Contrôle continu : « Le coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac »

Contrôle continu : « Le coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac »

Épreuves validées par le contrôle continu, non prise en compte des notes reçus en période de confinement, fin de l’année scolaire le 4 juillet… Jean-Michel Blanquer a détaillé les modalités des examens pour les 2,1 millions d’élèves candidats au baccalauréat et au brevet. Au Sénat, la commission de la Culture auditionnera le ministre la semaine prochaine.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

« Je ne suis pas surprise. Depuis 15 jours, nous sommes en contact avec le ministre de l’Éducation nationale. Dès le début, Jean-Michel Blanquer nous a dit qu’il travaillait à un deuxième scénario en cas d’impossibilité de maintenir les épreuves du bac et du brevet » rapporte Catherine Morin-Desailly, présidente centriste de la commission de la Culture et de l’Éducation du Sénat.

« L’ensemble des bacs sera validé en contrôle continu »

C’était attendu, Jean-Michel Blanquer l’avait d’ailleurs esquissé sur notre antenne le 25 mars dernier, les élèves ne passeront pas les épreuves du baccalauréat et du brevet cette année. « Face à une situation incertaine, nous avons écarté une solution mixte, avec une ou deux épreuves en plus du contrôle continu car on ne peut garantir de façon absolue la tenue des épreuves (…) « L’ensemble des bacs sera validé en contrôle continu » a annoncé, ce vendredi, lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Éducation nationale.

Cette année 2020 devait être celle du démarrage de la réforme du baccalauréat, avec une plus grande prise en compte du contrôle continu, elle sera finalement celle du tout contrôle continu pour cause de coronavirus. « Oui on peut dire que le Coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac » note Catherine Morin-Desailly. En janvier, les épreuves communes de contrôle continu (E3C) du bac nouvelle formule, pour les élèves de première, avaient suscité une levée de boucliers de plusieurs organisations syndicales qui dénonçaient du stress, une surcharge de travail et un manque d’équité entre les élèves. De l’histoire ancienne désormais.

Les notes obtenues pendant la période de confinement « ne compteront pas »

Pour le baccalauréat comme pour le brevet, les notes obtenues pendant la période de confinement « ne compteront pas ». L’obtention finale des deux examens sera suspendue aux notes les deux premiers trimestres et du troisième, si la reprise des cours a lieu le 4 mai, ce qui reste à ce stade « une hypothèse ». D’ores et déjà, la fin de l’année scolaire est reportée au 4 juillet, de manière à rattraper le retard accumulé au mois de juin. À noter également pour l’épreuve du baccalauréat que les mentions seront préservées et un jury examinera les livrets scolaires pour « garantir l'équité entre les candidats et pour tenir compte des différences de notation entre les établissements ». « L'assiduité des candidats, c'est un point sur lequel je veux insister tout particulièrement. Le fait de rester jusqu'au 4 juillet est une condition sine qua non pour obtenir le diplôme » a prévenu le ministre.

Enfin, pour les élèves de première, l’écrit de français sera « la moyenne des notes obtenues par l’élève tout au long de l’année dans cette discipline ». L’oral de français est maintenu entre fin juin et début juillet sauf si les conditions sanitaires ne le permettent pas. L’épreuve est néanmoins allégée : « 15 textes pour les filières générales, 12 pour les filières technologiques ».

« Le jury est une façon de remettre de l’humain »

« Il faut bien se dire que la mise en place des épreuves écrites était compliquée. En plus, le retour à la normale sera sûrement différent pour chaque territoire. Jean-Michel Blanquer a proposé un projet solide par rapport aux conditions dans lesquelles nous nous trouvons. Le jury est une façon de remettre de l’humain et de regarder au cas par cas, les élèves qui auraient été lésés par la période de confinement » reconnaît Jacques-Bernard Magner, vice-président socialiste de la commission de la Culture et Éducation du Sénat.

« Je n’ai rien entendu sur les élèves qui ne passent pas d’épreuves cette année. La rentrée de septembre doit être décalée à octobre afin de trouver les moyens de remettre à niveau tous les élèves qui n’auront pas eu de conditions pédagogiques satisfaisantes pendant le confinement » demande le vice-président communiste de la commission, Pierre Ouzoulias.

« Nous voulons en savoir plus les modalités permettant de garantir l’équité entre les candidats »

Jean-Michel Blanquer sera de toute façon auditionné au Sénat jeudi à 11H. « Nous voulons en savoir plus les modalités permettant de garantir l’équité entre les candidats. Nous savons que des établissements notent plus ou moins sévèrement. Il faudra aussi prendre en compte la situation des élèves, la couverture numérique et les équipements dont ils ont pu bénéficier » indique Catherine Morin Desailly.

Frédérique Vidal auditionnée lundi au Sénat sur Parcoursup

La commission de l’Éducation auditionnera également lundi à 11H30, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, au sujet de l’articulation de ces nouvelles modalités d’examen et la prise en compte de la période de confinement avec Parcoursup. Un sujet qui tient à cœur Pierre Ouzoulias.

Hasard du calendrier, c’est ce vendredi que le Conseil Constitutionnel a rendu sa décision sur les critères de sélection des formations de l’enseignement supérieur (la transparence des algorithmes locaux), suite à une question prioritaire de constitutionnalité déposée par l’Unef, (l’Union nationale des étudiants de France). « Une fois leur décision prise, les établissements auront désormais l’obligation de communiquer aux candidats qui le demandent, les modalités de traitement de leur candidature. Ça fait deux ans et demi que je demande à la ministre la publication des algorithmes locaux » s’est félicité le sénateur des Hauts-de-Seine avant d’ajouter : « Avec le bac en contrôle continu, ça prend encore plus d’importance car certaines universités ont un système qui pondère les notes des élèves en fonction du rang du lycée ».

Dans la même thématique

Contrôle continu : « Le coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac »
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le

Contrôle continu : « Le coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac »
8min

Politique

Budget : « 2024 est une année noire pour les finances publiques », alerte Pierre Moscovici

Auditionné par le Sénat, le président du Haut conseil des finances publiques affirme que les hausses d’impôts prévues dans le budget 2025 ne sont pas de 20 milliards d’euros, comme le dit gouvernement, mais « de 30 milliards d’euros ». Un effort indispensable, insiste Pierre Moscovici : « Le poids de la dette permet-il encore d’agir ? Non. Quand vous avez ce niveau de dette, walou ! »

Le

Contrôle continu : « Le coronavirus a accéléré la mise en œuvre de la réforme du bac »
4min

Politique

Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal

Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.

Le