Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction

Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction

Le ministre des Solidarités et de la Santé a été interrogé à deux reprises aux questions d’actualité du Sénat sur les conclusions de la commission d’enquête, un rapport dont il a confessé ne pas avoir lu en entier. Il a estimé que ses propos devant les sénateurs n’avaient pas été contredits, et a défendu son directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, à qui les sénateurs reprochent d’être intervenu dans la rédaction d’un rapport.
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Six jours après les conclusions accablantes de la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire du covid-19 (relire notre article), c’était l’heure du face-à-face ce 16 décembre entre les sénateurs et le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran. Le successeur d’Agnès Buzyn, qui avait été auditionné par cette commission, a été interrogé à deux reprises sur les conclusions de la commission. Il n’a pas reconnu de dysfonctionnements, notamment sur les masques, mais a, au contraire, défendu son administration, comme Jérôme Salomon, directeur de la santé épinglé dans le rapport.

Le premier sénateur à saisir le micro est l’un visages les plus connus de la commission d’enquête, pour avoir présidé un grand nombre d’auditions : le sénateur LR René-Paul Savary. « On met le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements qui nécessitent des explications », s’est-il adressé à Olivier Véran. « Qu’en avez-vous tiré et que comptez-vous en faire ? »

« Je vais être franc avec vous M. le sénateur, je n’ai pas lu la totalité des 480 pages »

Olivier Véran a déclaré que le rapport comportait un « travail d’audit interne » qualifié d’ « intéressant », car il « apporte des éclairages sur un certain nombre de sujets en lien avec la gestion de crise sanitaire ». Mais le ministre de la Santé a fait une confession : il n’a pas parcouru de A à Z le long rapport des sénateurs, fruit de 101 heures d’auditions et d’autres investigations complémentaires. « Je vais être franc avec vous M. le sénateur, je n’ai pas lu la totalité des 480 pages que comporte votre rapport. Mais je connais le nombre de pages, c’est bien que je l’aie feuilleté et que j’en ai regardé la synthèse ainsi que les bonnes feuilles que j’avais pu découvrir dans la presse la veille au soir. »

Relevant des « éléments de nature purement politique qui émaillent ce rapport », Olivier Véran a affirmé qu’il n’avait « pas vu à la lecture du rapport le moindre élément qui vienne contredire [ses] propos » tenus durant l’audition.

« Merci pour la sincérité de votre réponse, vous ne l’avez pas lu. Je vous invite à le lire », a répliqué le sénateur, estimant qu’il n’appartenait qu’au ministre d’en « tirer les conséquences » pour que les dysfonctionnements mis en lumière dans le rapport « ne se reproduisent plus ». Avant de détourner la désormais célèbre formule d’Emmanuel Macron : « Parfois un peu critique ça ne nuit pas, quoi qu’il vous en coûte ».

L’hémicycle n’en est pas resté là, puisqu’un quart d’heure plus tard, la sénatrice socialiste Michelle Meunier a évoqué l’un des autres « constats accablants du rapport » : le cas de la rédaction d’un rapport de Santé publique France sur la dégradation des stocks de masques qui aurait été « délibérément influencée » par le directeur général de la Santé (relire notre article). « Le fiasco des masques a profondément écorné la confiance de concitoyens et concitoyennes envers les décisions prises par votre ministère », a reproché la sénatrice de Loire-Atlantique. « Le fiasco des masques porte un nom : celui de Jérôme Salomon. » La socialiste estime qu’à quelques jours des débuts de la campagne vaccinale, la « responsabilité politique » d’Olivier Véran est « immense » pour le « rétablissement de la confiance ». « Quand M. Salomon va-t-il être remplacé à la direction générale de la Santé ? »

« Le rapport d’experts mandaté par Santé publique France a été publié en l’état »

Saluant un « grand serviteur de la santé », le ministre a indiqué qu’il avait eu l’occasion de s’entretenir avec le DGS. « Les emails, c’est lui qui les a envoyés au Sénat, en toute transparence », a-t-il insisté. Olivier Véran a ensuite souligné qu’un rapport avait été demandé sur les antiviraux à l’hiver dernier à Santé publique France sur les antiviraux, et qu’un comité d’expert sollicité a adressé une réponse abordant de nombreux aspects de la lutte contre la pandémique. « Ce à quoi le directeur général de la Santé, dans un mail de janvier – que les sénateurs ont eu également mais qui n’a pas été publié dans le rapport – répond en disant « nous avons sollicité un avis sur la question des antiviraux, vous avez répondu au-delà du périmètre de la saisine » », a ajouté Olivier Véran.

Et de poursuivre : « En définitive, le rapport d’experts mandaté par Santé publique France a été publié en l’état et son auteur, le professeur Stahl, un éminent infectiologue grenoblois a reconnu lui-même qu’il n’avait pas changé un traître mot à son rapport, qu’il ne savait même pas de quoi il était question. »

La réponse n’a pas dissipé les inquiétudes de la sénatrice pour la confiance dans la suite de la lutte contre le covid-19. « La DGS va jouer un rôle pivot dans la campagne de vaccination. Elle ne peut supporter les doutes sur le pilotage », a-t-il mis en garde.

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