Castaner peut-il rester au gouvernement ? Le scepticisme gagne du terrain
A la veille de son "sacre" à la tête de LREM, Christophe Castaner est confronté à un scepticisme grandissant, au sein même de la majorité,...
Par Baptiste PACE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
A la veille de son "sacre" à la tête de LREM, Christophe Castaner est confronté à un scepticisme grandissant, au sein même de la majorité, concernant son maintien au gouvernement au poste stratégique des Relations avec le Parlement.
Interrogé jeudi soir, en marge d'une réunion avec des adhérents d'En Marche, sur ce possible cumul de fonctions partisane et gouvernementale, M. Castaner n'a pas dissimulé son agacement: "Mais est-ce que vous avez entendu les gens dans la salle poser cette question ? Je trouve que la presse gagnerait à ressembler aux Français".
Adoubé par Emmanuel Macron, Christophe Castaner sera, sans concurrence, élu délégué général de LREM samedi à Lyon. Mercredi, il a laissé entendre qu'il quitterait sa fonction de porte-parole du gouvernement, sans toutefois exclure de rester au sein de l'équipe exécutive.
Peut-on demeurer aux Relations avec le Parlement tout en étant à la tête du parti hégémonique à l'Assemblée ? Quid, dans cette configuration, du Premier ministre Édouard Philippe, institutionnellement chef de la majorité mais qui n'est même pas membre du parti ? Sollicité par l'AFP, Matignon "n'a pas de commentaires à faire à ce stade".
"Quelle que soit la solution, ce sera la bonne et je la soutiendrai", a tenu à faire savoir le président du groupe LREM à l'Assemblée Richard Ferrand, qui fait "une confiance absolue" à Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Christophe Castaner "pour trouver la meilleure solution". Quant au président (LREM) de l'Assemblée François de Rugy, il ne veut "surtout pas s'en mêler".
Au sein de l'exécutif on s'abrite, sans trop y croire, derrière le précédent André Rossinot, qui fut en même temps président du Parti radical et ministre des Relations avec le Parlement... entre 1986 et 1988. Sauf que le Premier ministre de l'époque, Jacques Chirac, était l'incontestable patron de sa majorité et M. Rossinot le représentant d'une force d'appoint, dans le cadre d'une coalition.
Le Premier ministre Edouard Philippe au côté de Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, à l'Assemblée, le 15 novembre 2017
AFP/Archives
"Demain, si je dois être député, je serai député", a glissé M. Castaner jeudi soir. Interrogé mi-novembre sur cette hypothèse d'un retour au Palais Bourbon, M. Castaner faisait valoir qu'il lui fallait "neuf heures de transport pour rentrer en circonscription" dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV, sept Français sur dix estiment qu'il doit quitter le gouvernement. Le remaniement, qui concernera au moins le porte-parolat, devrait intervenir en début de semaine prochaine.
- Des 'journées de 48 heures' -
En attendant la grand-messe de Lyon, ce cumul éventuel fédère les oppositions. "Ça en dit beaucoup sur le fonctionnement sectaire" d'En Marche, a tonné le président du groupe LR Christian Jacob. "Le ministre des relations avec le Parlement ne peut pas être EN MÊME TEMPS l'interlocuteur des groupes de l'opposition et chef de parti", a tweeté Alain Vidalies (PS), titulaire de ce portefeuille sous le quinquennat Hollande.
"CA fait très ancien monde d'être à la fois ministre et président d'un parti", a glissé le président du Sénat Gérard Larcher (LR), tandis que le sénateur LR Roger Karoutchi a jugé "périlleux, voire impossible" dans un tel scénario de négocier un accord avec l'opposition sur un texte majeur comme une révision constitutionnelle.
Les interrogations pointent également dans les rangs de LREM. "Le cumul de ces deux fonctions-là pose un problème", a jugé Astrid Panosyan, membre de la direction transitoire du parti. "S'il se sent capable de faire des journées de 48 heures, tant mieux", a ironisé Barbara Pompili (LREM).
"Peut-être faudrait-il qu'il prenne un autre portefeuille", glisse un autre député LREM.
En revanche, pour Gabriel Attal, membre de la jeune garde de primo-députés de la majorité, M. Castaner "peut tout à fait combiner les deux". "Il faut que le mouvement soit en capacité d'interpeller le gouvernement. Christophe Castaner pourra le faire", a-t-il plaidé.
Même argument, vu de l'extérieur, pour le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde. "Il y aurait une forme d'hypocrisie (...) à ce qu'il soit le président du parti qui a la majorité absolue au Parlement et qu'on fasse comme s'il ne s'occupait pas de ce qui se passe au Parlement". Cela dit, LREM est "sans doute le parti le moins démocratique de France".
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.