Collectivités : le gouvernement veut renouer avec des élus méfiants
Le gouvernement venu en force a tenté de renouer le dialogue avec les collectivités locales après une période de tension, tout en...

Collectivités : le gouvernement veut renouer avec des élus méfiants

Le gouvernement venu en force a tenté de renouer le dialogue avec les collectivités locales après une période de tension, tout en...
Public Sénat

Par Dominique CHABROL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le gouvernement venu en force a tenté de renouer le dialogue avec les collectivités locales après une période de tension, tout en prévenant qu'elles devraient continuer de limiter leurs dépenses, à l'occasion de la Conférence des Villes mercredi à Paris.

Pas moins de cinq membres du gouvernement, dont le Premier ministre, étaient annoncés pour ce rendez-vous annuel avec les maires des grandes villes.

L'exécutif veut ainsi répondre à l'inquiétude des maires, très remontés contre des décisions prises sans concertation durant l'été - gel de dotations, baisse des emplois aidés...- qui impactent les finances locales.

Les concours financiers de l'Etat aux collectivités "ne baisseront pas en 2018", a martelé Edouard Philippe en ouverture de la conférence.

Evoquant les 13 milliards d'économie demandés aux collectivités sur cinq ans, il a souligné qu'"il ne s'agit pas de 13 milliards d'euros de baisse de la dépense locale". "Vos dépenses vont continuer à progresser, mais vous devrez infléchir la courbe, limiter cette augmentation et participer au désendettement des administrations publiques", a-t-il affirmé.

Edouard Philippe a souligné la volonté du gouvernement de "dialoguer" avec les collectivités. "Nous faisons un pari de confiance. Ce n'est pas le rabot, la baisse des dotations versées par l'Etat aux collectivités, c'est la définition collective et contractuelle d'un mécanisme qui fixe les objectifs et permet d'atteindre des résultats".

"Si nous n'étions pas à la hauteur de ce pari, le retour de bâton serait d'autant plus fort pour nous tous en 2019 et les années qui suivent", a-t-il mis en garde.

Le Premier ministre a justifié la baisse des emplois aidés "qui ne nous feront pas sortir du chômage de masse" et affirmé que la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des foyers qui y sont soumis n'aura pas d'impact sur les collectivités. "Le contribuable national paiera à la place du contribuable local avec un mode de prélèvement plus juste", a-t-il fait valoir.

- Les élus veulent "voir la facture" -

Pour Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des comptes publics, la décision de ne pas baisser les dotations de l'Etat en 2018 est "une main tendue extrêmement forte" en direction des collectivités. Pour la première fois depuis 2011 "l'intégralité des transferts aux collectivités" augmentera même d'un peu moins de 400 millions d'euros, a-t-il souligné, "c'est un premier signe".

"Nous sommes à vos côtés pour redresser les finances publiques, mais à notre juste mesure", a affirmé pour sa part Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse et président de l'association France Urbaine, qui rassemble les maires des grandes villes. "Aucune décision affectant les collectivités locales ne doit être prise sans être discutée", a-t-il insisté.

Le chef du gouvernement n'a pas souhaité dévoiler des décisions qui doivent être annoncées lors de la présentation du Projet de loi de finances 2018, au Conseil des ministres du 27 septembre.

En l'absence de précisions, la volonté affichée du gouvernement a laissé sceptique nombre d'élus échaudés par les décisions unilatérales de l'été. "S'il faut baisser les dépenses de 13 milliards sur tout le quinquennat, je considère que c'est inatteignable... On nous dit que c'est moins douloureux que ça en à l'air, j'attends de voir la facture finale", a soutenu André Laignel, président PS du Comité des finances locales (CFL).

Et pour Carole Delga, présidente de la région Occitanie, "ces 13 milliards vont mettre à genoux certaines de nos collectivités locales".

Les élus ont enfin souligné le fait qu'avec la fin du cumul des mandats, les chefs des exécutifs locaux ne siègeront plus au Parlement, et la nécessité de définir "une nouvelle méthode de travail" avec l'Etat.

dch/mat/nm

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le