Le ministre de l’Intérieur réfléchit à « une nouvelle incrimination pénale » visant l’islam politique. « L’islam politique est le principal obstacle à la cohésion de notre pays », soutient la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio. La centriste Nathalie Goulet conseille d’appliquer déjà le droit existant et de contrôler le financement des associations. A gauche, l’écologiste Guy Benarroche pointe l’absence de données chiffrées sur le sujet et la socialiste Corinne Narassiguin dénonce « une vision à géométrie variable de la laïcité ».
Cannabis : « Il faut que l’Etat organise sa vente », selon le sénateur Bernard Jomier
Par Aurélien Tillier
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Alors que la distinction entre drogues dures et drogues douces revient fréquemment dans le débat sur le cannabis, le sénateur de Paris Bernard Jomier (groupe socialiste), médecin généraliste, différencie clairement le produit et ses usages. « Il y a un usage modéré de l’alcool qui ne pose pas de problème et il y a un usage de l’alcool qui pose un grand problème », explique-t-il. « Le cannabis, c’est délétère pour la santé […] mais il faut bien reconnaître en même temps qu’il y a un usage du cannabis qui ne pose pas vraiment de problème, et il y en a un qui est dramatique ».
Tous les usages du cannabis ne se valent pas
Selon le dernier rapport parlementaire, 10 % de la population française entre 14 et 64 ans consomme du cannabis au moins une fois par an, et presque 3 % tous les jours. Pourtant, la France a une des politiques les plus répressives d’Europe en la matière : la consommation de stupéfiant (cannabis, cocaïne, héroïne) est passible d’une amende forfaitaire de 200 €, qui reste inscrite au casier judiciaire. Bernard Jomier s’agace de cette situation, et notamment du message que cela envoie aux jeunes. « Quand il y a une substance qui circule massivement, qui est consommée par la majorité d’entre eux, que l’Etat dit que c’est interdit et que ce n’est pas appliqué, ça ne peut pas fonctionner ». Pour résoudre ce problème, Bernard Jomier veut « mettre les pieds dans le plat » et pose la question d’une autre voie.
Légalisation « sanitaire » contre légalisation « économique »
Deux options sont possibles. La première consiste à durcir le ton et à renforcer la répression de la consommation de cannabis. C’est le chemin choisi par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui qualifiait le cannabis de « poison » le 24 août dernier sur France Info. La deuxième solution est celle de la légalisation, qui ne supprimerait pas seulement les sanctions comme le ferait la dépénalisation, mais qui autoriserait la vente, l’accès et la consommation de cannabis. C’est cette voie que préconise Bernard Jomier, mais de manière « sanitaire » et non « économique ». En effet, selon lui, une légalisation économique créant un marché libre non régulé dans lequel chacun pourrait vendre ou acheter serait « une catastrophe » et ferait « flamber la consommation ». Au contraire, une « légalisation sanitaire » mettrait la vente de cannabis sous le contrôle strict de l’Etat, qui investirait également dans des « programmes de prévention et d’accompagnement » faisant ainsi « baisser la consommation ». Une proposition qui ravirait les consommateurs, mais qui divise encore beaucoup les Français.