Baisse des APL : une mesure très contestée

Baisse des APL : une mesure très contestée

Après l’annonce du gouvernement le week-end dernier d’une baisse de 5 euros par mois des aides au logement, dont les APL, à partir du 1er octobre prochain, les réactions très critiques s’accumulent, alors que les pro-Macron et pro-Hollande se repassent « la patate chaude ».
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Renflouer les caisses de l’Etat, tel est le mantra du gouvernement Philippe. Et cette fois, ce sont les aides au logement qui sont amenées à baisser à partir du 1er octobre 2017, comme l’a annoncé le gouvernement samedi dernier. Une baisse de 5 euros par mois, qui concernerait 6,5 millions de ménages français et qui rapporterait une économie mensuelle de 32,5 millions d’euros.

 

Qui a décidé cette baisse des APL ?

Mais face à une mesure considérée comme peu populaire et qui fait des remous, le gouvernement se retranche derrière le fait qu’il ne fait qu’appliquer une réforme décidée par le gouvernement précédent.

André Gattolin, sénateur (LREM) des Hauts-de-Seine est plus nuancé sur ce point : « Sur la mesure technique, c'est-à-dire l’abaissement uniforme de 5 euros par mois pour l’ensemble des bénéficiaires des APL, ça c’est la mise en œuvre concrète. Mais oui, il était inscrit dans la loi de finance 2017, préparée par le précédent gouvernement, une baisse significative des moyens, pour la simple et bonne raison que face au lobby immobilier, on a baissé la taxe commerciale, qui permettait d’alimenter le fonds pour les APL. Donc ce trou de 140 millions qui a été fait par le précédent gouvernement, il fallait trouver un moyen de le combler ».

 

APL : André Gattolin : « Ce trou de 140 millions qui a été fait par le précédent gouvernement, il fallait trouver un moyen de le combler »
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Images : Héloïse Grégoire
 

« Absolument faux » s’agace de son côté, le sénateur (PS) de Paris, David Assouline. « C’est un peu bizarre que le gouvernement à chaque fois s’appuie sur le gouvernement précédent pour vendre et ne pas assumer ce qu’il fait (…) Que ce gouvernement assume ce qu’il croit être une bonne politique »

 

APL : David Assouline : « C’est un peu bizarre que le gouvernement à chaque fois s’appuie sur le gouvernement précédent pour vendre et ne pas assumer ce qu’il fait (…) Que ce gouvernement assume ce qu’il croit être une bonne politique »
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Images : Héloïse Grégoire

Une façon de « ne pas assumer », c’est aussi l’avis de la sénatrice (LR) du Val-de-Marne Catherine Procaccia : « Ne pas assumer le passé et ne pas assumer les décisions qu’on prend, c’est un peu choquant. Moi, j’ai vraiment le sentiment que c’est une nouvelle équipe qui arrive, qui n’a jamais été au gouvernement et qui se fait imposer des mesures par Bercy (…) Le nouveau gouvernement a choisi cette mesure en disant, 5 euros ce n’est rien du tout, sans mesurer l’ampleur de la polémique que ça pouvait prendre et les incidences que ça pouvait avoir pour les plus faibles ».

 

APL : Catherine Procaccia : « Le nouveau gouvernement a choisi cette mesure en disant, 5 euros ce n’est rien du tout, sans mesurer l’ampleur de la polémique que ça pouvait prendre et les incidences que ça pouvait avoir pour les plus faibles »
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Images : Héloïse Grégoire

 

Vives réactions sur Twitter

Sur Twitter, les réactions à cette annonce, alimentant la polémique, ne se sont pas fait attendre non plus. Et notamment des politiques.

Benoît Hamon, ancien candidat du PS à la présidentielle, a réagi dès samedi, en faisant un parallèle avec l’ISF :

Même timing pour Emmanuelle Cosse. L’ancienne ministre du logement de François Hollande a insisté sur le fait que cette baisse des APL n’avait « rien à voir avec les mesures prises en 2016 » :

 

Pour Christian Eckert, l’ancien ministre du budget de François Hollande,  « le Gouvernement ment ! » :

Philippe Dallier, vice-président délégué du groupe LR au Sénat, a tweeté lundi matin pour, lui aussi, contester la version des macronistes :

Associations étudiantes et caritatives résolument opposées

L’aide personnalisée au logement (APL), qui profite notamment à environ 800 000 étudiants, connaîtra une baisse de 60 euros par an. Une mesure inadmissible pour la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) : « « L’accès au logement est crucial pour permettre aux jeunes d’être autonomes. Dans un contexte où un étudiant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, le logement représente plus de la moitié du budget mensuel d’un  étudiant. La FAGE ne peut tolérer que l’on continue de précariser la jeunesse sous couvert de « mesures d’économie » » s’indigne ce syndicat dans un communiqué.

Quant à la Fondation Abbé Pierre, elle demande à être reçue par le gouvernement. « Pour nous, c’est un très mauvais signe fait par des technocrates qui ne mesurent pas ce que c’est de vivre avec de petites ressources, à quel point cela a de l’impact sur les dépenses de santé, d’alimentation. Le coût du logement a flambé en quinze ans et pénalise durement les ménages les plus fragiles » a déclaré à l’AFP, Christophe Robert, le délégué général de la fondation.

Cette mesure concernant les aides au logement marquerait le début d’une réforme. Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, a annoncé lundi, que ce dernier voulait «avant la fin de l’année remettre les choses à plat sur la politique du logement ».

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