Benalla, simple collaborateur ou garde du corps ? des doutes persistent

Benalla, simple collaborateur ou garde du corps ? des doutes persistent

Simple collaborateur ou garde du corps du chef de l'État ? Pourquoi était-il autorisé à porter une arme ? L'audition d'Alexandre Benalla par les...
Public Sénat

Par Gaëlle GEOFFROY

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Simple collaborateur ou garde du corps du chef de l'État ? Pourquoi était-il autorisé à porter une arme ? L'audition d'Alexandre Benalla par les sénateurs mercredi n'a pas permis de lever les zones d'ombre entourant son rôle à l'Élysée.

- CHARGÉ DE MISSION OU GARDE DU CORPS ?

Les sénateurs tentent de savoir si M. Benalla a outrepassé ses fonctions ou s'il avait un rôle, officiel ou non, dans la sécurité du président.

Comme d'autres responsables auditionnés avant lui, Alexandre Benalla a dit n'avoir aucune fonction de sécurité, et avoir été recruté "sous le statut de chargé de mission".

M. Benalla était "adjoint au chef de cabinet" et devait coordonner "des services qui concourent aux déplacements officiels du président de la République", avait indiqué le directeur de cabinet de l'Elysée Patrick Strzoda lors de son audition estivale.

Dans le même temps, Alexandre Benalla participait à la réflexion autour d'une refonte de la sécurité de la présidence de la République.

Lors de son audition fin juillet, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler avait affirmé qu'il n'existait "pas de police parallèle à l'Élysée".

Alors qu'il apparaît sur nombre d'images télévisées aux côtés du président, il a assuré mercredi n'avoir "jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron", ni pendant la campagne présidentielle, ni après son accession à l'Élysée. Il a au contraire décrit un rôle de "facilitateur" et d'"interface", d'où la nécessité d'une "proximité physique" avec Emmanuel Macron.

Reste que M. Benalla bénéficiait d'une autorisation de port d'arme qui a concentré l'attention des sénateurs, pas convaincus par ses explications sur ce point.

Les protagonistes de l'affaire Benalla
Les protagonistes de l'affaire Benalla et dates-clés
AFP

La "mission de police" est clairement inscrite dans l'autorisation du port d'armes accordée par la préfecture de police à M. Benalla. Ce qu'a confirmé mercredi l'ex-chef de cabinet du préfet de police, Yann Drouet, aux sénateurs mercredi.

Or, Alexandre Benalla a dit avoir fait cette demande "à titre personnel", "pour des motifs de défense et de sécurité personnels".

Il a reconnu avoir été armé lors de déplacements publics et privés du président mais seulement "trois fois en un an".

Vincent Crase, le chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie a lui refusé catégoriquement de répondre sur le rôle de M. Benalla, au risque de renforcer les doutes.

D'autant qu'une perquisition au domicile d'Alexandre Benalla n'a pas permis de retrouver un coffre contenant des armes - déclarées selon lui - censé s'y trouver.

- QUELLES RELATIONS AVEC LE GSPR ?

"Le siège (garde du corps présent dans la voiture du président, NDLR) était informé" de son port d'arme, a assuré M. Benalla.

"Mon rôle n'était pas de sortir" cette arme, a insisté l'ex-collaborateur du chef de l'Etat, qui a néanmoins pu "s'entraîner" au tir, une de ses passions, avec des membres du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), "pour s'entretenir".

Concernant son oreillette apparaissant sur des images de déplacements d'Emmanuel Macron, il a expliqué utiliser "exactement le même appareil radio que le GSPR" mais "pas sur la même fréquence".

Cela a pu "poser un problème au début", a-t-il reconnu, expliquant que le chef du GSPR, le colonel Lionel Lavergne et le chef de cabinet Xavier-François Lauch s'étaient mis d'accord sur un accès "à une boucle radio très limitée".

Le GSPR a pu être "gêné à un moment" par ces prérogatives et cette "proximité avec le président de la République", a admis M. Benalla, "mais quand ils ont compris le rôle (de) facilitateur, ils se sont adaptés".

- AVANTAGES OU ATTRIBUTS LIÉS À LA FONCTION ?

M. Benalla a expliqué avoir disposé de deux passeports diplomatiques, délivrés selon lui "automatiquement pour l'ensemble des personnels appelés à se déplacer avec le président de la République".

L'utilisation d'une voiture avec gyrophare ? "Ce n'était pas une voiture de fonction" mais une "voiture de service" du parc de l'Elysée.

Le logement attribué au Palais de l'Alma ? Il en avait fait la demande au directeur de cabinet en raison des horaires à rallonge liés à ses fonctions. "Il m'a tout de suite attribué ce logement pour nécessité absolue de service et je ne l'ai jamais occupé".

Dans la même thématique

SIPA_01112686_000045
4min

Politique

Pourquoi commémore-t-on l’abolition de l’esclavage le 10 mai en Métropole ?

Depuis 2006, le 10 mai est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie à laquelle participe le président de la République ou le Premier ministre. Dans les territoires d’Outre-mer, les commémorations ont lieu à d’autres dates. Explications.

Le

Benalla, simple collaborateur ou garde du corps ? des doutes persistent
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Benalla, simple collaborateur ou garde du corps ? des doutes persistent
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le