Constitution: l’Assemblée rejette l’inscription d’une “charte du numérique” après un vif débat

Constitution: l’Assemblée rejette l’inscription d’une “charte du numérique” après un vif débat

L'Assemblée nationale a rejeté mercredi au terme d'un vif débat l'inscription dans la Constitution d'une "Charte du numérique",...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

L'Assemblée nationale a rejeté mercredi au terme d'un vif débat l'inscription dans la Constitution d'une "Charte du numérique", souhaitée par des parlementaires de tous bords mais critiquée par gouvernement et rapporteurs qui ont estimé le travail "inabouti".

Cette charte, rédigée par un groupe de travail transpartisan Assemblée-Sénat, liste droits et libertés à l'ère du numérique. Elle comprend sept articles stipulant notamment que "la loi garantit à toute personne un droit d'accès aux réseaux numériques libre, égal et sans discrimination", et que les réseaux numériques "respectent le principe de neutralité qui implique un trafic libre et l'égalité de traitement".

La mention de la Charte dans le préambule de la Constitution, comme la Charte de l'environnement de 2004, "marquerait la proclamation de principes particulièrement nécessaires à notre temps", a plaidé Paula Forteza (LREM).

La proposition des rapporteurs d'ajouter plutôt la protection des données à l'article 34 de la Constitution qui fixe le domaine de la loi "n'est pas suffisante", a jugé Mme Forteza, avertissant que "si nous ne consacrons pas la neutralité du net, elle pourrait être remise en cause".

Bastien Lachaud (LFI) a jugé que cette charte permettrait de défendre "le respect de la vie privée, la souveraineté numérique, le droit à l'oubli".

"Les droits de citoyens ne sont pas garantis dans le cyberespace", a renchéri l'ex-PS Delphine Batho.

Mais la ministre de la Justice Nicole Belloubet a donné un avis défavorable, estimant que "créer de tels principes sans en mesurer la portée, c'est donner un pouvoir d'appréciation aux juges et aux experts".

"Il me semble nécessaire de poursuivre la réflexion", a complété le rapporteur général Richard Ferrand (LREM).

"Attention à l'obsolescence programmée des chartes. Dans la Charte sur l'environnement en 2004, il n'y a pas la lutte contre le changement climatique", a aussi mis en garde le co-rapporteur Marc Fesneau (Modem).

Pour le porte-parole LREM Sacha Houlié, "c'est la souveraineté européenne qui nous permettra de réguler le numérique, comme avec le règlement européen de protection des données ou la fiscalité des GAFA".

Le rejet des amendements est "un camouflet inélégant pour l'ensemble des parlementaires qui se sont investis", a réagi le communiste Sébastien Jumel.

LR s'est abstenu, tout en regrettant que "le gouvernement ne se soit pas emparé de cette question", selon Sébastien Huyghe.

La charte était aussi soutenue par l'Internet society qui avait lancé une pétition "pour la consécration constitutionnelle des droits fondamentaux des utilisateurs du numérique".

Dans la même thématique

PARIS: MEDEF, Audition des principales tetes de liste aux prochaines elections europeennes
7min

Politique

Sondages sur les européennes : Bardella caracole en tête, Glucksmann talonne Hayer

A un peu plus d’un mois des élections européennes, le dernier sondage réalisé par l’institut Harris-Interactive et Toluna pour M6, Challenges et RTL, confirme les tendances de ces dernières semaines. Loin devant, la liste du Rassemblement National (31%) écrase la concurrence, plus du double devant la majorité présidentielle (15%), qui voit son avance sur la liste socialiste (14%), fondre comme neige au soleil.

Le

Au sein de la droite sénatoriale, de plus en plus de sénateurs tentés par le parti Horizons
8min

Politique

Au sein de la droite sénatoriale, de plus en plus de sénateurs tentés par le parti Horizons

Le président de la commission de l’aménagement du territoire, Jean-François Longeot, rejoint Horizons, tout en restant dans son groupe de l’Union centriste. Pour les membres du parti d’Edouard Philippe, il ne fait aucun doute que d’autres l’imiteront après les européennes. Des membres du groupe LR confirment que certains collègues « se posent des questions ».

Le

Constitution: l’Assemblée rejette l’inscription d’une “charte du numérique” après un vif débat
6min

Politique

Européennes 2024 : quelles sont les principales mesures du programme de Valérie Hayer ?

Valérie Hayer présentait, ce lundi, 48 propositions de son programme pour que « l’Europe ne meure pas ». Parmi les mesures mises en évidence, un « Plan Europe 2030 », destiné à compléter le Pacte vert, un investissement 100 milliards pour le réarmement de l’UE, l’inscription du droit à l’IVG dans la Charte des droits fondamentaux ou encore une hausse des moyens de Frontex.

Le