Ce mardi, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, ancien ministre de la Santé, était invité de la matinale de Public Sénat. Au lendemain de l’engagement de la responsabilité du gouvernement par Michel Barnier, et à la veille du vote d’une motion de censure, il est revenu sur la méthode adoptée par le Premier ministre depuis sa nomination. Il pointe notamment un manque de dialogue entre les députés du socle commun et le gouvernement.
Ce que l’on sait de l’affaire Benalla
Par Public Sénat
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L'Elysée a annoncé vendredi qu'il licenciait Alexandre Benalla, placé en garde à vue après une vidéo le montrant frapper un manifestant. Ni policier, ni gendarme, le comportement de ce proche collaborateur d'Emmanuel Macron a suscité l'indignation et paralysé les travaux du Parlement.
DU PS AU QUAI BRANLY
Né le 8 septembre 1991 à Evreux, réserviste de la gendarmerie, Alexandre Benalla a été formé au service d'ordre du PS, avant d'être renvoyé de son poste de chauffeur de l'ex-ministre Arnaud Montebourg, pour "faute professionnelle", parce qu'il a voulu fuir après un accident de voiture.
Il protège Emmanuel Macron pendant sa campagne de décembre 2016 à mai 2017, avant d'être nommé "chargé de mission" à l'Elysée, en tant qu'adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch.
Il est souvent vu avec le président lors de divers déplacements, officiels ou privés. Il a été vu dans le bus des Bleus lundi, sur les Champs-Elysées.
Plusieurs journalistes, de l'AFP ou de Public Sénat, se sont plaints de son comportement "musclé" pendant la campagne.
Selon L'Express, il a fait l'objet d'une plainte pour violences volontaires sur une femme en août 2015. Selon une source proche du dossier, il a comparu à Nanterre le 18 mars 2016 pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à 8 jours", mais il a été relaxé.
D'après Le Monde, il était logé depuis le 9 juillet dans une dépendance de l'Elysée, quai Branly. Une adresse où logent plusieurs collaborateurs de la présidence, y compris des gendarmes.
LES ENQUÊTES
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique".
Les investigations ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ainsi qu'à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Au Parlement, l'Assemblée nationale a lancé une commission d'enquête, dont les prérogatives ont été confiées à la commission des Lois. Un dispositif similaire est prévu à la commission des Lois du Sénat, qui a déjà programmé une audition de Gérard Collomb mardi.
GARDES À VUE, AUDITION
M. Benalla a été placé en garde à vue vendredi matin à Paris pour des faits de violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public, d'usurpation de fonctions, de port illégal d'insignes réservés à l'autorité publique, ainsi que de complicité de détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection.
Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie et agent d'accueil pour LREM qui accompagnait Alexandre Benalla le 1er mai, a aussi été placé en garde à vue pour violences en réunion par personne chargée d'une mission de service public et usurpation de fonction.
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a été entendu jeudi comme témoin dans cette enquête.
LICENCIEMENT ET MOTIF
M. Benalla n'est pas licencié pour les violences du 1er mai mais pour avoir reçu des enregistrements vidéo le concernant: il "aurait été destinataire d'un document de la préfecture de police qu'il n'était pas autorisé à détenir", explique l'Elysée.
Trois policiers - un contrôleur général, un commissaire et un commandant - ont été suspendus à titre conservatoire pour avoir extrait des images de vidéo-surveillance de la Ville de Paris et les avoir transmises mercredi à M. Benalla, d'après une source proche du dossier.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a "condamné lourdement" les "agissements" de ces policiers.
QUI SAVAIT QUOI ?
Des députés des oppositions ont accusé Gérard Collomb de "mensonges", après de nouvelles informations de presse selon lesquelles le ministre était au courant de l'agression dès le 2 mai - informations non confirmées à l'AFP.
Ils ont demandé que le ministre, voire le Premier ministre, vienne s'expliquer devant l'Assemblée.
Au coeur de la tourmente, Emmanuel Macron est resté stoïque et silencieux. Il a reçu vendredi matin les syndicats agricoles avant de déjeuner avec le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, puis de s'entretenir avec le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
AGITATION AU PARLEMENT
Le projet de révision constitutionnelle s'est retrouvé victime collatérale de l'affaire, les oppositions réclamant d'entendre M. Collomb avant de reprendre l'examen de cette réforme, qui s'enlise. Le ministre de l'Intérieur sera auditionné mardi au Sénat.
Les députés de la France Insoumise ont proposé de voter sur une motion de censure du gouvernement.