Communistes et France insoumise poursuivent leur dispute à l’Assemblée
Les communistes formeront à l'Assemblée nationale un groupe distinct de celui de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, au terme d'une année...

Communistes et France insoumise poursuivent leur dispute à l’Assemblée

Les communistes formeront à l'Assemblée nationale un groupe distinct de celui de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, au terme d'une année...
Public Sénat

Par Charlotte HILL, Lucile MALANDAIN

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Les communistes formeront à l'Assemblée nationale un groupe distinct de celui de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, au terme d'une année de disputes entre les deux formations, non pas tant sur le fond que sur la stratégie et les pratiques politiques.

"Nous avons effectivement 15 députés en mesure de créer, de prolonger le groupe de la Gauche démocrate et républicaine" de la précédente législature, avec 11 députés communistes, ainsi que 4 ultramarins qui ont été réélus, a annoncé mercredi devant la presse le député PCF du Puy-de-Dôme André Chassaigne.

Après à peine trois jours d'un vrai-faux suspens, les communistes ont donc confirmé que les plaies ouvertes depuis des mois ne sont pas refermées. Sans qu'aucune discussion n'ait eu lieu entre les deux formations, selon des sources concordantes.

Clémentine Autain, le 23 février 2017 à Saint-Cloud
Clémentine Autain, le 23 février 2017 à Saint-Cloud
AFP

"En rester à l'historique des divisions, est-ce à la hauteur des enjeux alors que le défi qui nous attend nous rassemble?", a interrogé Clémentine Autain, une des députées élues avec la double étiquette LFI et PCF. Elle a cité "la casse du code du travail et de notre modèle social" prévue selon elle par Emmanuel Macron et rappelé que tous avaient soutenu M. Mélenchon à la présidentielle.

Mais pour André Chassaigne, qui a dû affronter une candidate LFI dans sa circonscription et dont l'inimitié avec Jean-Luc Mélenchon est notoire, la création de deux groupes distincts ne les "oppose" pas. Affichant "une volonté farouche" de travailler avec les Insoumis, il a plaidé que "la conjugaison de deux groupes travaillant ensemble avec des espaces communs aura beaucoup plus d'efficacité, de richesse dans sa diversité et d'écoute dans le pays".

Selon lui d'ailleurs, le "groupe insoumis" a "fait connaître son existence" mardi en arrivant ostensiblement ensemble à l'Assemblée nationale. Une manière de renvoyer la responsabilité de la division.

- 'Groupe discipliné' -

"Les responsabilités sont partagées", estime Mme Autain, regrettant de n'avoir pas été elle-même "contactée" par les communistes alors qu'elle l'a été par La France insoumise. "Je souhaitais l'unité mais je rentrerai dans le groupe qui m'accueille", ajoute-t-elle.

Une rencontre avec les députés LFI est prévue jeudi pour "discuter des moyens de travailler ensemble", a précisé M. Chassaigne. Les deux formations politiques devraient alors créer un "comité de liaison" pour maintenir le dialogue entre eux dans le travail parlementaire, sans inclure les députés ultramarins.

A l'origine des dissensions, outre la candidature de M. Mélenchon non concertée avec les communistes, les conditions imposées par le mouvement créé par ce dernier pour investir ou soutenir des candidats aux législatives: rattachement financier, discipline de vote et respect du programme présidentiel "l'Avenir en commun". Au final, dans la majorité des circonscriptions, les deux mouvements se sont fait concurrence.

Jean-Luc Melenchon (g) et le premier secrétaire du Parti communiste français, Pierre Laurent, le 24 février 2017 à Paris
Jean-Luc Melenchon (g) et le premier secrétaire du Parti communiste français, Pierre Laurent, le 24 février 2017 à Paris
AFP/Archives

"Nous ne fonctionnons pas pareil, y compris d'ailleurs dans le travail parlementaire et la relation au travail démocratique", a reconnu mardi le chef des communistes, le sénateur Pierre Laurent.

Certains communistes ont vécu assez mal l'exigence dès dimanche soir de M. Mélenchon de constituer un "groupe discipliné, offensif", puis sa volonté affichée deux jours plus tard d'en prendre la tête.

"On va parler avec eux si tout le monde est de bonne foi, une fois qu'on aura percé les abcès, qui sont nombreux, il n'y aura pas trop de difficulté", a déclaré mardi le leader de La France insoumise, estimant que "ça devrait se passer simplement".

Avec 17 députés - voire 18, si le communiste Stéphane Peu, qui a signé la charte de La France insoumise, rejoint le groupe -, La France insoumise n'aura pas "une force de frappe moins importante" dans un groupe séparé, a estimé de son côté le nouveau député LFI Eric Coquerel.

"L'histoire de la discipline de vote, c'est faux, il n'y a pas de mandat impératif possible (c'est anticonstitutionnel, ndlr), mais ils avaient envie de garder leur identité communiste, même s'ils vont devoir composer" avec les ultramarins, a-t-il analysé pour l'AFP.

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