Brexit : « Le no deal reste une éventualité »

Brexit : « Le no deal reste une éventualité »

Le négociateur de l’Union Européenne, en charge du Brexit, Michel Barnier, était auditionné au Sénat pour faire le point sur la phase finale du divorce avec la Grande-Bretagne
Public Sénat

Par Alizé Boissin

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Publié le

Suspendues à cause du coronavirus, les négociations sur la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ont repris depuis le 5 juin. Mais le dernier round approche : « 30 juin, on arrête les pendules ! » prévient le sénateur et président de la commission des Affaires étrangères, Christian Cambon.

Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE, a fait l’état des lieux de la situation lors d’une audition co-organisée par la commission des Affaires européennes et des Affaires étrangères.

 

Pas de prolongations

C’est la première certitude rapportée par Michel Barnier aux sénateurs : il ne jouera pas les prolongations cet été. En effet, le 30 juin marque la date butoir pour la demande de prolongation de la période de transition. Le négociateur ne souhaite pas prolonger cette phase. Pour rappel, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne le 31 janvier 2020 mais le pays reste soumis aux règles communautaires pendant une période de transition qui court jusqu'à la fin de l'année, le temps que les deux parties s'entendent sur leurs relations futures et évitent le « saut dans le vide » d'un Brexit brutal.

Pourtant la possibilité d’un « no-deal » est encore bien présente : « C’est une éventualité, mais nous devons tout faire pour l’éviter » rappelle Jean Bizet, sénateur et président de la commission des Affaires européennes du Sénat. Le sénateur l’affirme « il est hors de question que la Grande-Bretagne devienne l’usine d’assemblage de l’Union Européenne ».

La 1 janvier 2021 marquera dans tous les cas, la sortie du Royaume-Uni, « accord ou pas » rappelle Christian Cambon. En effet, si aucun accord n’est trouvé, le pays sera soumis aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Fermeté sans hostilité

 

« Ce sont eux qui ont demandé à partir » a rappelé Michel Barnier face aux sénateurs. Une manière d’affirmer sa position de « fermeté » dans les négociations. « Il ne souhaite pas que l’Union Européenne supporte les conséquences du départ de la Grande-Bretagne » rapportent les sénateurs présents à l’audition.

« J’ai le sentiment que la Grande-Bretagne veut garder le statut de membre de l’Union Européenne sans en avoir les devoirs » raconte Christian Cambon à la fin de l’audition. De sa rencontre avec Michel Barnier, le sénateur retient les chiffres des exportations : « Les exportations de l’UE vers la Grande-Bretagne représentent 8% alors que l’inverse, de la Grande-Bretagne à l’UE c’est 47 % ! », « mon ressenti, c’est que la Grande-Bretagne veut garder ses droits sans ses devoirs » raconte l’élu.

Pour le moment, un certain nombre de frictions et de désaccords demeurent entre les parties, comme le secteur de la pêche. 

 

« S’il n’y a pas d’accord sur la pêche, ça peut déstabiliser l’ensemble des négociations »

 

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne remet fortement en cause la politique commune de la pêche (PCP) et l’accès réciproque aux eaux territoriales. En fonction des négociations, le Brexit peut conduire à la fermeture totale des eaux britanniques à l'UE, à un système d’autorisation des navires européens sous forme de licence de pêche ou à une situation proche de celle de la PCP. « S’il n’y a pas d’accord sur la pêche, ça peut déstabiliser l’ensemble des négociations » craint le sénateur Christian Cambon.

En effet, preuve des difficultés à s’entendre sur ce domaine, Michel Barnier a expliqué que les Britanniques souhaitent « négocier chaque année des quotas de capture de poissons, espèce par espèce ». « C’est ridicule » confie Christian Cambon.

 

La position de « fermeté » de Michel Barnier est largement saluée et approuvée par les présidents des deux commissions : « Il a réussi à maintenir l’union des 27, je l’en félicite » raconte Christian Cambon.

L’autre obstacle important dans les négociations : la question irlandaise. A ce sujet, les deux commissions auditionneront l’ambassadeur français à Dublin, Stéphane Crouzat, le 16 juillet prochain.

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