Boris Cyrulnik : « Pourquoi sommes-nous prêts à céder notre liberté aux dictateurs ? »

Boris Cyrulnik : « Pourquoi sommes-nous prêts à céder notre liberté aux dictateurs ? »

Trump, Bolsonaro, Orban, Johnson… Et si le phénomène mondial d’adhésion au populisme trouvait en partie sa cause dans les tréfonds de la petite enfance ? C’est en tout cas la thèse défendue par le pédopsychiatre Boris Cyrulnik au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission « Un monde, un regard ». Une période de l’enfance où se joue aussi notre capacité de résilience.
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Par Pierre Bonte-Joseph

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S’il a décidé de consacrer sa vie à l’analyse des mécanismes de la pensée, ce n’est pas un hasard. Enfant juif caché pendant la seconde guerre mondiale, avant d’être dénoncé, Boris Cyrulnik a toujours voulu comprendre les mécanismes de la barbarie, de la violence et de l’abandon de liberté consenti.

Comment expliquer cette tendance à voir des hommes politiques forts être plébiscités par les électeurs ? Pour le pédopsychiatre Boris Cyrulnik pas de doute, le phénomène d’adhésion aux populistes correspond à une disposition d’esprit bien particulière. Pour lui, il faut distinguer deux cas de figure : « ceux qui pendant la petite enfance, au cours des mille premiers jours -avant la parole -ont acquis une estime d’eux-mêmes » et qui acceptent le doute, la remise en question, ce qui les empêche de se soumettre à l’esprit totalitaire ; et les autres « qui ont acquis un attachement insécure. Ils ont peur de tout, ils n’ont pas confiance en eux. »

Pour le médecin, ces derniers sont prêts à donner « le pouvoir à quelqu’un qui les sécurise ». A commencer par leur mère « qui est celle qui nous sécurise le plus ; ou les jeunes pères qui se mettent maintenant à jouer un rôle de pères sécurisants. » Avant d’ajouter « ceux-là quand ils sont en désespoir, ils sont capables de donner tout le pouvoir à un dictateur qui les escroque et là on est dans les récits totalitaires. »

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