Beauvau de la sécurité : « La pression sécuritaire inédite révèle une organisation défectueuse », affirme Henri Leroy

Beauvau de la sécurité : « La pression sécuritaire inédite révèle une organisation défectueuse », affirme Henri Leroy

La deuxième table ronde sur l’encadrement des forces de la police nationale et de la gendarmerie s’est tenue, ce lundi. Le sénateur LR, Henri Leroy, a porté les recommandations du Sénat irritant au passage le représentant du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
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Par Héléna Berkaoui

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« Il ne s’agit pas de faire le procès des chefs », avance le ministre de l’Intérieur lors de la seconde table ronde du Beauvau de la sécurité, ce lundi. Consacré à l’encadrement des forces de sécurité intérieure, ce rendez-vous a réuni les représentants de la police nationale et de la gendarmerie ainsi que des parlementaires.

Cette concertation annoncée en décembre dernier est née dans un climat tendu marqué par des violences policières dont le tabassage par des policiers du producteur de musique Michel Zecler. Les manifestations sauvages de policiers protestant contre leurs conditions de travail ont aussi motivé la mise en place du Beauvau de la sécurité. Selon les services statistiques du ministère de l’intérieur, au mois de janvier 2021, 2 288 agressions contre les forces de l’ordre ont été recensées sur la base d’une remontée d’informations provenant de procès-verbaux. Les agressions contre la police nationale auraient plus que doublé en vingt ans, comme l’écrit Le Monde.

Étalée sur quatre mois, cette grand-messe s’est déjà penchée sur les relations des forces de l’ordre avec la population et devra également apporter des pistes de réflexions sur la formation ou encore le rôle de l’inspection générale de la police nationale (IGPN). L’issue de ces travaux débouchera sur la loi de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi) à l’horizon 2022.

Au Sénat, le sujet des forces de l’ordre mobilise déjà depuis un certain temps. En juillet 2018, les sénateurs François Grosdidier (LR) et Michel Boutant (PS) – ils ne le sont plus depuis — ont publié un rapport alertant sur « le malaise extrêmement profond » de la profession qui connaît un taux de suicide supérieur de 36 % à celui de la moyenne nationale. En janvier dernier, un autre rapport dirigé cette fois par la délégation aux collectivités territoriales formulait des recommandations pour améliorer l’ancrage territorial de la sécurité intérieure.

Les recommandations sénatoriales pour la loi de programmation de la sécurité intérieure (Lopsi) ont été portées, ce lundi, par le sénateur LR, Henri Leroy. « La pression sécuritaire inédite révèle des institutions fragilisées par un manque de moyen chronique, par une organisation défectueuse et des méthodes de management inadaptées », a d’abord exposé le sénateur des Alpes-Maritimes.

« Si la gendarmerie bénéficie d’une structure unifiée de commandement et d’un esprit de corps affirmé, la police souffre sérieusement de sa forte segmentation et d’un manque patent de cohésion qui pèsent sur les agents comme sur l’efficacité des services », a aussi affirmé le sénateur avant d’émettre les propositions. Pour Henri Leroy, la question de l’encadrement des forces de la sécurité intérieure doit notamment passer par le décloisonnement de l’organisation de la police nationale.

Il lui apparaît également « urgent » de réactualiser les études scientifiques sur les suicides pour déterminer les principaux risques et tenter de prévenir. Les autres recommandations portent sur l’amélioration de la gestion des ressources humaines.

« Une feuille de soins pour tenter de sauver ce grand corps malade des forces de sécurité intérieure », qui a fortement irrité le représentant du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), David Le Bars. « On s’attendait à une mise en avant du modèle de la gendarmerie, vous avez aussi fait un procès à charge sur la police nationale. Nous ne sommes pas un grand corps malade, nous sommes un corps qui vous permet vous sénateur, citoyen et tous ceux qui vivent en France de pouvoir vivre dans des conditions de sécurité », a lancé le syndicaliste.

Contacté par publicsenat.fr, Henri Leroy se défend : « Il a pensé que je ne parlais que de la police mais quand je parle des forces de sécurité intérieure, je parle autant de la police nationale que de la gendarmerie. Ces propositions ont par ailleurs été votées par l’ensemble des sénateurs, je ne fais que relater les positions du Sénat ici ». Le Sénat, majoritairement à droite, semble en effet peu susceptible de tenir un discours hostile à la police nationale. Henri Leroy qui avait été rapporteur sur les crédits de la mission sécurité lors de l’examen du budget pour 2021 plaide chaque année pour l’augmentation des fonds alloués aux forces de l’ordre.

Si le ministre de l’Intérieur ne s’est pas trop avancé sur les réformes à venir, il a affirmé que la question de la rémunération et celle de la valorisation des chefs qui vont sur le terrain seraient revues. La prochaine table ronde dans le cadre du Beauvau de la sécurité se tiendra sur le thème de la formation, avec la directrice des ressources humaines d’Axa Karima Silvent, et des relations avec la justice, en présence du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti.

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