Conseillers politiques : ceux qui murmurent aux oreilles des puissants
Deux essais qui paraissent en ce mois d’avril donnent à découvrir les coulisses du pouvoir politique en narrant le rôle des conseillers politiques. Pour en discuter, Guillaume Erner reçoit dans Livres & vous sur Public Sénat, Gilles Boyer, coauteur avec Edouard Philippe de « Impressions et lignes claires » et Olivier Faye, auteur d’une biographie sur Marie-France Garaud, conseillère de Georges Pompidou et de Jacques Chirac.

Conseillers politiques : ceux qui murmurent aux oreilles des puissants

Deux essais qui paraissent en ce mois d’avril donnent à découvrir les coulisses du pouvoir politique en narrant le rôle des conseillers politiques. Pour en discuter, Guillaume Erner reçoit dans Livres & vous sur Public Sénat, Gilles Boyer, coauteur avec Edouard Philippe de « Impressions et lignes claires » et Olivier Faye, auteur d’une biographie sur Marie-France Garaud, conseillère de Georges Pompidou et de Jacques Chirac.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le pouvoir politique est toujours incarné par des hommes ou des femmes décidant seuls. Autour d’eux gravitent toujours des personnes moins connues qui les accompagnent dans la conduite de leur politique : Marie-France Garaud était l’une d’elles.
Dans la biographie qu’il lui consacre, Olivier Faye raconte comment cette femme a participé au lancement de la carrière politique de Jacques Chirac. « C’est le prototype du conseiller de l’ombre, une figure assez iconique des années 1970 qui a participé, avec son alter ego, Pierre Juillet à la naissance de Chirac. Ils l’ont repéré alors qu’il était lui aussi conseiller à Matignon, l’ont dirigé pendant des années et ont fait de lui un ministre, un Premier ministre, puis un Maire de Paris jusqu’à ce qu’il fonde le RPR », raconte le journaliste du Monde.

En 1973, le magazine Newsweek ira même jusqu’à qualifier Marie-France Garaud « femme la plus puissante de France ». Elle était à l’époque conseillère de Georges Pompidou à l’Elysée.

« Il y a une différence entre un conseiller qui est là pour servir les intérêts de son patron et un idéologue qui est là pour promouvoir ses propres idées »

Gilles Boyer fait aussi partie de ces personnages qui murmurent à l’oreille des politiques. S’il avoue être fasciné par le personnage de Marie-France Garaud, il n’en fait pas un modèle pour autant. « Elle avait un ascendant certain sur Jacques Chirac et je ne suis pas certain que cela soit très sain qu’un conseiller nommé, prenne l’ascendant ou prenne possession de toute ou partie du cerveau de son patron, ce n’est pas comme cela que je conçois ce métier-là. »
Il précise : « Il y a une différence entre un conseiller qui est là pour servir les intérêts de son patron et un idéologue qui est là pour promouvoir ses propres idées à travers lui. D’après ce que j’en sais Marie-France Garraud était toujours un petit peu à la frontière. »

En effet, Olivier Faye rappelle l’épisode qui a mis fin à la collaboration entre le futur Président de la République et la conseillère, l’appel de Cochin : « En 1978, juste avant les élections, Jacques Chirac est victime d’un accident de voiture, puis cloué sur un lit d’hôpital. Marie-France Garaud et Pierre Juillet lui font alors signer un texte au ton très nationaliste qui fait un tollé monumental. A ce moment-là, on voit bien que Garaud et Juillet ont été emportés par la toute-puissance qu’ils avaient sur Chirac. Leur agenda très cocardier, nationaliste, souverainiste a été mis à jour ce jour-là et Chirac a décidé de se séparer d’eux parce que ça ne tenait plus avec les troupes du RPR, il fallait qu’il s’en débarrasse parce que derrière il s’en est suivi une défaite cuisante aux Européennes ».

« Chaque personnalité politique attend de ses conseillers des choses différentes »

S’appuyant sur son expérience de conseiller auprès d’Alain Juppé puis d’Édouard Philippe lorsqu’il était Premier ministre, Gilles Boyer déclare que « chaque personnalité politique attend de ses conseillers des choses différentes. Il n’y a pas de profil de poste qui serait déclinable auprès de toutes les personnalités politiques ».
Selon lui, le conseiller peut avoir des idées, mais ne peut pas véritablement les imposer, « un conseiller ne prend pas de décisions, ça nous rappelle à la limite que j’essayais de tracer tout à l’heure. Moi à Matignon, je n’ai pris aucune décision, il m’est arrivé d’en recommander : certaines ont été suivies, d’autres pas ».
--
Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.


« La conseillère » d’Olivier Faye - Ed. Fayard
« Impressions et lignes claires » d 'Edouard Philippe et Gilles Boyer, Ed. JC Lattès

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Conseillers politiques : ceux qui murmurent aux oreilles des puissants
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Conseillers politiques : ceux qui murmurent aux oreilles des puissants
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le