Confinement : les sénateurs au secours du petit commerce

Confinement : les sénateurs au secours du petit commerce

Alors que le confinement commence, les sénateurs veulent permettre aux préfets de rouvrir localement les petits commerces, si la situation sanitaire le permet. Ils ne comprennent pas que « les cordonniers, libraires et fleuristes » doivent fermer, « alors qu’en parallèle, les grandes surfaces continuent à vendre des livres et des fleurs ».
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C’est le genre de débat typiquement sénatorial. Territoire, ruralité, petits commerces, liberté... Le sujet coche toutes les cases. Alors que le reconfinement débute pour au moins un mois dans tout le pays, les sénateurs examinent dans la nuit de jeudi à vendredi le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire, cadre législatif indispensable pour confiner dans la durée les Français. Les sénateurs veulent limiter la portée du texte, qui restreint fortement nos libertés pour lutter contre l’épidémie (lire ici).

« Les grandes surfaces continuent à vendre des livres, des fleurs » s'indigne Philippe Mouiller

Au cours de la séance, ce jeudi soir, les sénateurs ont adopté à l’unanimité, de la droite jusqu’aux communistes, un amendement du rapporteur LR, Philippe Bas, qui donne aux préfets le pouvoir de « permettre la réouverture des commerces, si les conditions sanitaires sont réunies ». Le confinement leur impose une fermeture difficile économiquement. Avis défavorable de Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre de la Santé, Olivier Véran. « Il appartiendra à un décret du premier ministre de le prévoir » répond la ministre, alors qu’Emmanuel Macron a expliqué qu’un point sera fait sur les mesures au bout de 15 jours.

Sur tous les bancs, les sénateurs se sont alors relayés, un à un, pour se faire les défenseurs du petit commerce. « Des questions se posent pour nos commerçants partout dans les territoires. Je pense aux cordonniers, aux libraires, aux fleuristes, (…) alors qu’en parallèle, les grandes surfaces continuent à vendre des livres, des fleurs » s’est indigné Philippe Mouiller, sénateur LR des Deux-Sèvres (voir la première vidéo). Il dénonce une « distorsion de concurrence ». Il ajoute :

Sur ce sujet-là, vous êtes regardés de très près. L’enjeu se chiffre à plusieurs milliers d’emplois.

« Permettons aux Français de respirer, aux commerçants de survivre »

La socialiste Marie-Pierre de la Gontrie vient en renfort : « Les préfets sont les mieux placés pour dire si dans telle ou telle zone du territoire, des assouplissements peuvent être décidés » souligne la sénatrice PS de Paris, « permettons aux Français de respirer, aux commerçants de survivre ».

La communiste Céline Brulin prend à son tour la parole. Pour la sénatrice de Seine-Maritime, l’amendement va dans le bon sens. « Je ne vois pas comment on peut comprendre que des grandes surfaces pourront être ouvertes, quitte à rassembler beaucoup de monde, sans toujours avoir la possibilité de respecter la distanciation physique » souligne la sénatrice PCF (voir la vidéo ci-dessous), avant de lancer :

Il me semble que la famille Mulliez, le groupe Auchan, qui a été généreusement aidé, vont pouvoir bon an mal an s’en sortir. Mais les commerces locaux vont avoir beaucoup de difficultés. Amener de la justice sociale pour que les plus petits puissent continuer de vivre, c’est déterminant.

Confinement : la sénatrice PCF Céline Brulin veut un dispositif pour défendre le petit commerce
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« Chaque libraire qui ferme, ce sont des centaines de livres qui s’achètent chez Amazon »

« Chaque libraire qui ferme, ce sont des centaines de livres qui s’achètent chez Amazon » alerte également Jean-Yves Leconte, sénateur PS des Français établis hors de France.

« Dans les petits commerces, les conditions sanitaires sont respectées » insiste Pascale Gruny, sénatrice LR de l’Aisne. « Les centres-villes en France souffrent de quoi aujourd’hui ? Des grandes surfaces » ajoute Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône.

« Bon sens paysan »

Philippe Folliot, sénateur centriste du Tarn, appelle pour sa part la ministre au « "lo biaïs", ça veut dire le bon sens paysan, dans le sud-ouest ». « J’ai du mal à imaginer que cette position de sagesse et de bon sens ancrée dans la terre, puisse poser un problème » ajoute Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône.

Face à ces tirs groupés et croisés, la ministre tente de répondre. « Nous avons décidé un fonds de solidarité. En un mois, nous allons dépenser plus que la totalité du premier confinement » rétorque Brigitte Bourguignon, qui souligne être élue « depuis plus de huit ans dans une circonscription extrêmement rurale. Donc je connais parfaitement le problème des commerçants, pour lesquels je compatis autant que vous ». « Je ne suis pas hors sol » lance-t-elle, comme un cri du cœur. La ministre n’a pour autant pas varié. L’amendement a été adopté contre l’avis du gouvernement, qui pourra s’appuyer sur les députés pour le supprimer, lors du retour du texte à l’Assemblée.

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