Coronavirus : Bruno Le Maire entend apporter une réponse aux entreprises « aussi massive » que l’épidémie

Coronavirus : Bruno Le Maire entend apporter une réponse aux entreprises « aussi massive » que l’épidémie

Report des charges sociales, dégrèvements d'impôts, renforcement du dispositif du chômage partiel, principe de solidarité nationale… Bruno Le Maire entend apporter une réponse « aussi massive » que l’épidémie de coronavirus aux entreprises les plus durement touchées.
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« L'épidémie de coronavirus aura un impact sévère sur l'économie française qui se chiffrera en plusieurs dixièmes de points de PIB durant l'année 2020 » a affirmé Bruno Le Maire, ce lundi, lors d’une conférence de presse. Le ministre de l’Économie a, par ailleurs confié, qu’il « n’envisageait pas d’amélioration dans les semaines qui viennent ». Les 1,3% de croissance initialement prévus par le gouvernement en 2020 sont désormais de l’histoire ancienne. « Tout le monde sait faire des soustractions. Il est probable que nous soyons en dessous des 1% de croissance » a-t-il confirmé.

« Des annulations en cascade »

S’il y a 15 jours, le ministre avait évalué l’impact du Covid-19 à un peu plus de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB), ses prévisions ont été revues à la hausse au fur et à mesure des remontées des secteurs durement touchés. « 0 à 40% en moyenne dans l'hôtellerie, de 25% pour les restaurateurs, de 60% pour les traiteurs et des baisses « très importantes » dans l'événementiel, touché par « des annulations en cascade » a énuméré Bruno Le Maire à l’issue d’une réunion avec une délégation d’acteurs économiques.

« Même des évènements de 50 personnes sont annulés par des entreprises »

Bertrand Biard, président de l’association Lévenement, qui représente le secteur de l’événementiel d’entreprise, déplore des « annulations progressives mais totales ». « Aujourd’hui, on constate que même des évènements de 50 ou 100 personnes sont annulés par des entreprises qui veulent appliquer le principe de précaution » (…) L’évènementiel d’entreprise, c’est 335 000 emplois en France. C’est 30 milliards d’euros de retombées directes sur nos métiers et sur les territoires. C’est 1 000 événements par jour qui sont tous à l’arrêt jusqu’à au moins fin juin » rapporte-il.

Même constat pour les entreprises organisatrices de transports. « Les marchandises ne sont plus fabriquées. Il y a des mesures de quarantaine dans les ports en Chine depuis deux mois, donc les navires ne font pas escale (…) On a aussi de gros problèmes sur l’aérien avec des annulations massives pour les passagers. Il faut savoir que le cargo vole souvent avec les passagers ce qui entraîne une diminution massive du fret aérien (…) Avec l’Italie bloquée, nous allons aussi ressentir les premières répercussions économiques pour le transport routier » résume France Beury, déléguée aux affaires européennes et internationales chez TLF Overseas.

Une réponse massive apportée aux entreprises

Face à la diminution voire l’arrêt brutal de l’activité de nombreux secteurs, Bruno Le Maire entend apporter « une réponse tout aussi massive ». « Toutes les entreprises confrontées à des difficultés pourront demander le report des charges sociales par mail » ou « par un coup de téléphone ». « S’agissant des charges fiscales, on va aussi simplifier drastiquement la procédure ». En parallèle, « des dégrèvements d'impôts directs pourront être décidés « au cas par cas » pour les entreprises « menacées de disparition », a-t-il annoncé.

Le ministre de l’Économie a indiqué avoir « mobilisé la BPI (Banque publique d'investissement, NDLR) pour apporter des réponses de trésorerie aux entreprises de taille intermédiaire (et pas seulement les PME) qui en auraient besoin avec une garantie de prêt porté de 40 à 70%.

Application principe de « cas de force majeur » dans l’exécution de l’ensemble des marchés publics

« La solidarité nationale doit jouer à tous les niveaux » a également martelé le ministre de l’Économie. Pour ce faire, Bruno le Maire a demandé au président des départements de France, Dominique Bussereau, et au président de l’Association des maires de France, François Baroin, de faire appliquer le principe de « cas de force majeur » dans l’exécution de l’ensemble des marchés publics comme l’État et les régions le font déjà.

Renforcement du dispositif de chômage partiel

Aux côtés de Bruno Le Maire, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a, quant à elle détaillé le renforcement du dispositif de chômage partiel, destiné à maintenir l'emploi dans les entreprises confrontées à des baisses d'activité. L’État va ainsi porter de 7,74 euros à 8,04 euros, soit le niveau du Smic, l'indemnité horaire compensatrice versée aux employeurs ayant recours à ce dispositif. « L'accompagnement des entreprises et des salariés touchés par la crise prime sur l'aspect budgétaire » a-t-elle estimé.

Près de 900 entreprises touchées par la propagation du coronavirus ont demandé à bénéficier de mesures de chômage partiel, pour environ 15.000 salariés.

« Un moment de vérité pour l’Union européenne »

Des mesures qui pèseront forcément sur les finances publiques et l’objectif de réduction des déficits imposé par le pacte de stabilité. « L’objectif n’est pas de respecter au dixième de point près le pacte de stabilité. Il est que l’économie se remette à tourner à plein dans l’ensemble des pays européens. Le plus vite possible » a répondu Bruno Le Maire évoquant « un moment de vérité pour l’Union européenne ».

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