La réunion du Congrès est toujours un moment à part dans la vie du Parlement. La dernière fois, François Hollande s’était adressé aux 577 députés et 348 sénateurs juste après les attentats de Paris, en novembre 2016. Moment solennel d’unité nationale. Aujourd’hui, l’état d’esprit pour ce Congrès, le premier de l’ère Macron, est tout autre. Il est beaucoup plus politique.
Emmanuel Macron a décidé de réunir la représentation nationale pour parler aux Français, comme la Constitution lui permet depuis 2008. Une sorte de discours de l’Union, tel qu’il existe aux États-Unis. Le Président grille ainsi la politesse à son premier ministre, Edouard Philippe, qui tient son discours de politique général demain. Une décision qui affaiblit le locataire de Matignon. Le prix d’une présidence jupitérienne.
Les parlementaires communistes et de France insoumise boycottent
Les parlementaires communistes et de France insoumise boycottent le rendez-vous. Autre preuve que le contexte n’est plus du tout le même. Les premiers vont manifester non loin du Château. Les seconds à Paris, place de la République. Même à droite, le Congrès fait débat. Les UDI Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier ne viennent pas.
À 13 heures, le chef de l’État devait déjeuner avec François de Rugy et Gérard Larcher, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les bureaux des assemblées. Après le discours d’Emmanuel Macron, d’environ une heure, chaque président de groupe prendra la parole pour 10 min. Christian Jacob, patron des députés LR, a laissé la place à Virginie Duby-Muller. Sinon, il n’y aurait pu eu une seule femme à la tribune… Voici l’ordre de passage :
Un Congrès, c’est aussi une organisation. C’est à l’Assemblée nationale que revient cette tâche. En raison de la menace d’attentats, le niveau de sécurité est évidemment élevé. Les rues sont bouclées autour du Château de Versailles.
À l’entrée de l’aile du Midi, où se trouve la grande salle de séance, les statues de Montesquieu et de Montaigne accueillent les journalistes, préalablement passés par les portiques de sécurité. On prend un vieil escalier qui craque. Quatre étages plus haut, la salle de presse qui accueille les médias. Trace de dégâts des eaux au plafond, vieux téléphones jaunis… Elle n’est plus toute jeune. C’est en réalité une bibliothèque à l’origine.
Juste derrière, l’hémicycle est encore vide. Seuls les huissiers sont là et révisent le placement des députés et sénateurs, qui se fait par ordre alphabétique. De quoi donner des placements étonnants.
Un peu plus loin, un couloir vide et lugubre mène à quelques salles, tout aussi vides et dans le même état de fraîcheur que la salle de presse. Sur un mur une affiche traîne. Sûrement le vestige des bureaux occupés autrefois. On y lit une « devise Shadok » : « Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas ». Un conseil pour les parlementaires ? Ou Emmanuel Macron ?