Si dans son rapport annuel, publié mardi, Jacques Toubon, Défenseur des droits, alerte sur un « renforcement de la répression » en France, et un « affaissement » des libertés, il met également en garde contre un effacement progressif des services publics.
Ce constat, le géographe et directeur d’étude à l’EHESS, Hervé Le Bras le fait également : « Le sentiment d’isolement est de plus en plus grand parce que, ce qui disparaît dans le service public, outre qu’il est éloigné, c’est aussi un rapport humain. Beaucoup de personnes, ça m’arrive aussi, sont un peu désarmées devant un grand nombre de démarches administratives. C’est pour ça qu’un certain nombre de prestations sociales ne sont pas demandées par ceux qui y auraient droit. C’est le cas du RSA (…) On manque de personnes qui facilitent. »
Le géographe rejette l’idée d’une opposition métropoles/périphéries, sur toutes ces questions : « Ce n’est pas du tout vrai dans des départements comme la Vendée, la Loire-Atlantique (…) C’est vrai dans une zone qui s’étend des Ardennes au Cantal et puis dans des poches au sud de la Normandie, au centre de la Bretagne. Ce n’est donc pas une périphérie, c’est une partie de la périphérie. Et c’est une partie sur laquelle il faudrait concentrer les efforts. Il y a une demande - c’est le titre du livre du géographe Jacques Levy - de « justice spatiale » »
Et si les services publics sont en berne, « c’est parce qu’on décide de faire des économies » estime Hervé Le Bras. « Ça fait un peu boule de neige (…) Dans les zones qui se dépeuplent (…) on commence, dans un service public, à fermer l’après-midi. Et puis, on ouvre seulement le lundi et le mardi. Et puis, comme cela devient très compliqué de savoir quand c’est ouvert, on n’y vient plus du tout. Et donc, la clientèle est encore plus faible et à ce moment-là, on ferme. Donc, il y a un mécanisme cumulatif qui est lié cette fois-là, à la dépopulation. »
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