Bras de fer sur le budget italien : « Je crois que c’est une attitude de type fasciste qui ne paye pas » selon l’eurodéputée Mercedes Bresso

Bras de fer sur le budget italien : « Je crois que c’est une attitude de type fasciste qui ne paye pas » selon l’eurodéputée Mercedes Bresso

C’est un bras de fer sans précédent qui s’engage entre Rome et Bruxelles. En cause, l’augmentation du déficit public prévue par le budget italien. La Commission européenne a demandé au gouvernement de revoir sa copie qu’elle juge hors des règles communautaires de la zone euro. L’Italie doit maintenant proposer un nouveau budget, mais le fera-t-elle ? L’eurodéputée italienne Mercedes Bresso est l’invitée de l’émission Europe Hebdo, pour elle, l’attitude du gouvernement italien n’est pas la bonne.
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Par Juliette Beck

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Le torchon brûle

Le gouvernement populiste mené par la Ligue de Matteo Salvini et le mouvement cinq étoiles de Luigi di Maio envisage un déficit public de 2.4 % du PIB pour le budget 2019, un déficit jugé trop important par la Commission, qui a décidé de rejetté le projet de budget italien.. Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques déplore : « Nous ne sommes pas face à un cas borderline, nous sommes face à une déviation qui est claire, nette, assumée et par certains, revendiquée ». Les Italiens ont jusqu’au 14 novembre pour revoir leur budget en prenant en compte les remarques européennes. Pour Pierre Moscovici, « C’est un message fort [...] C’est un précédent, un moment fort et grave pour nous ». Jamais Bruxelles n’avait rejeté un budget de la sorte, mais le cas italien aux yeux de la majeure partie des observateurs oblige l’institution à réclamer la révision.

Pierre Moscovici : « Nous ne sommes pas face à un cas borderline, nous sommes face à une déviation »
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Mercedes Bresso, eurodéputée italienne, membre du mouvement démocrate, comprend la décision de la Commission, elle explique que le Traité de Maastricht impose de ne pas dépasser les 3% de déficit par rapport au PIB total, or l’Italie ne dépasse pas ce seuil puisqu’elle prévoit 2.4 % mais celà signifiera une augmentation de la dette italienne, déjà trop importante : « Le Traité de Maastricht comprend deux volets, le déficit, mais aussi le déficit référé à la dette globale. Le problème de l’Italie, c’est une dette à plus de 130 % ».

Sur le budget en lui-même, l’eurodéputée démocrate Mercedes Bresso critique une planification budgétaire qui ne permettra pas à l’Italie de sortir de la crise, d’après elle le « budget du peuple » ne projette pas le pays dans un futur prospère comme il serait souhaitable : « Les mesures sont des mesures d’assistance seulement et pas des mesures qui puissent relancer l’économie et créer de la croissance et de vrais emplois. Je ne pense pas qu’on puisse offrir aux jeunes Italiens et aux chômeurs seulement de l’assistance. Le revenu de citoyenneté pour les plus pauvres existe déjà, mais c’était une mesure tampon dans une situation dramatique. Ce qu’on doit faire, c’est créer des emplois et de la croissance ».

Le gouvernement italien bien ancré sur sa position

La réponse italienne face aux demandes de Bruxelles semble aujourd'hui inflexible. Si Rome ne change pas sa copie, la Commission pourrait mettre en marche une « procédure pour déficit excessif ». À l’issue d’un long processus, l’institution européenne pourrait infliger à l’État récalcitrant des sanctions pouvant aller jusqu’à 0.2% de son PIB soit l’équivalant de 3.4 milliards d’euros. Mais une telle procédure est-elle réellement envisageable ? Car faire payer un pays qui à déjà du mal à sortir la tête de l’eau économiquement, serait à contre-courant de ce que souhaite l’institution.

L’eurodéputée Mercedes Bresso : « Ce gouvernement est en train de détruire l'Italie »
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Et donc pour l’eurodéputée italienne, Rome ne compte pas changer d’avis et refusera de négocier, contrairement à ce qu'elle préconise : « Les Italiens commencent à ne pas être content, à être en plein doute et donc le conflit avec l’Europe on prend ça comme une sorte d’orgueil national. Ce gouvernement est en train de détruire l’Italie et donc la Commission à raison. Je ne crois pas que pour le moment, ils vont choisir le plus raisonnable, qui serait de négocier avec l’Europe. Parce qu’il faut négocier, on est 27 on doit tenir compte des autres ».

Mercedes Bresso en opposition avec l’actuel gouvernement italien critique vertement leur attitude : « Il faut rappeler à tous les Européens que l’Europe, c’est nous, donc les règles que nous avons choisies sont des règles communes choisies librement, sur lesquels on est d’accord. Le budget qui avait été concordé entre le gouvernement et la Commission a été modifié radicalement et unilatéralement. Je crois que c’est une attitude de type fasciste qui ne paye pas. Tous ceux qui tapent du poing sur la table ont mal fini et je pense que ce gouvernement finira mal ».

La balle est néanmoins dans leur camp, et la Commission européenne se dit ouverte au dialogue pour « que nous soyons capables de réduire la dette publique de l’Italie dans l’intérêt du peuple italien » conclu Pierre Moscovici (lors de la conférence de presse du 23/10)

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