« Il faut faire attention à ce que notre pays ne se retrouve pas dans la situation désagréable où le gratin se sépare des nouilles ». Quelques semaines après les annonces d’Emmanuel Macron sur les banlieues et où il avait grandement pris ses distances avec le rapport de Jean-Louis Borloo (voir notre article), l’ancien ministre de la ville a enfin exprimé sa déception.
« C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens »
C’est dans son ancienne ville, à Valenciennes, où se tenait un évènement sur la rénovation urbaine (Les Rendez-vous avec la ville), que Jean-Louis Borloo, a pris la parole à la fin d’une table ronde et le chef de l’État en a pris pour son grade. « Mon sentiment c'est qu'on est en train de remplacer le vieux monde des solidarités par le jeune monde des abandons de ceux qui ont besoin de la solidarité » (…) « C'est le problème d'une monarchie qui en fait n'a plus de moyens, et ce qui me dérange c'est que les quelques moyens qu'elle a, elle a décidé d'arbitrer pour permettre à ce qui courent le plus vite de courir de plus en plus vite » (…) « Cette vision de la société, je la trouve inefficace et dangereuse ». Un changement de ton radical en comparaison avec la timide réaction de l’ancien ministre de la ville, le 22 mai dernier à l’Élysée, où il avait estimé « que toutes cases (de son rapport) étaient cochées.
« Jean-Louis Borloo ne s’exprime jamais à chaud. Il a fait une grosse piqûre de rappel à l’exécutif. « Il a choisi de le faire quelques jours avant le début de l’examen de la loi Elan au Sénat et avant l’expression prochaine d’Emmanuel Macron sur les banlieues prévue pour juillet » commente la sénatrice centriste du Nord, Valérie Létard, proche de Jean-Louis Borloo et présente à Valenciennes hier soir. La sénatrice s’oppose à l’approche globale du gouvernement et souhaite que « des moyens supplémentaires soient alloués à des situations exceptionnelles ». Elle considère aussi insuffisant le doublement de l’enveloppe de l’ANRU de 5 à 10 milliards, promis par Emmanuel Macron. « Il faut changer de braquet. Le compte n’y est pas ».
Borloo n'assume pas l'attaque destinée à Emmanuel Macron
« Une piqûre de rappel » que Jean-Louis Borloo n’a pas assumée. Interrogé par le Figaro, ce jeudi, l’ancien édile de Valenciennes assure que son intervention « n’avait rien à voir » avec le Président. « Si on essaie de faire le lien, c'est juste ridicule » indique-t-il.
Pour le vice-président LR du Sénat, Philippe Dallier qui a lui-même interpellé le chef de l’État après les annonces faites à l’Élysée « la réaction de Jean-Louis Borloo est forte. J’espère qu’elle fera prendre conscience à l’Élysée et au gouvernement qu’il y a un vrai sujet banlieues. Pour l’instant, c’est une politique qui vise à réaliser des économies sans se soucier des conséquences ».