Christophe Castaner : « Le premier défenseur des flics de France » quitte Beauvau 
Après presque deux ans place Beauvau, Christophe Castaner quitte le ministère de l’Intérieur, remplacé par Gérald Darmanin. Il paye ses dernières annonces sur la déontologie et le racisme dans la police, qui avaient provoqué la colère des forces de l’ordre.

Christophe Castaner : « Le premier défenseur des flics de France » quitte Beauvau 

Après presque deux ans place Beauvau, Christophe Castaner quitte le ministère de l’Intérieur, remplacé par Gérald Darmanin. Il paye ses dernières annonces sur la déontologie et le racisme dans la police, qui avaient provoqué la colère des forces de l’ordre.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

« J’ai l’honneur d’être le premier défenseur des flics de France » martelait encore Christophe Castaner le 10 juin dernier devant les sénateurs. Empêtré dans le sujet explosif des violences et du racisme au sein de l’institution policière, Christophe Castaner n’aura pas résisté au remaniement.

Les dernières annonces, début juin, de Christophe Castaner, sur l’abandon de la technique dite de la clé d’étranglement ou encore « la suspension systématique » d’un fonctionnaire de police en cas de « soupçon avéré d'acte ou de propos raciste » étaient très mal passées à la base. Depuis quelques semaines, des appels à la démission de Christophe Castaner, fusaient lors des manifestations où les fonctionnaires jetaient symboliquement leurs menottes. « Il nous a lâchés (…) nous a jetés en pâture » s’était indigné Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP Police-FO.

Dans le contexte d’émotion planétaire suscité par la mort de George Floyd, Christophe Castaner avait donné le sentiment d’un changement de pied, lui, qui un an plus tôt, refusait d’accepter « l'expression violences policières ».

« Failles » et « dysfonctionnement »

Le passage de Christophe Castaner à Beauvau n’a pas été un long fleuve tranquille. Arrivé dans des conditions difficiles, après le départ surprise de Gérard Collomb mais surtout, dès le début des mobilisations des gilets jaunes, dès ses premiers mois, il devra s’expliquer à plusieurs reprises devant les parlementaires, sur les failles du maintien de l’ordre. D’octobre 2018 à octobre 2019, il sera auditionné trois fois par le Sénat à la suite d’un « dysfonctionnement » au sein de son ministère et de la préfecture.

Face au malaise des forces de sécurité intérieure, épuisées par le risque terroriste et sous équipées selon un rapport du Sénat, Christophe Castaner n’aura eu de cesse de vanter une augmentation du budget « d’1 milliard d’euros pour la police et la gendarmerie », « un programme de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires sur tous les services » depuis le début du quinquennat. Sur les 274 millions d'euros dus aux policiers au titre des heures supplémentaires accumulées depuis plusieurs années, seuls 3,5 millions auront été réglés.

Le schéma national du maintien de l’ordre toujours en attente

Épaulé par son secrétaire d’État, Laurent Nunez, Christophe Castaner n’aura pas mené non plus à bien le chantier du nouveau schéma national du maintien de l’ordre annoncé depuis juin 2019. « J'ai besoin de vos idées (...) pour répondre fermement à une violence débridée tout en préservant évidemment au maximum l'intégrité physique des personnes, y compris de celles et ceux qui provoquent les débordements » demandait-il à un groupe d’experts réunis à Beauvau.

En janvier 2020, après plus d’un an de manifestations, selon le ministère de l’Intérieur, 25 personnes ont été éborgnées par des tirs de LBD, et 1963 membres de forces de l’intérieur blessés. Le limogeage en mars 2019 du préfet de police de Paris, Michel Delpuech, remplacé par Didier Lallement n’auront fait que creuser le fossé entre les forces de l’ordre et une partie de la population.

Les bourdes

Christophe Castaner à l’Intérieur, ce sont aussi des bourdes. Les marquantes : la vidéo de son passage en boîte de nuit, un soir de manifestation des gilets jaunes. Ou encore ses propos trop rapides suite à l’attentat de la préfecture de police qui a coûté la vie à quatre policiers. Quelques heures après les faits, Christophe Castaner avait assuré que, l’auteur, Mickaël Harpon « n'avait jamais présenté de difficultés comportementales » ni « le moindre signe d'alerte ». Des propos démentis par un rapport interne de la patronne de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP).

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Christophe Castaner : « Le premier défenseur des flics de France » quitte Beauvau 
3min

Politique

Smartphone à l’entrée au collège : le dilemme de cette maman

À l’heure où plusieurs sociétés savantes alertent sur les dangers d’une trop forte exposition des enfants aux écrans, Clémentine Legrand, maman active et parisienne s’interroge sur la pertinence de fournir, au plus jeune de ses enfants, un téléphone pour son entrée au collège. Interrogée dans l’émission Dialogue citoyen, présentée par Quentin Calmet, elle revient sur les risques encourus par les enfants au moment du passage au collège.

Le

Christophe Castaner : « Le premier défenseur des flics de France » quitte Beauvau 
4min

Politique

Ministère de l’Intérieur : « Ce qui m’a frappé, c’est le rapport quasiment quotidien à la mort » déclare le dessinateur Mathieu Sapin

Il est toujours dans le décor, un carnet de croquis à la main. Depuis presque 15 ans maintenant, Mathieu Sapin s’est fait une spécialité dans ses ouvrages de nous dévoiler les coulisses du monde politique. Dans son dernier opus A l’intérieur, il embarque avec les forces de l’ordre. Police judiciaire, compagnie républicaine de sécurité, le dessinateur qui se classe à gauche nous dévoile au micro de Rebecca Fitoussi dan l’émission Un monde, un regard les raisons qui l’ont poussées à accepter de franchir les portes du ministère de la place Beauvau, alors dirigé par Gérald Darmanin.

Le

Cats and dogs shelter in Nabeul .
6min

Politique

Vente de chiens et de chats : la loi est-elle contournée ?

Moins d’un mois après le lancement de la mission d’information visant à contrôler le respect de la loi dite maltraitance animale, la commission des affaires économiques a publié ce 11 juin un rapport sur l’encadrement des modalités de vente des chiens et chats. Un rapport qui pointe les situations d’abandon et les dérives dans la vente des animaux de compagnie.

Le