Comptes de campagne de Mélenchon en 2017: la justice va mener des « vérifications »
La campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon dans le viseur de la justice: le parquet de Paris a ouvert une enquête pour...

Comptes de campagne de Mélenchon en 2017: la justice va mener des « vérifications »

La campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon dans le viseur de la justice: le parquet de Paris a ouvert une enquête pour...
Public Sénat

Par Nathalie ALONSO

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La campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon dans le viseur de la justice: le parquet de Paris a ouvert une enquête pour procéder à des "vérifications" sur les comptes de campagne de celui qui s'affiche en premier opposant d'Emmanuel Macron.

Le parquet a confié en avril aux policiers anti-corruption de l'Oclciff "le soin de procéder à des vérifications sur une éventuelle violation" des règles relatives au financement des campagnes électorales, a expliqué mardi une source judiciaire.

A l'annonce de cette enquête, Jean-Luc Mélenchon a affirmé avoir agi "honnêtement et scrupuleusement". "Je ne comprends pas comment la Commission nationale des comptes de campagne a pu à la fois valider mes comptes et faire un signalement", a réagi le chef de file de la France insoumise (LFI), assurant ne pas être "dupe de l’intention de nuire à (son) honorabilité".

Les investigations ont été lancées à la suite du signalement adressé le 16 mars au parquet par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui est chargée de contrôler les comptes de campagne.

Fin 2017, cette autorité administrative indépendante avait validé les comptes de campagne des 11 prétendants à l'Elysée non sans avoir retranché certaines dépenses notamment pour Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (FN).

Au total, plus de 400.000 euros de dépenses de la campagne LFI avaient été exclus des frais que l'Etat rembourse aux candidats ayant totalisé plus de 5% des suffrages.

La campagne de Jean-Luc Mélenchon n'est pas la seule à avoir fait l'objet d'un signalement à la justice: la CNCCFP avait également saisi le parquet au sujet de dons privés au bénéfice de la campagne d'Emmanuel Macron, mais après analyse, ce signalement n'a pas donné lieu à des suites judiciaires, selon une source proche du dossier.

Depuis, les révélations se sont enchaînées dans la presse au sujet de rabais accordés par des prestataires de services au camp macroniste. Début mai, la commission des comptes avait toutefois indiqué publiquement que ces remises étaient "acceptables" et ne constituaient "pas des participations illicites au financement" de la campagne du futur président.

"Je garantis que je n’ai jamais bénéficié d’aucun rabais à 100% sur une prestation", a d'ailleurs insisté M. Mélenchon mardi, dans une allusion transparente aux révélations sur les tarifs préférentiels dont a bénéficié Emmanuel Macron pour des locations de salle.

- Démission avec fracas d'un rapporteur -

D'après une source proche du dossier, le signalement relatif à la campagne mélenchoniste cite notamment des dépenses facturées par deux associations, L'Ere du peuple et Mediascop, et dont certaines avaient été retoquées par la commission.

L'Ere du peuple a ainsi facturé à la campagne 440.027 euros de dépenses correspondant à des locations de salles, de matériels informatiques et audiovisuels, et à des prestations intellectuelles de quatre de ses salariés, dont trois étaient également membres de l'équipe de campagne, relevait la CNCCFP dans une décision rendue publique le 13 février.

Or, a souligné l'autorité, "l'association +l'Ere du peuple+ relève de la loi sur les associations de 1901 et n'a pas d'activité commerciale déclarée". Ses bureaux étaient par ailleurs "situés à la même adresse que l'association de financement électorale" de M. Mélenchon.

La Commission avait par ailleurs retranché 54.600 euros de dépenses facturées par la société Mediascop, dont 35.250 euros au motif d'"écarts significatifs" entre les montants et "la grille tarifaire de cette entreprise" dirigée par Sophia Chikirou, responsable de la communication du candidat.

A la suite de ses constatations, Jean-Guy de Chalvron, l’un des deux rapporteurs chargés de vérifier les dépenses de M. Mélenchon, avait claqué la porte de la commission, estimant que ses réserves portant sur un montant de 1,5 million d'euros n'avait pas été prises en compte. Selon lui, ces dépenses n'auraient pas dû être remboursées par l'Etat.

Arrivé en quatrième position au premier tour de la présidentielle, M. Mélenchon percevra au total 6,031 millions d'euros de remboursement de l'Etat. Il avait engagé quelque 10,676 millions d'euros de dépenses.

Il fait par ailleurs partie de la vingtaine d'eurodéputés ou ex-élus de tout bord visés par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants au Parlement européen, distincte de celle qui se concentre sur les élus du FN et du MoDem.

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