Benoît Hamon : ce qu’il faut retenir de la campagne du vainqueur du premier tour
L’ancien porte-parole du Parti socialiste s’est progressivement imposé dans la campagne avec un programme très à gauche.

Benoît Hamon : ce qu’il faut retenir de la campagne du vainqueur du premier tour

L’ancien porte-parole du Parti socialiste s’est progressivement imposé dans la campagne avec un programme très à gauche.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Son programme, en cinq mesures emblématiques :

  1. La création progressive d’un revenu universel d’existence est probablement la mesure de son programme qui a été la plus débattue lors de la campagne. Elle a concentré les attaques de ses adversaires lors du troisième débat télévisé de la primaire. Et sera au centre du débat d’entre-deux-tours ? Très critiqué par Manuel Valls, qui l’accuse de mettre en place une « société du farniente », Benoît Hamon veut doter, à terme, chaque Français d’un revenu de 750 euros, dès l’âge de 18 ans. Dans un premier temps, le candidat veut mettre porter le RSA à 600 euros, et le verser aux jeunes, sans condition de revenus.

  2. L’abrogation de la loi Travail. Benoît Hamon fait partie des 56 députés qui ont signé une motion de censure de gauche en mai 2016 contre la loi Travail. Parmi eux, 28 étaient membres du groupe socialiste. Benoît Hamon veut notamment rétablir la hiérarchie des normes, et redonner au code du travail sa suprématie sur les accords de branche ou d’entreprise.

  3. Marqué par l’adoption au forceps de la loi El Khomri, il propose l’inscription dans la Constitution d’un « 49.3 citoyen ». Objectif : « faire entendre sa voix » et « mettre fin à la démocratie intermittente ». Ce pouvoir d’initiative citoyenne permettrait à 1% du corps électoral de déposer devant le Parlement une proposition de loi, ou, d’interrompre l’application d’une loi adoptée par le Parlement pour la soumettre à référendum.

  4. « Je ne conçois plus d’être socialiste sans être écologiste ». La phrase devient sa marotte au cours des dernières semaines de campagne. Le candidat propose notamment un « plan massif d’investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments ». C’est d’ailleurs la question écologique qui est beaucoup revenue dans son discours ce dimanche 22 janvier.

  5. La création d’un visa humanitaire. « Nous n’avons pas été à la hauteur » sur la question de l’accueil des réfugiés : Benoît Hamon a cultivé sa différence avec Manuel Valls sur ce point lors du deuxième télévisé. « La France doit être en mesure de les accueillir et les protéger », insiste Benoît Hamon dans son programme. Le visa qu’il veut créer offrira, selon lui, une « une voie d’accès légale et sécurisée au territoire français, pour un accueil et une protection temporaire ».

Cinq moments forts de sa campagne :

  • 16 août 2016 : Il annonce sa candidature à la primaire sur France. Et prend de court Arnaud Montebourg, qui a choisi comme date son traditionnel rendez-vous de la Fête de la rose, à Frangy-en-Bresse. Soit cinq jours après.

  • 9 décembre 2016 : Premier moment fort d’exposition lors de son passage à l’Émission Politique sur  France 2. Malgré une audience décevante (1,7 million de téléspectateurs, soit 8% de part d’audience), la plus basse pour une émission de ce type sur France 2 en cinq ans, le candidat se montre toutefois convaincant. « Ce que je sens monter me rend assez confiant », dira-t-il le lendemain devant la presse. Moins d’une semaine après, il réunit son premier grand meeting à Paris, au gymnase Japy. Son camp revendique 2500 personnes présentes.

  • 18 janvier 2016 : Démonstration de force pour Benoît Hamon, par meetings interposés à Paris, et qui vient conclure un tour de France long de plusieurs mois. Arnaud Montebourg réunit 2000 personnes, Benoît Hamon 3000. « Le débat s’est structuré sur les propositions que nous avons mises sur le devant de la scène », se satisfait-il.

  • 19 janvier 2016 : Il est jugé candidat le plus convaincant à l’issue du troisième débat de la primaire, par 29% des téléspectateurs (sondage Elabe pour BFMTV). Une nouvelle fois encore, sa proposition de revenu universel  concentre les interventions des uns et des autres. «Il faut en finir avec la vieille politique. Les mêmes recettes, les mêmes querelles », livre-t-il en conclusion. Comme après les deux premiers débats, il est le candidat à engranger le plus de nouveaux fans sur les réseaux sociaux.

  • 22 janvier 2016 : Il crée la surprise en virant en tête du premier tour. Avec plus de 36% des voix au premier tour de la primaire, il devance l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Se disant « heureux » de débattre à nouveau contre le projet de Manuel Valls, il fait de sa victoire « la première brique » de la reconstruction de la gauche.

Son CV politique, en cinq dates :

  • 2003 : Il anime le courant baptisé « Nouveau parti socialiste », aux côtés d’Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Henri Emmanuelli.

  • 2008-2012 : Il devient porte-parole du Parti socialiste, alors dirigé par Martine Aubry. Au congrès de Reims, sa motion « reconstruire l’espoir à gauche » avait terminé quatrième sur six, réunissant 22,6% des suffrages.

  • Juin 2012 : Il est élu député de la 11e circonscription des Yvelines

  • 2012-2014 : Il est ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire.

  • 2014 : Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, durant un peu moins de cinq mois. Un passage-éclair rue de Grenelle, mais qui marquera son programme, très engagé sur l’Éducation. En désaccord avec la politique économique du gouvernement, il quitte le gouvernement en août 2014.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Benoît Hamon : ce qu’il faut retenir de la campagne du vainqueur du premier tour
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le