Candidat unique à gauche en 2022: les militants entre rêve et méfiance

Candidat unique à gauche en 2022: les militants entre rêve et méfiance

Les gauches se réconcilieront-elles d'ici la présidentielle de 2022 ? Des militants d'EELV, de La France insoumise et du PS rencontrés dans les...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART avec Stéphanie LEROUGE et Ambre TOSUNOGLU à La Rochelle

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les gauches se réconcilieront-elles d'ici la présidentielle de 2022 ? Des militants d'EELV, de La France insoumise et du PS rencontrés dans les travées de leurs universités d'été l'espèrent, tout en ayant bien du mal, pour l'instant, à se projeter sur un candidat consensuel.

Un candidat unique, "c'est le seul moyen de s'en sortir, il faut faire l'union contre Le Pen et les macronistes" : Catherine, sympathisante EELV, membre du conseil d'administration de la fédération Artisans du monde, résume un sentiment déjà exprimé plusieurs fois par le député européen de Place publique Raphaël Glucksmann.

Au vu de la relative faiblesse des uns et des autres, qui même ensemble peinent à convaincre plus d'un tiers de l'électorat, "il faut travailler à des convergences, on n'a pas le choix", confie Nadine, 68 ans, de Cahors, aux "Amphis d'été" de LFI, organisés à Toulouse comme la rentrée des Verts.

"Mais je suis très méfiante", ajoute-t-elle. En effet, les barrières apparaissent très vite dans les conversations, surtout à l'évocation de candidats potentiels.

Chez les Insoumis, c'est l'ancienne tête de liste écologiste aux européennes qui cristallise la défiance : "Jadot, non !", s'exclame Nadine.

"Il est très naïf sur l'Europe", glisse pour sa part Michel, 64 ans, venu de Sarthe. Croire qu'il peut rassembler la gauche, "c'est se bercer d'illusions, il aurait du mal à faire la rupture avec le capitalisme" souhaitée par les Insoumis, ajoute-t-il.

"Je n'aurais pas confiance, il caricature la gauche radicale", dénonce Jérôme, ingénieur informatique venu de la banlieue de Grenoble. Une référence à des propos de Yannick Jadot, pendant la campagne des élections européennes, sur François Ruffin et le populisme.

Le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon le 22 juillet 2019 à Tijuana au Mexique
Le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon le 22 juillet 2019 à Tijuana au Mexique
AFP/Archives

Les militants sont parfois plus rancuniers que leurs leaders, car les deux hommes se sont rencontrés vendredi et n'ont pas rechigné à envisager un travail commun.

"Tant pis si ça n'est pas Yannick Jadot", souffle, beau joueur, Mickaël, militant EELV de 31 ans. "Auprès des classes populaires, je ne suis pas sûr qu'il ait la même image" que François Ruffin, avance-t-il.

- Archipel -

M. Jadot, qui veut surfer sur son beau score de 13,5% aux européennes, semble en passe de devenir aussi clivant... que Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci est accusé depuis La Rochelle par Agnès, militante PS depuis 14 ans à Bourges, d'entretenir "le culte du chef". "Il a eu des prises de position notamment sur le conflit syrien qui sont inacceptables", ajoute-t-elle, se prononçant "contre une alliance avec les Insoumis".

Bernard Cazeneuve et Olivier Faure se retrouvent au Sénat le 17 juillet 2019
Bernard Cazeneuve et Olivier Faure se retrouvent au Sénat le 17 juillet 2019
AFP

C'est réciproque, car les Insoumis interrogés rejettent les socialistes, tandis que l'écologiste Catherine se montre tolérante : "Vu leur état aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'ils sont dangereux".

Conscients de cette faiblesse, les militants PS ne semblent pas arcboutés sur une candidature émanant de leurs rangs. L'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a refait surface depuis quelques mois, est "celui qui est le plus rassembleur au PS entre courants, mais au-delà…", observe Xavier, Bordelais de 29 ans. Mais lui aussi divise.

Au-delà de la personnalité, c'est le travail de fond qui fera la décision, notent certains. "Ce n'est pas les candidats potentiels qui manquent. Il faut un programme réellement de gauche pour répondre aux problèmes actuels", estime Georges, militant communiste venu à l'université d'EELV.

"Ca va se jouer sur la ligne politique, est-ce qu'on se met d'accord sur le fond ?", abonde Mickaël.

Plutôt qu'une primaire "qui ne sert qu'à se déchirer", "on peut réfléchir autour de la notion d'Archipel de Patrick Viveret", essayiste altermondialiste présent aux journées d'été d'EELV, plaide Catherine : "trouver un tronc, un projet commun, où chacun garde son identité".

Européennes : les résultats
Résultats définitifs des élections européennes en % des voix et en nombre de députés élus par principales listes en France
AFP

La députée LFI Clémentine Autain met elle-même depuis quelques mois en avant la méthode de l'Archipel.

"Ce n'est pas irréconciliable" à gauche, lâche Michel. Mais, dit l'Insoumis avec un fatalisme mêlé de la détermination du militant prêt à en découdre, "à mon avis, il y aura plusieurs candidatures" à gauche en 2022.

Dans la même thématique

Candidat unique à gauche en 2022: les militants entre rêve et méfiance
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Candidat unique à gauche en 2022: les militants entre rêve et méfiance
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le