« Bordel »: face à la polémique, Macron « assume » le fond, déplore la forme
La nouvelle saillie d'Emmanuel Macron accusant certains salariés "de foutre le bordel" au lieu d'accepter la mobilité a provoqué une telle...
Par Véronique MARTINACHE et Jérémy MAROT
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La nouvelle saillie d'Emmanuel Macron accusant certains salariés "de foutre le bordel" au lieu d'accepter la mobilité a provoqué une telle polémique jeudi que son entourage a été contraint d'expliquer que si le président "assume" ses propos, il ne les aurait tenus dans "un cadre officiel".
Le chef de l'Etat "ne retire rien sur le fond" de ses déclarations faites lors d'une visite en Corrèze, a indiqué le porte-parole l'Elysée, Bruno Roger-Petit. Mais il "n'emploierait pas, dans un cadre officiel, le mot bordel, qu'il a utilisé dans une discussion officieuse", a ajouté son entourage.
En cause, une petite phrase lâchée mercredi par le chef de l'Etat lors d'une visite de l'Ecole d'application aux métiers des travaux publics à Egletons, dans un aparté avec le président de la région Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset.
Emmanuel Macron lors d'une visite de l'Ecole d'application aux métiers des travaux publics à Egletons, le 4 octobre 2017
POOL/AFP
Alors que celui-ci évoquait les difficultés à recruter d'une fonderie d'Ussel (Corrèze), M. Macron a alors estimé que "certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d'aller regarder s'ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire et ce n'est pas loin de chez eux".
M. Macron "ne savait pas qu'il était filmé et, par conséquent, son registre de langage relevait du privé", a insisté Bruno Roger-Petit, alors que le président était à ce moment-là entouré de journalistes, une perche pour capter le son au-dessus de lui.
Ce sont quelques mots "surprenants dans la bouche d'un président de la République", a reconnu jeudi soir sur BFTMV le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner.
Ce dernier a indiqué que M. Macron visait, "une délégation de la CGT qui (...) est venue au contact et a décidé de gêner la visite", mais sans préciser s'il s'agissait bien du rassemblement de salariés et ex-employés licenciés de l'équipementier automobile GM&S, qui se sont heurtés aux forces de l'ordre. Leur usine à La Souterraine (Creuse) se trouve à environ deux heures de route d'Ussel.
"Ces mots, on les utilise tous. Les Français les utilisent", a de son côté voulu déminer M. Castaner qui lui-même, quand il se trouve "au troquet sur la place de Forcalquier" où il habite, avoue parfois "les utiliser".
Cette polémique éclate une semaine après la présentation d'un budget accusé de favoriser les plus riches, alors même que le chef de l'Etat vante ses mesures en faveur des classes moyennes et des salariés.
- 'Provocation d'enfant gâté' -
Le patron des députés PS Olivier Faure, le 3 juillet 2017 à Versailles près de Paris
POOL/AFP/Archives
S'engouffrant dans la brèche dès mercredi soir, le chef de file des députés socialistes Olivier Faure avait critiqué "le mépris social pour les +illettrées+, les +fainéants+ et les +riens+", en référence à d'autres expressions controversées d'Emmanuel Macron.
Le secrétaire général des Républicains Bernard Accoyer a fustigé jeudi sur Public Sénat l'attitude d'Emmanuel Macron. "Il est le président de tous les Français et la première exigence, c'est un respect à l'égard de tous nos compatriotes quels qu'ils soient et en particulier ceux qui sont en difficulté".
Christian Jacob le 28 juin 2017 à l'Assemblée
AFP/Archives
"C'est de l'arrogance", a cinglé le patron des députés LR Christian Jacob sur franceinfo, dénonçant "un président qui ne supporte pas la moindre contestation". Selon lui, M. Macron, qui n'a "jamais été élu local", "devrait arrêter ce genre de provocation d'enfant gâté".
A gauche, Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du PS, a estimé sur LCI que "ça dit beaucoup de l'univers culturel du président de la République. Ce sont des propos classiques de droite".
"L'expression pourrait être retournée contre son auteur", a lancé sur RTL le député LFI Ugo Bernalicis. "Ce qui fout le bordel dans le pays, c'est la suppression des emplois aidés, ce qui fout le bordel dans le pays, c'est la hausse de la CSG, ce qui fout le bordel dans le pays c'est de diminuer les APL".
A l'autre extrémité, le député FN Sébastien Chenu a dénoncé sur BFMTV "une conception du travail complètement hors sol" d'Emmanuel Macron, critiquant "à la fois un comique de répétition et un mépris de répétition".
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.