a-t-il lancé avec ironie.

À défaut de connaître leurs notes, les sénateurs pourront dès demain plancher sur leur nouvelle copie : la réforme du statut de la fonction publique, qui sera étudié dans l’hémicycle du palais du Luxembourg, tandis que les lycéens disserteront eux sur l’histoire-géographie.

 

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