Chlordécone: Macron en Martinique veut que l’État prenne ses responsabilités
Emmanuel Macron a annoncé jeudi, au premier jour d'un déplacement aux Antilles, que l'État devait "prendre sa part de...

Chlordécone: Macron en Martinique veut que l’État prenne ses responsabilités

Emmanuel Macron a annoncé jeudi, au premier jour d'un déplacement aux Antilles, que l'État devait "prendre sa part de...
Public Sénat

Par Cécile AZZARO

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Emmanuel Macron a annoncé jeudi, au premier jour d'un déplacement aux Antilles, que l'État devait "prendre sa part de responsabilité" dans la pollution au chlordécone et "avancer sur le chemin de la réparation" de ses ravages.

Alors que son programme a été quelque peu perturbé par l'approche de la tempête tropicale Kirk - finalement très discrète-, le chef de l'Etat a pu se rendre dans une exploitation agricole du nord, à Morne rouge, à la rencontre d'un agriculteur concerné par la pollution de ses terres par cet insecticide cancérogène et perturbateur endocrinien.

Le chlordécone, interdit dès 1977 aux États-Unis mais utilisé jusqu'en 1993 aux Antilles par les producteurs de bananes, est toujours présent dans les sols où il peut persister environ 600 ans et se retrouver dans certaines denrées végétale ou animale et certains captages d'eau.

"La pollution à la chlordécone est un scandale environnemental dont souffrent la Martinique et la Guadeloupe depuis 40 ans. (...) Ce fut Le fruit d'un aveuglement collectif", a déclaré le chef de l'Etat.

"Nous avons continué à utiliser le chlordécone (....), parce que l'état les élus locaux ont accepté cette situation, pour ne pas dire l'ont accompagnée, en considerant qu'arrêter le chlordécone c'était menacer une partie des exploitations", a-t-il poursuivi.

Selon l'agence Santé publique France, "plus de 90% de la population adulte" en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone. Le produit est soupçonné notamment d'être responsable d'une explosion des cancers de la prostate aux Antilles.

Emmanuel Macron a souligné en Martinique que "l'état des connaissances scientifiques (...) ne permet pas de certifier" la dangerosité de la molécule pour la santé humaine, bien que l'on "présume le lien avec les naissances prématurées, les retards de développement cérébral et d'autres pathologies".

Il en conclut qu'il "ne serait pas responsable de dire qu'il y a une réparation individuelle pour tous", mais qu'il est en revanche "possible d'avancer davantage sur la question des maladies professionnelles pour les personnes particulièrement exposées à la molécule."

En conséquence, a-t-il annoncé, "la procédure d'ouverture du registre des maladies professionnelles sera engagée par le gouvernement dès le 2 octobre pour le régime général (de la Sécurité sociale) et le 9 octobre pour le régime agricole".

Un peu plus tôt, Emmanuel Macron, arrivé à Fort-de-France la veille au soir directement de l'assemblée générale de l'ONU à New-York, a défendu la réforme de l'abattement fiscal dont bénéficient les personnes domiciliées dans les Outre-mer.

La modification de cet abattement fiscal, qui a permis de "compenser la vie chère" sur ces territoires, est "juste", a-t-il estimé. Mais elle passe difficilement dans l'opinion publique. Elle ne concernera que "les 4% les plus riches", et les 70 millions d'euros qu'elle permettra de dégager "seront intégralement réinvestis dans des projets en Outre-mer", a-t-il assuré.

Il a également annoncé le déblocage de 40 millions d'euros pour l'hôpital de Martinique, tout en insistant sur la nécessité d'une mutualisation de certaines spécialités avec la Guadeloupe.

Lors d'un déplacement sur le thème du patrimoine culturel et touristique à Saint-Pierre (4.000 habitants), ancienne capitale de la Martinique détruite par l'éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902, et devenue une sorte de "Pompéi des Caraïbes", le président a pris le temps de rencontrer la population et de répondre à ses questions sur le pouvoir d'achat ou la jeunesse.

"J'ai dans le ventre l'impatience de 66 millions de Français", a-t-il expliqué à la presse qui l'interrogeait sur sa rentrée compliquée, assurant vouloir "aller encore plus vite et encore plus loin".

Son déplacement se poursuit vendredi en Guadeloupe, où il doit aborder notamment l'alimentation difficile en eau potable et les algues sargasses. Il s'achèvera par un retour à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, un an après le passage dévastateur de l'ouragan Irma.

Partager cet article

Dans la même thématique

Budget 2026 : suivez en direct les annonces de François Bayrou
12min

Politique

Budget 2026 : suppression de 2 jours fériés, année blanche, contribution des hauts revenus...Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget

C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.

Le

Chlordécone: Macron en Martinique veut que l’État prenne ses responsabilités
4min

Politique

711 jours otage au Mali : « C’est l’histoire la plus extraordinaire et terrible de ma vie » raconte Olivier Dubois

C’est un journaliste pas comme les autres. Parti interviewer un lieutenant djihadiste à Gao au Mali en mars 2021, il n’en revient que près de deux ans plus tard, après avoir été capturé par des terroristes. Une expérience marquante qui a chamboulé sa vie. Sa passion du journalisme est-elle toujours intacte ? Comment tenir dans de telles conditions, mais surtout comment se reconstruire ? Olivier Dubois répond à ces questions dans l’émission Un monde, un regard de Rebecca Fitoussi.

Le

Chlordécone: Macron en Martinique veut que l’État prenne ses responsabilités
3min

Politique

Fin des moteurs thermiques en 2035 : « Si on n’a pas de période de transition, c’est du suicide économique » selon l’eurodéputé belge Benoît Cassart

D’ici à 2035, la vente des ventes de voitures thermiques neuves sera interdite. Un objectif remis en cause par la droite européenne et les défenseurs de l’automobile. Un enjeu majeur pour l’Union, où 8 véhicules neufs sur 10 roulent encore à moteur thermique. Voiture thermique stop ou encore on en débat dans l’émission Ici L’Europe présentée par Caroline de Camaret et Alexandre Poussart.

Le