Confinement à Paris : « Une polémique liée au contexte de la future présidentielle », estime Rémi Féraud

Confinement à Paris : « Une polémique liée au contexte de la future présidentielle », estime Rémi Féraud

La semaine dernière, les propos du premier adjoint à la maire de Paris évoquant un confinement de la capitale pour trois semaines avaient suscité de nombreuses réactions… y compris celle d’Anne Hidalgo. Hier, la maire socialiste a voulu clarifier les choses : elle s’oppose à une telle mesure, et un confinement le week-end est « inhumain » affirme-t-elle. Mais la polémique semble loin d’être éteinte.
Public Sénat

Par Fanny Conquy

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C’est une petite phrase qui fait réagir depuis maintenant cinq jours. Alors que la semaine dernière, en conférence de presse Jean Castex annonce que vingt départements sont classés sous surveillance renforcée, Emmanuel Grégoire, premier adjoint d’Anne Hidalgo évoque l’hypothèse d’un confinement de trois semaines pour la capitale, avec l’objectif de « pouvoir tout rouvrir ensuite ». Une déclaration qui fait l’effet d’une bombe auprès de l’opposition francilienne… Mais également au sein de sa propre équipe.

Dès le lendemain matin, celui que l’on considère comme le dauphin de l’édile de Paris prend à nouveau la parole pour tempérer ses propos mais le mal est fait. L’opposition dénonce l’amateurisme d’une telle proposition, le manque de concertation sur une telle annonce, et un coup de communication orchestré à quelques mois des régionales et à un an de la présidentielle.

 

« Un mode de gouvernance solitaire »

Emmanuel Grégoire présente ses excuses lundi lors d’une visioconférence avec les maires d’arrondissement… mais la polémique est lancée (lire notre article), et le premier adjoint a bien du mal à l’éteindre. Face à l’emballement politique et médiatique, Anne Hidalgo prend la parole hier lors d’une conférence de presse pour mettre les choses au clair : « Nous n’avons pas proposé de confinement strict de trois semaines. » Et l’hypothèse d’un confinement le week-end serait une « proposition difficile, dure, voire même inhumaine ».

La maire de Paris se désolidarise donc totalement des propos tenus par son premier adjoint et son équipe de communication souligne la responsabilité d’Emmanuel Grégoire. Une stratégie difficilement crédible pour Julien Bargeton, sénateur LREM de Paris, qui fut membre de l’équipe de la maire de Paris avant de rejoindre le parti présidentiel : « Je ne veux pas croire que le premier adjoint fasse une telle annonce sans en référer à Anne Hidalgo. Cela devait être calé avec la maire. Mais à présent elle charge Emmanuel Grégoire pour se dédouaner. C’est un manque d’élégance. Et cela montre son mode de gouvernance : solitaire. »

Le sénateur socialiste de Paris Rémi Féraud estime, lui, qu’il s’agit d’une simple erreur de communication. « Jeudi soir, il s’agissait plutôt d’une réflexion à haute voix de la part d’Emmanuel Grégoire. Cela a été surinterprété. Certes cela a surpris les élus parisiens de gauche, mais dès le vendredi matin les choses ont été clarifiées. Pour les élus, la polémique était terminée ! »

 

Le contexte de la présidentielle

Pour expliquer cet épisode, et l’ampleur de la polémique, tous s’accordent sur un point : le rôle du contexte électoral, avec les régionales dans quelques mois, et surtout la présidentielle l’année prochaine.

Pour Julien Bargeton, ces annonces d’Emmanuel Grégoire qui manquaient de fond et de précision juste après la conférence de presse du Premier ministre, c’était un moyen pour l’équipe de Paris d’attaquer le gouvernement. Le sénateur LREM souligne : « Il s’agit d’une faute professionnelle et politique liée à la fébrilité d’une candidature. Lorsque l’on utilise des grosses ficelles de la politique politicienne, cela se voit et cela revient en boomerang. » Pour Julien Bargeton, « on voit que la maire de Paris a abandonné les Parisiens et les sujets qui les concernent… Anne Hidalgo a désormais pour seul objectif d’attaquer le Président de la République, en vue de la présidentielle ».

A l’inverse, du côté de la gauche, on voit justement à travers cette polémique qui dure, une stratégie politique de la part des opposants politiques d’Anne Hidalgo. Pour Rémi Féraud, « les propos d’Emmanuel Grégoire étaient prononcés jeudi soir et dès le lendemain matin cela a été rectifié. Cela aura dû s’arrêter là. Si la polémique continue, cela n’est pas lié à la crise du Covid, c’est lié à la présidentielle. On comprend que désormais, dans le cadre de la prochaine présidentielle, le moindre faux pas sera utilisé à des fins politiques avec une grande détermination de la part des opposants à la maire de Paris ».

 

Un travail en concertation

Lors de sa conférence de presse ce lundi, Anne Hidalgo a donc clairement affiché son opposition au confinement de la capitale. Pour le sénateur LREM Julien Bargeton, « la maire a dû faire volte-face. Elle a même parlé d’une mesure inhumaine sur le confinement le week-end : c’est un mot très fort ! C’est une vraie cacophonie de la part de l’équipe de Paris. Cela manque de clarté et surtout de concertation avec les autres élus. Cela aura des conséquences. »

Mais pour Rémi Féraud, au contraire, il faut surtout retenir que cette prise de parole d’Anne Hidalgo lundi matin a eu lieu après des échanges avec les autres élus de Paris, les présidents de groupe, l’Agence régionale de santé et la préfecture de police. « Il y a eu concertation, et c’est cette conférence de presse, et la position de la maire de Paris qu’il faut retenir. Pas la polémique politicienne qui monte. Anne Hidalgo a toujours été très sérieuse et rigoureuse dans la gestion de la crise sanitaire ».

Parmi les mesures évoquées par la maire de Paris pour limiter la propagation du virus : l’ouverture des espaces verts jusqu’à 18 heures, des dépistages salivaires renforcés dans les établissements scolaires ainsi que des cours en extérieurs. Anne Hidalgo a enfin insisté sur la nécessaire accélération du rythme des vaccinations.

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