Buzyn veut une “conférence sociale” pour rendre plus attractifs les métiers du grand âge

Buzyn veut une “conférence sociale” pour rendre plus attractifs les métiers du grand âge

La ministre des Solidarités Agnès Buzyn a promis mardi des mesures pour rendre plus attractifs les métiers actuellement ...
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Par Déborah CLAUDE, Arnaud BOUVIER

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La ministre des Solidarités Agnès Buzyn a promis mardi des mesures pour rendre plus attractifs les métiers actuellement "sinistrés" de l'aide aux personnes âgées, sur la base d'un rapport "courageux" qui prône un effort de 825 millions.

Pour ce faire, le gouvernement lancera "une grande conférence sociale" autour des métiers du grand âge "d'ici la fin de l'année", qui pourrait rendre des "conclusions d'ici le tout début de l'année 2020", a annoncé Mme Buzyn après la remise du rapport de l'ex-ministre du Travail Myriam El Khomri sur le sujet.

Cette conférence visera notamment à réfléchir aux "besoins de recrutement", à "l'évolution des rémunérations", et à "l'amélioration de la qualité de vie au travail" des professionnels qui aident au quotidien les seniors en perte d'autonomie, à domicile comme dans les établissements, a-t-elle précisé.

"Il y a urgence et nous ferons vite", a ajouté Mme Buzyn, qui a qualifié de "feuille de route courageuse" le rapport de Myriam El Khomri.

Cette dernière préconise de mobiliser 825 millions d'euros par an dans les années à venir, notamment pour créer 92.300 postes supplémentaires de 2020 à 2024 dans les structures d'aide à domicile et dans les maisons de retraite, mais aussi pour mieux rémunérer et former ces professionnels.

Pour garantir aux salariés des "conditions décentes d'intervention", il faut augmenter de 20% le taux d'encadrement des seniors, détaille Mme El Khomri.

Elle préconise également de modifier les conventions collectives pour augmenter les salaires des aide-soignants et autres accompagnants éducatifs et sociaux, des professionnels aujourd'hui si "peu considérés" et si mal payés qu'on compte dans ce secteur 17,5% de ménages pauvres, contre 6,5% pour l'ensemble des salariés. Il s'agit selon elle de mettre un terme à des situations qui voient certaines salariées rester au SMIC pendant "9, voire 13 ans".

- "Charge mentale et physique" -

Avec le manque d'effectifs et une forte pénibilité, ces facteurs expliquent d'importantes difficultés de recrutement dans le secteur, constate l'ancienne ministre de François Hollande, qui a insisté sur "la charge mentale et physique de ces métiers" où "les professionnels sont aussi parfois confrontés à la mort, et à l'effondrement des corps et de l'esprit", ce qui nécessite des "temps de coordination".

Ce secteur connaît des taux d'accidents du travail "trois fois supérieurs à la moyenne des salariés", a rappelé de son côté Mme Buzyn.

Le remboursement des frais de déplacement des aides à domicile, souvent beaucoup trop faible, doit également être revu, selon la rapporteure, qui préconise d'équiper les salariées de voitures de fonction, ou bien que les fédérations puissent négocier au niveau national, "avec l'appui technique de l'État", des offres avantageuses de location de véhicules avec option d'achat.

Dans les cinq ans à venir, le secteur devra par ailleurs former deux fois plus de professionnels qu'à l'heure actuelle. Pour y parvenir, Mme El Khomri suggère de valoriser les filières par alternance et la validation des acquis de l'expérience (VAE), mais aussi de supprimer le concours d'entrée aux écoles d'aide-soignants, comme cela a été fait pour les écoles d'infirmiers.

Commentant cette dernière proposition, Mme Buzyn a estimé que c'était "indéniablement le sens de l'histoire".

Le Synerpa, premier syndicat national des maisons de retraite privées, a salué un rapport "pragmatique et précis sur les besoins du secteur", dont les propositions doivent désormais "être suivies d'actes forts".

Pour l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (UNA), le rapport de Mme El Khomri a le mérite "d'entériner le cri d'alerte du secteur". Mais les montants financiers évoqués ne sont "pas suffisants", a déploré sur France Culture son président, Guillaume Quercy. "Surtout, on n'a aucune garantie que ces propositions de dépenses soient réellement un engagement du gouvernement", a-t-il ajouté.

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