Cuisiner le hanneton, cela n’a rien d’une blague. Un sénateur l’a proposé en hémicycle en février 1878, lors de l’examen d’un texte. Un épisode qui fait écho à une table ronde qui s’est tenue au Sénat ce jeudi.
Comment déguster des insectes ? Une discussion insolite au Sénat il y a 142 ans
Cuisiner le hanneton, cela n’a rien d’une blague. Un sénateur l’a proposé en hémicycle en février 1878, lors de l’examen d’un texte. Un épisode qui fait écho à une table ronde qui s’est tenue au Sénat ce jeudi.
Les sénateurs se plaisent parfois à dire qu’ils ont raison trop tôt. Ou qu’ils savent détecter des signaux faibles. Très répandue dans certaines régions du monde, la consommation d’insectes reste marginale en France et assez éloignée des habitudes culinaires. Pour beaucoup de personnes, l’entomophagie peut même apparaître rebutante ou baroque. Il n’empêche, elle est l’une des solutions avancées comme source de protéines, dans un monde où l’empreinte carbone de l’élevage est questionnée.
Le sujet a été évoqué ce jeudi 6 février au Sénat, dans le cadre des travaux de la délégation à la prospective. Un colloque gravitait autour de cette question : qu’y aura-t-il dans nos assiettes en 2050 ? Vaste question. Vous seriez sans doute surpris d’apprendre que la dégustation d’insecte a été évoquée dès 1878 entre les murs du palais du Luxembourg.
Nous sommes le 12 février 1878. Cet après-midi-là, la Haute assemblée procède à une deuxième délibération sur la proposition de loi « relative à la destruction des insectes nuisibles à l’agriculture et à la conservation des oiseaux utiles ». Le sujet est évidemment très sérieux dans une IIIe République rurale, où l’agriculture occupe une place très importante. Comme le montre le compte rendu, la discussion parlementaire alterne entre des argumentations de haute volée et des interventions plus légères, déclenchant les rires de l’hémicycle.
Connu pour ses reparties, le sénateur Achille Testelin, l’un des principaux orateurs, se plaint d’un texte « inutile », « illusoire » et qui baigne même dans la « diffamation outrageuse » vis-à-vis des insectes. Au moment d’aborder les primes versées par les départements pour destructions d’animaux nuisibles (insectes compris), le sénateur fait remarquer que ce sont plutôt les vers blancs qui commettent le plus de dégâts, et non les hannetons.
« Un excellent potage »
S’ensuit une petite recette de cuisine qu’il recommande à ses collègues, qui ne sont pas restés indifférents. Voici la retranscription du Journal officiel :
« Le hanneton ne cause presque pas de dommages. Il peut même vous rendre des services. Je vais vous indiquer, si vous voulez, un procédé pour faire un excellent coulis, un excellent potage… (Hilarité et légères rumeurs.) Prenez des hannetons, pilez-les, jetez-les dans un tamis. Si vous voulez faire un potage maigre, versez de l’eau par-dessus. Si c’est un jour permis, et si vous voulez faire un potage gras, versez du bouillon. Cela a un goût délicieux, apprécié des gourmets. (Exclamations et rires.) »
Une fois sa parenthèse gastronomique terminée, le sénateur du Nord explique à ses collègues, que la proposition de loi « n’a pas de grande efficacité » et qu’elle se contente de « bonnes intentions », sans s’en donner les moyens.
Exprimée hier sous le ton de la plaisanterie, la consommation d’insectes a été abordée ce matin au Sénat, au même titre que d’autres aliments nouveaux, les protéines végétales, et les compléments alimentaires. Un rapport sortira au mois d’avril pour faire le point sur les perspectives qu’offrent les nouvelles innovations, et l’incidence qu’elles auraient sur l’agriculture.
Le président de la délégation à la prospective, Roger Karoutchi (LR), a reconnu que le thème de l’alimentation de demain était « un thème extrêmement intéressant ». Il a ouvert la double table ronde en commentant le visuel choisi pour la rencontre : « La photo qui est mise avec, finalement, ce n’est pas antipathique, vu comme ça. En tout cas, c’est mieux que les reportages télé, où on ne voit que des insectes. »
Évoquant les aliments nouveaux – viandes de culture, microalgues, insectes – le socialiste Jean-Luc Fichet a expliqué qu’il faudrait « appréhender » ces nouveautés et ces « initiatives disruptives » qui se « multiplient ». « Lesquels ont une chance d’arriver dans nos assiettes ? À quelle échéance et à quel coût ? »
« Énormément de start-up lèvent des fonds »
Sur les insectes, quelques éléments de réponse ont été donnés par Xavier Boidevezi, secrétaire national de FoodTech, un réseau thématique de la FrenchTech. Selon lui, la croissance des protéines alimentaires est bel et bien une « tendance de fond qui va avoir lieu ». « On ne parle pas d’un petit engouement ». Le spécialiste a notamment cité l’étude du cabinet AT Kearney qui affirme que la consommation de viande animale va baisser de 33 % d’ici 2040, au profit d’alternatives comme la viande végétale ou cellulaire. Ou les insectes.
« D’ici 2030 ou 2040, la production de protéines d’insectes pourrait avoisiner les 500 000 tonnes selon Cargill Animal Nutrition. Énormément de start-up lèvent des fonds », a-t-il énoncé. La production d’insectes en Europe destinés à l’alimentation est sur le point d’exploser selon la Fédération européenne des entreprises du secteur : de 2.000 tonnes en 2018, la production en 2020 est attendue à 200.000 tonnes cette année. Elle pourrait atteindre trois millions de tonnes en 2030. Mais le débouché principal reste celui de farines destinées à nourrir les volailles et les porcs.
Dans l’avenir, les Européens ne devraient pas déguster des insectes en un seul morceau. « D’un point de vue grand public, c’est un peu réticent, on ne va pas se le cacher », reconnaît Xavier Boidevezi. « Très clairement aujourd’hui, on est plus sur un potentiel d’intégrer des farines d’insectes dans des aliments, que réellement se nourrir d’insectes. »
Si la suspension de la réforme des retraites venait à être adoptée, la Caisse nationale d'assurance vieillesse a souligné que dans l’état actuel du projet de loi, la mise à jour des systèmes informatiques sera dans les temps avant l’automne. Elle met toutefois un bémol en cas de mesures qui s’étendraient par exemple aux carrières longues, non incluses à ce jour dans le texte.
Invité de notre matinale, Renaud Dutreil a défendu la niche fiscale sur la transmission d’entreprises qu’il avait créée en 2003. L’ancien dirigeant de l’UMP fustige le rapport de la Cour des comptes, « officine socialiste », appelant à toiletter le dispositif et critique la volonté de la gauche « de détruire l’économie française » dans les débats budgétaires.
Après un accord en commission mixte paritaire lundi, l’Assemblée nationale et le Sénat ont définitivement adopté la proposition de loi reportant les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie. Un projet de loi constitutionnelle doit encore finaliser la transcription juridique de l’accord de Bougival conclu en juillet dernier.
Rachida Dati, la ministre de la Culture, auditionnée par le Sénat mardi, « nous dit que tout va bien, qu’elle a un budget fantastique, que le Louvre a plus de moyens, alors qu’il perd un million d’euros. Il y a quelque chose qui ne va pas », dénonce le sénateur PCF, Pierre Ouzoulias.
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