« Changer la législation permettrait de décarboner de 30 à 40% la France », avance Bertrand Piccard

« Changer la législation permettrait de décarboner de 30 à 40% la France », avance Bertrand Piccard

Avec André Borschberg, il est le premier homme à avoir fait le tour du monde en avion sans carburant, simplement grâce à l’énergie solaire. Aujourd’hui le « savanturier » Bertrand Piccard, fondateur de Solar Impulse, s’est lancé un nouveau défi et s’investit désormais dans la lutte contre le réchauffement climatique. Dans son ouvrage « Prêt à voter », il a compilé plus de 50 solutions pour décarboner la France. Des propositions qui pourraient être adoptées dès maintenant. Cette semaine Bertrand Piccard est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « un monde, un regard ».
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Dans sa famille, ils sont explorateurs de père en fils. Fils d’océanographe et petit-fils de physicien, Bertrand Piccard a hérité de « l’esprit pionnier » de ces aïeux. « Ce qui me passionne, c’est de casser ses règles, ses rigidités, ses paradigmes et montrer qu’on peut penser et faire complètement autrement » explique-t-il.

Alors que les spécialistes considéraient l’exploit comme impossible, Bertrand Piccard s’est lancé, en 2003, dans la confection de « Solar Impulse », un avion sans carburant qui vole grâce à l’énergie solaire. En 2017, il réalisait un tour du monde complet à bord de son engin.

Un nouveau défi

Son exploit à bord de Solar Impulse lui a fait réaliser toutes les possibilités qu’offraient les nouvelles technologies pour imaginer un monde plus résilient et plus sobre : « Ce qui était stupéfiant en volant avec Solar impulse, c’était ce sentiment d’être dans le futur, d’être dans de la science-fiction, de voler sans carburant, sans bruit, sans émissions de CO2 et de réaliser tout à coup que ce n’est pas le futur, c’est ce que les technologies permettent de faire aujourd’hui. Et quand j’ai pris conscience de ça, j’ai vu que ce n’était pas moi qui étais dans le futur, c’était le monde entier qui était dans le passé » raconte-t-il.

C’est en atterrissant à l’issue de son tour du monde qu’il a décidé de se lancer un nouveau défi, celui de lutter contre le réchauffement climatique. « Je me suis dit en rentrant qu’il fallait que je sois beaucoup plus terre à terre, utiliser Solar Impulse comme une métaphore, un symbole de ce qu’on peut faire avec des énergies renouvelables et des technologies propres et ensuite montrer que quand on peut le faire en l’air, on peut le faire à plus forte raison le faire au sol » défend l’explorateur.

Plus de 1 000 solutions pour un monde décarboné

Fort de ses expériences volantes, Bertrand Piccard s’est mis à la recherche de solutions immédiatement applicables pour réduire les émissions de Co2 et l’usage des énergies fossiles dans notre quotidien : « On dit : le ciel est la limite, « the sky is the limit ». Pas du tout, c’est le carburant qui est la limite » assure-t-il. Pour lui cette transition énergétique et écologique passe irrémédiablement par la modification de lois qui, selon Bertrand Piccard, ne sont pas adaptées au défi climatique : « Il y a énormément de blocages administratifs, bureaucratiques, législatifs. Il y a un certain anachronisme des lois » remarque-t-il.

« On dit : le ciel est la limite, « the sky is the limit ». Pas du tout, c’est le carburant qui est la limite » - Bertrand Piccard

De ses recherches, est né son ouvrage « Prêt à voter », une compilation de cinquante recommandations législatives destinée à faciliter la transition écologique. « Chacune de ces 50 solutions, pour la plupart françaises, ferait du bien à la France sur le plan économique et sur le plan écologique. », dans son livre ajoute-t-il « On montre ce qu’il faut changer dans la législation, dans la réglementation pour permettre de décarboner entre 30 % et 40 % la France. Il faut le faire, le plus vite possible » révèle-t-il.

Un appel du pied au président de la République ?

Interrogé sur le nouveau sommet du climat que le Président Emmanuel Macron souhaite organiser à Paris, Bertrand Piccard se dit favorable à la tenue d’un autre rendez-vous à condition d’être constructif et de changer la méthode. « Ce qu’il faut ce n’est pas mettre les problèmes sur la table, c’est mettre les solutions sur la table. La vraie collaboration internationale, elle doit viser à permettre d’implémenter ces solutions et de permettre de les financer. Puisque c’est rentable, ce n’est pas un coût, c’est un investissement. Si Emmanuel Macron fait ça l’année prochaine, magnifique ! Je serai à ces côtés pour apporter des solutions » déclare le fondateur de Solar Impulse.

 

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